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Actualités - CHRONOLOGIE

MUSIQUE Entendra-t-on encore des artistes allemands chanter ? (PHOTO)

Les artistes allemands sont-ils menacés de disparaître des bacs des disquaires? La crise de l’industrie du disque, dont les ventes ne cessent de chuter, met en danger la création musicale en Allemagne au moment où le piratage numérique ne cesse de progresser. Alors que la Commission européenne doit donner aujourd’hui, mardi, son feu vert à la fusion entre les maisons de disques BMG, filiale du géant allemand des médias Bertelsmann, et Sony Music, la première vient de décider de résilier les contrats de 60% de ses artistes allemands. Ces derniers mois, elle a déjà renvoyé 20 artistes parmi lesquels la star nationale de la musique populaire, Udo Lindenberg. Un coup dur porté à la création mais justifié à ses yeux par la situation désastreuse de la musique outre-Rhin, qui touche aussi bien les «majors» que les indépendants. « L’an dernier, 85% des nouveaux albums de nos artistes nationaux se sont vendus à moins de 25000 exemplaires», explique Maarten Steinkamp, président de BMG International et des filiales allemande, suisse et autrichienne. Depuis 2001, le chiffre d’affaires des quelque 500 éditeurs allemands de musique s’est effondré d’entre 40% à 60%. Les grands labels sont parvenus tant bien que mal à maintenir le cap grâce notamment aux succès des compilations ou de chansons tirées d’émissions télévisées à succès comme Deutschland sucht den Superstar, l’équivalent allemand de la Star Academy. Troisième marché mondial de la musique après les États-Unis et le Japon, l’Allemagne souffre de l’omniprésence des artistes anglo-saxons et les stars locales qui chantent en allemand sont difficilement exportables. Depuis 1984 et l’incroyable succès de Nena et de son 99 Luftballons – 600000 exemplaires vendus aux États-Unis – quel artiste chantant dans sa langue maternelle peut-il se targuer d’un succès international ? Pourtant la musique allemande ne se porte pas si mal, à en croire la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) en Allemagne. En 2003, parmi les meilleures ventes d’albums de l’année, 29,5% étaient des artistes allemands. La proportion grimpe même à 54,7% pour les ventes de singles. L’Allemagne possède aussi ses stars, tels Yvonne Catterfeld, Xavier Naïdoo ou encore Herbert Groenemeyer et ses 10 millions de CDs vendus. Plusieurs groupes issus des milieux «underground» ont également réussi à percer, tels Wir sind Helden ou Zweiraumwohnung, et Berlin reste la capitale incontestée de la techno en Europe avec son lot de DJ et de formations en tout genre. «On écoute de plus en plus de musique mais on en achète de moins en moins», diagnostique Gerd Gebhardt, président de la Fédération de l’industrie phonographique. «Les copies gratuites de CDs et les offres Internet illégales sont nos plus grands rivaux», ajoute-t-il. L’Allemagne n’échappe pas en effet au fléau qui frappe l’ensemble de l’industrie musicale: le piratage des CDs. Début juin s’est tenu le premier procès d’un «pirate» en Allemagne. L’internaute de 23 ans a été condamné à une amende et à verser des dommages-intérêts pour avoir proposé des milliers de titres sur la bourse d’échange en ligne KaZaa. Six mille fichiers MP3 et plus d’un millier de titres copiés sur une centaine de CDs avaient été saisis au domicile du jeune homme. Face à cette crise sans précédent, certaines maisons de disques ont décidé de réagir en cassant les prix. BMG va ainsi lancer des CDs à 9,99 euros. Version bon marché des disques traditionnels, ils ne comporteront pas de pochette, les titres des chansons étant directement inscrits sur le CD.

Les artistes allemands sont-ils menacés de disparaître des bacs des disquaires? La crise de l’industrie du disque, dont les ventes ne cessent de chuter, met en danger la création musicale en Allemagne au moment où le piratage numérique ne cesse de progresser.
Alors que la Commission européenne doit donner aujourd’hui, mardi, son feu vert à la fusion entre les maisons de disques...