L’Opep devrait examiner à la hausse le « juste prix » de son pétrole en septembre, non pour stabiliser le marché comme elle l’affirme mais pour tenter de justifier a posteriori le cours le plus élevé possible pour son brut, ont estimé hier des analystes. « Un ajustement de l’actuelle fourchette des prix sera à l’ordre du jour de la prochaine réunion ministérielle » fixée au 15 septembre, a dit à Vienne une source proche de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), au lendemain de l’annulation par le cartel d’une réunion fixée au 21 juillet dans la capitale autrichienne. «Des propositions concrètes seront ensuite faites par nos experts lors d’une réunion de la commission stratégique en octobre en Arabie saoudite. Une décision devrait être prise à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine», a ajouté cette source sous le couvert de l’anonymat. L’Opep peut réduire sa production de 500000 barils par jour si les cours de son « panier » composé de sept bruts mondiaux de référence sont inférieurs à 22 dollars le baril pendant dix jours ouvrés consécutifs. Elle peut l’augmenter d’autant si les prix sont supérieurs à 28 dollars pendant 20 jours. « Cette fourchette est dépassée depuis des mois », constate Francis Perrin, de la revue française Pétrole et gaz arabes. « S’accrocher à la ligne Maginot des 22-28 dollars n’a plus de sens. Si l’Opep veut conserver sa crédibilité sur les marchés, elle va devoir renoncer à son discours, aujourd’hui incantatoire, sur la validité de la fourchette actuelle et faire face à la réalité » des prix, ajoute-t-il. « L’Opep est décidée à défendre le prix le plus élevé possible pour son brut », estime Pierre Noël, de l’Institut français des relations internationales. « Cela passe par un ajustement à la hausse de sa fourchette devant permettre une rationalisation a posteriori de la notion de “juste prix” », poursuit-il. « En septembre à Vienne, l’Opep va examiner la pertinence d’une fourchette comprise entre 28 et 36 dollars, proche de la réalité du marché », croit savoir Deborah White, de la banque française Société générale. « Elle va ensuite essayer de la “vendre” aux pays consommateurs à la veille de l’hiver, lorsque la demande sera au plus haut », ajoute-t-elle. Si pour M. Noël, « il est très improbable que l’Opep laisse le pétrole revenir à un prix concurrentiel », M. Perrin constate que le cartel « ne maîtrise pas tous les facteurs contribuant à la hausse des prix, à commencer par la situation en Irak ». Le gouvernement irakien a pour ambition de mettre à terme 3,5 millions de barils par jour sur le marché, mais le pays n’en a produit que 2,1 millions en mai, selon les derniers chiffres de l’Agence internationale de l’énergie.