Les responsables israéliens multipliaient toujours hier les menaces contre le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, tout en laissant planer une certaine ambiguïté sur leurs intentions. Dans le même temps, Israël commémorait ses morts au combat dans la crainte d’un attentat palestinien à grande échelle alors que le bouclage strict des territoires palestiniens se poursuivait depuis plus d’un mois. Des milliers de policiers, gardes-frontières et volontaires se sont déployés dans les secteurs « sensibles », et le public a été appelé à une « extrême vigilance ». « Nous avons mobilisé toutes nos forces pour que le peuple israélien se sente en sécurité », a affirmé aux journalistes le commandant en chef de la police Shlomo Aharonichki, quelques heures avant le début de la Journée du souvenir. Le mouvement radical palestinien Hamas a multiplié les menaces de vengeance « au centuple » après les assassinats par Israël dans des raids à Gaza de son fondateur cheikh Ahmed Yassine, le 22 mars, puis de son chef Abdelaziz al-Rantissi, le 17 avril. La Journée du souvenir, précédant la fête de l’Indépendance demain, commémore les 21 781 Israéliens tués au combat ou dans des attentats depuis la déclaration de l’Onu de novembre 1947 sur le partage de la Palestine. Concernant le leader palestinien, M. Sharon a provoqué un tollé international en déclarant vendredi soir : « J’ai promis il y a trois ans au président (américain) George W. Bush de ne pas porter atteinte à Arafat, mais je ne suis plus tenu par cette promesse et celui-ci ne dispose plus de l’immunité. » Mais le Premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert, et deux autres ministres ont écarté pour l’heure une opération contre Yasser Arafat. Ariel Sharon « n’a pas l’intention de mettre en exécution ses menaces, ni aujourd’hui, ni demain, ni la semaine prochaine », a affirmé M. Olmert à la radio militaire israélienne. Il a cependant estimé qu’il était bénéfique pour Israël que le président de l’Autorité palestinienne vive dans la crainte d’une attaque car « cela le fera réfléchir à deux fois lorsqu’il soutient le terrorisme ». Le ministre israélien de la Justice Yossef Lapid et le ministre sans portefeuille Gideon Ezra ont affirmé à l’issue d’une réunion du cabinet qu’aucune décision n’avait été prise concernant une telle attaque. M. Lapid a jugé que M. Sharon avait eu tort « d’irriter les États-Unis » en brandissant la menace d’éliminer le président de l’Autorité palestinienne. Le commandant israélien de la région centre d’Israël, qui couvre la Cisjordanie, le général Moshe Kaplinsky, a indiqué pour sa part que « l’armée n’avait reçu aucune consigne à ce propos mais qu’elle était prête à agir ». « Quiconque est impliqué dans le terrorisme doit savoir qu’il ne peut pas dormir tranquille », a-t-il mis en garde. Le chef de l’opposition travailliste israélienne Shimon Peres a qualifié quant à lui « d’erreur » hier les menaces proférées par le Premier ministre israélien, tout en estimant qu’un bannissement de M. Arafat de la Cisjordanie vers la bande de Gaza serait une « bonne idée ».