Les compagnies américaines restent dans l’ensemble absentes du marché irakien lucratif car elles n’osent pas s’implanter dans ce pays à cause des rapts et des attaques, a estimé un responsable économique américain. Ce sont les produits chinois et sud-coréens qui se sont taillé la part du lion sur le marché de la consommation en plein boom depuis la chute du régime de Saddam Hussein, l’an dernier, a constaté ce responsable. «L’insécurité et les sentiments antiaméricains empêchent les compagnies américaines d’ouvrir des bureaux ici», a déclaré Eric Nigh, vice-président de la Chambre de commerce irako-américaine. « Nos ressortissants n’ont pas la possibilité de se déplacer librement et la plupart sont enfermés dans la Zone verte », dit-il en référence au quartier fortifié dans lequel vivent diplomates, civils et militaires des pays de la coalition, au centre de Bagdad. « La peur est le facteur-clé », a souligné M. Nigh pour expliquer l’attitude de la communauté économique américaine en Irak, rappelant les enlèvements et les prises d’otages qui se sont multipliés ces derniers mois dans le pays. Seuls les géants américains comme Bechtel, Lucent Technologies, General Electric et KBR sont impliqués dans des projets importants de reconstruction, a précisé M. Nigh. Les États-Unis ont alloué 18,4 milliards de dollars à la reconstruction de l’Irak, en accordant la préférence aux firmes américaines et à celles des pays de la coalition. « En dehors des grandes firmes, il y a une présence indirecte de Microsoft et de General Motors, mais en fait, la conquête du marché est stoppée. Il n’y a pas vraiment de nouveaux projets, même s’il y a de véritables occasions de créer des joint-ventures dans différents secteurs », a souligné M. Nigh. Les États-Unis ont annoncé en début de semaine la signature de nouveaux contrats d’un montant supérieur à six milliards de dollars avec différentes compagnies irakiennes et étrangères. En dépit de ce sombre tableau, M. Nigh a prédit des jours meilleurs pour les compagnies américaines après les élections générales prévues en janvier 2005.