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Actualités - REPORTAGE

Santé NEUROCHIRURGIE - Fatigue, hémorragie méningée, état d’inconscience... Le Pr Awad explique les méthodes de traitement L’anévrisme, une maladie silencieuse qui ne se manifeste que quand c’est trop tard (photos)

Rares sont ceux qui ont entendu parler de l’anévrisme cérébral, une lésion dans une artère qui risque d’éclater. On estime que 1 à 2 % de la population est à risque. C’est une maladie silencieuse qui ne présente aucun symptôme et qui n’est généralement diagnostiquée que lors de sa déclaration, c’est-à-dire lorsque l’anévrisme se rompt, entraînant une hémorragie méningée. Helga Seeden, archéologue ayant participé aux fouilles du centre-ville de Beyrouth et professeur à l’Université américaine de Beyrouth, l’a découvert à ses dépens. Le samedi 22 juin 2002, elle s’était rendue avec des collègues à un restaurant de la ville pour célébrer la fin de l’année universitaire. « Je ressentais une fatigue, mais je ne voulais pas annuler la soirée, raconte-t-elle. Nous nous sommes donc installés et avant même de passer la commande, j’ai été victime d’un mal de tête violent qui ressemble à un coup de poignard. Je n’ai jamais souffert d’un si fort mal de tête. Je me suis donc levée pour aller aux toilettes. Je voulais de l’eau. Je n’y suis jamais arrivée. » Helga s’est évanouie et n’a repris conscience que deux semaines plus tard, sur un lit d’hôpital. « Apparemment, j’ai vomi sur tous les beaux coussins du restaurant, souligne-t-elle. Je n’ai pas encore appelé les directeurs pour m’en excuser. » De quoi souffrait-elle ? « Helga présente le cas typique des malades ignorant qu’ils souffrent d’anévrisme jusqu’au moment de l’hémorragie ou de la rupture de l’anévrisme », explique le Pr Issam Awad, neurochirurgien et professeur à la Feinberg School of Medicine de l’Université de Northwestern à Illinois, aux États-Unis. L’anévrisme cérébral est une dilatation anormale de la paroi d’une artère qui se manifeste souvent à l’embranchement des gros vaisseaux situés à la base du cerveau. Sous la pression sanguine, la paroi s’amincit peu à peu, se dilate et forme une espèce de pochette dans laquelle le sang s’accumule. Avec le temps, l’artère peut se rompre, provoquant une hémorragie cérébrale. La rupture d’anévrisme se manifeste par l’apparition brutale et inattendue d’un mal de tête violent, généralement diffus, mais qui peut être parfois localisé dans la région occipitale ou frontale. Cette céphalée est souvent accompagnée d’une brève perte de conscience, de nausées, de vomissements et d’intolérance à la lumière. « On pense que 1 à 2 % de la population mondiale porterait un anévrisme cérébral, souligne le Pr Awad. On estime ainsi que 40 000 à 80 000 Libanais en souffriraient. Malheureusement, il n’existe pas de symptômes à cette maladie et l’anévrisme n’est généralement découvert que lorsqu’il se rompt. On estime, par ailleurs, qu’au Liban, près de 450 cas d’anévrisme se rompent par an, entraînant une hémorragie méningée. Environ entre 200 à 250 d’entre eux décèdent chaque année. Un problème assez sérieux. » « Clipage » et « coiling » Le traitement de la rupture d’anévrisme consiste en premier lieu à éviter toute hémorragie une fois les complications écartées. « Le traitement classique demeure la chirurgie, souligne le Pr Awad. Appelée “clipage”, elle consiste à placer un clip de métal au niveau du collet de l’anévrisme, ce qui ferme le sac anévrismal de manière définitive. Le taux de succès de cette procédure s’élève à 95 %. En ce qui concerne les complications, elles ne dépassent pas les 2 à 5 %. » Un nouveau traitement a été mis au point. Baptisé « coiling » ou cerclage, il se fait par voie endovasculaire et consiste à obstruer l’anévrisme par des boucles de platine. « Le problème que pose ce traitement c’est le manque de sécurité à long terme, indique le Pr Awad. Le patient doit rester sous surveillance d’une façon continue, puisque l’anévrisme pourra se rompre de nouveau. Le traitement par voie endovasculaire ou “coiling” est plutôt indiqué dans les cas où la chirurgie est jugée trop dangereuse. » En ce qui concerne le taux de succès du « coiling », le Pr Awad constate qu’il est nettement inférieur à celui de la chirurgie, bien que les deux pratiques présentent les mêmes risques de complications. « Le “clipage” demeure le traitement de choix pour de nombreux praticiens », insiste-t-il. Coopération libano-américaine « J’ai découvert que mon anévrisme se situait à la base du crâne, dans un endroit très délicat, relate Mme Seeden. Les Drs Youssef Comair et Samir Atwé ainsi que d’autres médecins des urgences se sont occupés de moi. J’ai subi plusieurs types d’examens et les résultats ont été envoyés au Pr Awad, qui a accepté de m’opérer, d’autant qu’il devait se rendre au Liban. » Cela a été possible à cause de la coopération entre les neurochirurgiens libanais dans le monde, assurée dans le cadre de la World Association of Lebanese Neurosurgeons (voir par ailleurs). « Sans le Pr Awad, je n’aurais pas pu être sauvée, insiste Helga. Au Liban, ils n’avaient jamais eu à traiter un cas d’anévrisme similaire au mien, bien qu’ils soient bien rodés. Et c’est le 23 juillet que j’ai pu être opérée par le Pr Awad et le Dr Comair. Le 25 juillet, j’ai pu enfin quitter les soins intensifs. D’ailleurs, j’ai fini par avoir le syndrome de cette unité. J’ai piqué une crise de nerfs et ne me suis calmée que lorsque j’ai vu le ciel à travers la fenêtre de ma chambre. » « Au début, mes idées étaient décousues, poursuit-elle. J’étais surtout énervée parce que je n’ai pas pu tenir mon journal. Les pages étaient vides pour une période d’un mois environ. Je l’ai finalement repris le 22 juillet, la veille de mon opération. Mais là encore la maladie ne m’a pas ménagée. Mon écriture était incohérente. Elle ressemblait à celle d’un enfant. Apparemment, il s’agit de l’une des conséquences de la rupture de l’anévrisme. Et ce n’est que le 27 juillet que j’ai recommencé à lire et à écrire. » « Rester au Liban m’a sauvé la vie » La période de convalescence de Helga Seeden s’est étalée sur plusieurs mois, entrecoupés par une série de maux de tête, et durant lesquels elle a pratiquement réappris à marcher, suivant des séances de physiothérapie. « C’est horrible, avoue-t-elle. Nous qui étions parfaitement indépendants et autonomes, devenons comme des bébés. Nous avons besoin d’une deuxième personne pour s’occuper de nous d’une façon constante. Mais mon plus grand bonheur a été de pouvoir me laver enfin la moitié des cheveux, l’autre moitié ayant été rasée avant l’opération. » Et Helga de poursuivre : « J’avais une peur terrible de ne pas pouvoir reprendre mon travail à la faculté en octobre. Mais le Pr Awad m’a tranquillisée sur ce point. Vous savez, j’ai eu de la chance. Car je devais me rendre au mariage d’un ami en Angleterre. Si j’avais eu l’accident là-bas, je serais morte. Ils n’auraient pas pu s’occuper de moi, comme on l’a fait au Liban. Je suis heureuse de rester encore en vie. D’ailleurs, le 13 août dernier, nous avons célébré le premier anniversiare de ma survie. Ma maladie m’a aidé à réfléchir sur certaines choses de ma vie. Franchement, à chaque fois que j’avais un mal de tête, je craignais que mon anévrisme ne se rompe une deuxième fois. Mais les médecins m’ont assuré que la récidive est très rare. » Le succès dépend de l’expérience des hôpitaux et des médecins « Le grand défi est de pouvoir identifier les anévrismes qui ont un grand risque de se rompre et de trouver les moyens de les traiter, insiste le Pr Awad. Nous avons appris que tous les anévrismes ne présentent pas les mêmes risques. Certains sont plus sérieux que d’autres, notamment les anévrismes génétiques, et leur gravité augmente selon leur localisation. » Peut-on prévenir l’anévrisme cérébral ? « Cela suppose de faire subir à toute une population des scanners cérébraux ou un IRM », répond le Pr Awad, qui note que les risques naturels de l’anévrisme et ceux du traitement sont étudiés pour savoir si ce dernier doit être fait avant la rupture de l’anévrisme ou si la maladie doit être surveillée. « Le succès du traitement de l’anévrisme dépend en grande partie de l’expérience des médecins et des hôpitaux dans le domaine, signale-t-il. Plusieurs études menées aux États-Unis ont en fait montré que le taux de mortalité des patients est deux fois plus important dans les hôpitaux qui traitent moins de trente cas par an. » Et de conclure : « Le volume de l’expérience au Liban est fragmenté. Le défi à relever est celui d’améliorer le traitement à un niveau régional, d’autant que rares sont les hôpitaux qui traitent plus de trente cas par an. » Plus de 300 membres, dont cent établis au Liban La Waln, une expérience innovatrice dans le secteur médical Fondée en 1991 aux États-Unis, la World Association of Lebanese Neurosurgeons (Waln) est une expérience innovatrice dans le secteur médical, puisqu’elle rapproche les neurochirurgiens libanais établis au Liban et leurs confrères libanais et amis du Liban installés à l’étranger. « Il n’existe pas une autre organisation similaire, mis à part la Société francophone de neurochirurgiens, qui regroupe les neurochirurgiens français et francophones », indique le Pr Issam Awad, fondateur de la Waln. « Il s’agit d’une importante initiative puisque le Liban a toujours été caractérisé par ses deux composantes, poursuit-il. Il y a, d’une part, les Libanais dont la contribution à l’étranger est remarquable et, d’autre part, les Libanais, installés dans leur pays, qui essaient de tirer bénéfice de cette expérience étrangère. » Le premier congrès de la Waln s’est donc tenu en 1995, à Beyrouth. Il a été suivi, en 1999, d’une deuxième réunion scientifique. Les conférenciers sont des Libanais, bien que la liste comprend certains noms étrangers de renommée internationale. « Le congrès tenu du 27 au 30 juin dernier demeure toutefois le plus important, notamment sur le plan scientifique et au niveau de la participation », note le Pr Awad. En effet, plus de 150 neurochirurgiens étaient présents, « ce qui est énorme, sachant que la neurochirurgie est un secteur assez restreint », signale-t-il. « Les thèmes abordés ont englobé les nouveautés introduites dans tous les domaines de la spécialisation, poursuit le Pr Awad, à savoir la neurochirurgie de la colonne vertébrale, la neurochirurgie pédiatrique, vasculaire, fonctionnelle (maladies du mouvement, comme le Parkinson et les tremblements malins), ainsi que la neurochirurgie de la douleur. Les conférenciers ont surtout insisté sur le rôle de l’ordinateur dans les chirurgies neurologiques, les rendant plus sûres et moins invasives, ce qui est susceptible d’améliorer la qualité de vie du patient. » Le congrès a revêtu une plus grande importance puisque, pour la première fois, la Waln a abordé, en marge des travaux scientifiques, des sujets susceptibles d’améliorer le niveau académique et la qualité des soins au Liban. « La Société libanaise de neurochirurgie a sollicité notre aide pour mettre au point un programme de formation médicale continue afin d’améliorer le niveau de la pratique au Liban », explique le Pr Awad. Un groupe de pression a ainsi été formé. Il aura pour mission de définir les objectifs pédagogiques pour les résidents en neurochirurgie. Une coopération avec les médecins et professeurs libanais sera établie dans ce but, ce qui permettra aux résidents de poursuivre leurs études et d’acquérir une expérience aussi importante que celle acquise à l’étranger. De plus, la Waln assurera des stages à ces résidents aux États-Unis, où ils seront supervisés par des médecins libanais. « Cela est très important, car nous ne demandons pas aux étrangers de nous définir les standards, précise le Pr Awad. Les standards seront libanais mais conformes aux normes internationales. » Dans le cadre de la coopération avec la Société libanaise de neurochirurgie, la Waln contribuera également à la mise au point d’un programme destiné aux neurochirurgiens qui pratiquent le métier. Baptisé « Maintenance of Competence » (Maintenance du savoir), ce projet aidera à évaluer l’aptitude des praticiens. Notons que le siège de la Waln est situé aux États-Unis. Elle compte 300 membres dont les quelque cent qui forment la Société libanaise de neurochirurgie. Pour pouvoir adhérer à la Waln, le neurochirurgien doit être d’origine libanaise ou un ami du Liban. Pour plus d’informations, visiter le site Web de la Waln à l’adresse suivante : www.waln.org Diététique Vrai ou faux ? • Le choux-fleur est pauvre en vitamine C Faux. Le choux-fleur appartient à la famille des crucifères, dont la consommation est largement conseillée puisqu’elles sont riches en antioxydants, notamment la vitamine C. En effet, 200 grs de choux-fleurs couvrent les besoins quotidiens en vitamine C. La cuisson entraîne toutefois la perte des trois quarts de la vitamine C contenue dans ce légume, au moment où le quart restant est souvent jeté avec l’eau de cuisson. La meilleure façon de profiter des propriétés du choux-fleur consiste donc à le manger cru assaisonné d’une sauce allégée de votre choix, du citron et de l’huile d’olive, à titre d’exemple. Rappelons que les antioxydants sont des substances qui protègent les cellules contre les maladies cardio-vasculaires et certaines formes de cancer. • Les fruits peuvent gêner la digestion Vrai. La digestion des fruits fait intervenir des processus et des systèmes enzymatiques différents. Consommés crus au cours ou en fin de repas, les fruits peuvent gêner ou freiner la digestion, favorisant les gaz intestinaux, eux-mêmes responsables de ballonnements. Les personnes qui souffrent de ces troubles digestifs doivent consommer les fruits soit trente minutes avant le repas soit deux heures après la fin de la collation. Seul l’ananas et, à un degré moindre, la pomme contiennent des substances qui facilitent la digestion et peuvent, par conséquent, clôturer un repas. • L’ail contribue à la prévention du cancer de l’appareil digestif Vrai. La consommation d’une gousse d’ail par jour réduit de près de 20 % le taux du LDL-mauvais cholestérol dans le sang, ainsi que les risques de développer un cancer de l’appareil digestif. Des études ont montré que dans une région de la Chine, où la population consomme près de vingt grammes d’ail par jour, l’incidence du cancer de l’appareil digestif est treize fois inférieure que dans d’autres régions du monde. L’ail contient en effet des substances qui freinent le processus de cancérogénèse. * Ces réponses nous ont été fournies par Mme Éliane Mouawad Hobeiche, diététicienne-nutritionniste. NADA MERHI
Rares sont ceux qui ont entendu parler de l’anévrisme cérébral, une lésion dans une artère qui risque d’éclater. On estime que 1 à 2 % de la population est à risque. C’est une maladie silencieuse qui ne présente aucun symptôme et qui n’est généralement diagnostiquée que lors de sa déclaration, c’est-à-dire lorsque l’anévrisme se rompt, entraînant une hémorragie...