Actualités - REPORTAGE
Cinéma Les sorties de la semaine Trois nouvelles sorties : «Taking Lives» (Angelina Jolie, du FBI), «Après vous...» (la vie est une comédie), «The Whole Ten Yards» (Bruce Willis esquisse un retour)
Par GOUX PELLETAN Jean Pierre, le 23 avril 2004 à 00h00
Le film américain est tout à fait américain, le film français on ne peut plus français. Mais, pour une fois, les qualificatifs n’ont rien de péjoratif. «Taking Lives», de D.J. Caruso, est un bon film noir, «Après vous...», de Pierre Salvadori (dont s’occupe Dyma Demirdjian), redonne du tonus à la comédie «à la française». Reste «The Whole Ten Yards», de Howard Deutch, un simple film de série. Et, croyez-le ou non, la reprise de «Mystic River» est toujours en projection! Étonnant Clint Eastwood.
Sorties prévues pour le jeudi 29/04 (sous réserve):
– Hidalgo, de Joe Johnston, avec Viggo Mortensen et Omar Sharif.
– Dirty Dancing 2, de Guy Ferland, avec Diego Luna.
– Along Came Polly, de John Hamburg, avec Ben Stiller et Jennifer Aniston.
Les meilleurs amis du monde
Après vous...,
de Pierre Salvadori
Spécialiste de comédies sentimentales malgré la sortie d’un film noir en 2000 (Les marchands de sable), Pierre Salvadori réalise son cinquième long-métrage avec Après vous. À l’instar des précédents, notamment Les apprentis (qui a connu un fort succès populaire), son dernier film s’appuie sur des situations désespérées et insiste sur la générosité et la complexité de l’être humain, racontées à travers une amitié masculine. Les amis sont interprétés par Daniel Auteuil et José Garcia. Loin de ses rôles habituels de joyeux luron, ce dernier campe un personnage à contre-emploi, très nuancé et en relief.
Salvadori joue subtilement du mélange douceur et cruauté de la vie. Sensibles, dépressifs et toujours sur le fil du rasoir, les personnages touchent par leur faiblesse et leur ambiguïté : Antoine (Auteuil) sauve Louis (Garcia) du suicide et, paradoxalement, culpabilise car il le ramène à sa douleur. De là naît une histoire d’amitié, à laquelle se rajoute une histoire d’amour, car Antoine s’éprend de la compagne de Louis (Sandrine Kiberlain). Maniant à merveille toutes sortes de situations comiques, sans jamais tomber dans la lourdeur ni la vulgarité, le film ravit par ses bons mots, par son trio d’acteurs impeccables et par ses personnages foncièrement humains. Autrement dit, une vraie bonne comédie (voir aussi l’interview du réalisateur dans L’Orient-Le Jour du 12/04/04).
EMPIRE/SODECO/
GALAXY, St-ÉLIE
Ultranoir
Taking Lives,
de D.J. Caruso
Femmes-flics et tueurs en série: une double «tendance» qui va en s’accentuant. Soit dit en passant, nos distributeurs/exploitants feraient bien d’harmoniser leur programmation: Taking Lives nous parvient juste après In the Cut (Jane Campion) et Twisted (Philip Kaufman), d’où risque de saturation dans le genre «noir» [1].
Pour ce qui est d’être noir, on a vu rarement plus sombre que le film de D.J. Caruso. Filmage de nuit presque exclusif, atmosphère glauque, personnages tordus... et tout ce qui s’ensuit. Mais il faut reconnaître que l’affaire est bien menée, D.J. Caruso se révélant un réalisateur doué.
L’affaire, en voici un aperçu.
L’agent Illeana Scott (Angelina Jolie), du FBI, est spécialisée – avec des méthodes personnelles très particulières – dans la traque des «serial killers». D’où son envoi au Canada, où la police, en difficulté, pourrait apprécier sa collaboration. Et, de fait, l’agent Scott va se trouver devant un cas aussi compliqué que périlleux. D’autant que certains éléments de la police locale n’apprécient guère l’intrusion de l’«étrangère» dans une enquête aussi importante.
Comme déjà signalé plus haut, la mise en scène du film est en accord suivi avec la progression et les dérives de l’intrigue. Après avoir travaillé pour la télévision américaine, D.J. Caruso avait joué (en 95) dans le remake (par Barbet Schroeder) du Kiss of Death d’Henry Hathaway, un classique du film noir (1947). Il est d’ailleurs question d’un «Kiss of Death» dans le dialogue de Taking Lives.
Très en beauté, Angelina Jolie amorce ici un peu la même évolution qui vient de marquer la carrière de Meg Ryan. Sans doute parce qu’on se retrouve au Canada/Québec (à Montréal, pour être plus précis), plusieurs acteurs français figurent au générique (Olivier Martinez, Jean-Hugues Anglade, Tchéky Karyo), la vedette masculine, Ethan Hawke, étant américaine. N’oublions pas le peu banal numéro de l’extraordinaire Gena Rowlands, mère déchue de jumeaux en perdition.
Une des faiblesses du film reste la conclusion du scénario – comme souvent, ces derniers temps, à Hollywood: voir justement Twisted – où se bousculent des complications qui laissent le spectateur insatisfait. N’empêche qu’on se laisse prendre à suivre Taking Lives, un film dont la vision devrait s’accompagner d’une dégustation de café brûlant et, évidemment, très noir.
[1]: on peut y ajouter, dans un registre voisin, Secret Window, de David Koepp, actuellement sur nos écrans.
EMPIRE/DUNES/SODECO/
GALAXY, ESPACE, St-ÉLIE
En bref
The Whole Ten Yards,
de Howard Deutch
Fallait-il vraiment qu’il y ait une suite au film de Jonathan Lynn, The Whole Nine Yards (2000)? La réponse est non. On retrouve donc ici Bruce Willis et ses aventures saugrenues avec la famille de son copain de palier. Tout cela est, pour le moins, dénué de tout semblant d’intérêt. Sauf pour les inconditionnels de Bruce Willis.
KASLIK, CONCORDE,
ABRAJ, FREEWAY
CINÉ-CLUBs• Ciné-club de l’Alba
Programme non communiqué.
• Ciné-club de l’École
supérieure des affaires
Suite du cycle «Cinéma italien»: Satyricon, un film de Federico Fellini (1969), avec Martin Potter, Hiram Keller, Max Born, Capucine (durée: 2h08). Une des grandes œuvres du maestro du cinéma italien. S’inspirant des écrits de Petrone sur la Rome antique, Fellini a magistralement réalisé une fresque démesurée, jusqu’au délire. Tous les excès d’un lointain passé, qui ressemble à un certain présent. Impressionnant.
Esa, rue Clemenceau, mardi 27, à 20h30.
• Ciné-club du Centre culturel français
Suite du cycle «Mis(e) en scène»: Jeanne et le garçon formidable, un film d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (1999), avec Virginie Ledoyen et Mathieu Demy (sous-titres anglais – durée: 1h38). Jeanne trouve enfin, en Olivier, l’amour de sa vie. Mais, atteint du sida, le jeune homme s’éloigne... Il fallait de l’audace pour traiter ce sujet en «comédie dramatique musicale». Pari en partie gagné! (il est vrai que Mathieu Demy est le fils de Demy, Jacques). Un film pas ordinaire du tout (programme complété par un court métrage).
Salle Montaigne, mercredi 28, à 19h15.
Ciné-club de l’Esa:
avis important
Pour des raisons d’ordre technique, le film La chambre du fils n’a pu être projeté mardi dernier, 20 avril. Il a été remplacé par Satyricon, de Federico Fellini (voir par ailleurs). La chambre du fils sera donc projeté mardi prochain (27/4). Avec toutes nos excuses.
Livres et revues
Une biographie de James Stewart
James Stewart, grand acteur (décédé en 1993), a été – on ne l’apprendra à personne – un des monstres sacrés de l’histoire du septième art. Ce grand gars dégingandé, sympa en diable, avait joué dans 82 films et tourné sous la direction (avisée) d’Alfred Hitchcock (Vertigo!), Otto Preminger, Anthony Mann, Frank Capra, Ernst Lubitsch et autres illustres cinéastes d’Hollywood.
L’auteur anglais Jonathan Coe raconte la vie de James Stewart dans un livre passionnant (Éd. «Cahiers du cinéma»). Originaire de Pennsylvanie, Stewart avait étudié l’architecture, rêvé d’aviation et tâté du théâtre. Sa rencontre avec Henry Fonda fut déterminante: le cinéma l’emporta. Pour la chance d’Hollywood – et la nôtre!
Source: Journal Libération.
L’ACTUALITÉ
• Cannes 2004, 57e édition. On sait déjà que le président du jury sera Quentin Tarantino. Il sera accueilli par la maîtresse de cérémonie, qui ne sera autre que Laura Morante (qu’on vient de revoir dans La chambre du fils, de Nanni Moretti, au ciné-club de l’Esa). L’actrice italienne sera également présente à la cérémonie du palmarès. Le festival aura lieu du 12 au 22 mai.
• C’est un film de Francis Veber – l’auteur du Dîner de cons et Tais-toi! –, intitulé Ruby et Quentin, qui avait ouvert le récent Festival du film français de Los Angeles (8e édition).
• Il y avait eu, rappelez-vous, deux Christophe Colomb: il y aura deux Alexandre le Grand, l’un joué par Leonardo Di Caprio, l’autre par Colin Farell. C’est malin! Et, peut-être, deux Janis Joplin!
En gros plan
Emplois/contre-emplois
Jusque dans les studios – et à des postes parfois importants – les femmes investissent Hollywood en ce moment. Cela ne veut pas dire que les actrices ayant dépassé la quarantaine trouvent facilement des rôles (au fait, qu’en est-il de Michelle Pfeiffer, en ce moment?!). Mais enfin, il n’y a pas que Julia Roberts. Il y a encore des actrices plutôt jeunes qui tiennent la vedette dans des films relativement importants.
Tendance curieuse: le contre-emploi, de plus en plus utilisé pour des comédiennes bien connues du public. Et, dans tous les cas, il s’agit de rôles de femmes-flics. La police serait-elle en train de se féminiser aux États-Unis?!
On va s’en tenir, aujourd’hui, à trois exemples. D’abord, Meg Ryan. De tout temps spécialisée dans des personnages plutôt «fleur bleue» (You’ve Got Mail, Sleepless in Seattle, French Kiss, etc.), elle incarne dans le film de Jane Campion, In the Cut, une aventurière du sexe, entraînée dans une dangereuse enquête criminelle (un rôle d’abord prévu pour Nicole Kidman). Ensuite, Ashley Judd. Dans Twisted, de Philip Kaufman, elle endosse l’uniforme de détective et en voit de toutes les couleurs. Mésaventures assez semblables pour Angelina Jolie, traqueuse de «serial killers» dans Taking Lives de D.J. Caruso. À qui le tour, ladies?!
P.S.: Le titre de notre dernier «En gros plan» devait se lire «Le western remis en selle», plutôt qu’en salle.
G. - P.
JEAN-PIERRE GOUX-PELLETAN AVEC DYMA DEMIRDJIAN
Le film américain est tout à fait américain, le film français on ne peut plus français. Mais, pour une fois, les qualificatifs n’ont rien de péjoratif. «Taking Lives», de D.J. Caruso, est un bon film noir, «Après vous...», de Pierre Salvadori (dont s’occupe Dyma Demirdjian), redonne du tonus à la comédie «à la française». Reste «The Whole Ten Yards», de Howard Deutch, un...
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