Par Peter MACKLER (AFP)
Les responsables militaires américains, qui font face à deux fronts en Irak, évoquent désormais « une force ennemie » organisée, dotée d’une véritable capacité de combat, pour qualifier l’insurrection qu’ils considéraient jusqu’alors comme le fait de hors-la-loi et terroristes.
Après plus de deux semaines d’intenses combats dans le bastion sunnite de Falloujah, à 50 km à l’ouest de Bagdad, et alors que l’insurrection chiite se fait de plus en plus menaçante dans le centre et le sud, la coalition conduite par les Américains est désormais contrainte d’envisager un renforcement des troupes. « Il s’agit probablement de l’offensive la plus significative depuis la fin de la guerre » officiellement déclarée le 1er mai 2003, a déclaré à la presse la semaine dernière à Bagdad le général Mark Kimmitt, responsable adjoint des opérations militaires de la coalition. Avec plus de 100 Américains tués en avril, le général Richard Myers, le chef d’état-major interarmées américain, a qualifié la situation de « grave » devant la commission des Forces armées du Sénat. « Nous sommes en guerre », a déclaré le général, en admettant que l’armée américaine pourrait avoir besoin de davantage de soldats en Irak, où sont déployés 135 000 militaires.
Les responsables américains estiment que la résistance à Falloujah est organisée par plusieurs centaines de combattants de l’ancienne garde républicaine spéciale, ex-unité d’élite de l’armée de Saddam Hussein, les services de renseignements du Moukhabarat, les services spéciaux, des habitants ultraconservateurs et des combattants étrangers.
Selon des témoins dans la ville, les insurgés ont des armes de tous types, kalachnikovs, mortiers, lance-roquettes, roquettes antichars et même des missiles sol-air russes Strela. Personne ne connaît exactement leur provenance : des responsables et experts parlent de trafic venu de Syrie ou d’armement volé dans des entrepôts mal gardés. D’autres évoquent des stocks créés par l’ex-armée de Saddam Hussein.
Les Américains accusent les Irakiens d’utiliser des ambulances pour les transporter, des mosquées pour les entreposer et de se servir de femmes et enfants comme boucliers humains.
Le général Myers a admis cette semaine que les insurgés à Falloujah faisaient preuve « d’une bonne coordination ». L’insurrection dans le bastion sunnite, selon un militant, est menée par trois groupes. « Chacun d’eux a ses dirigeants, ses services de renseignements, sa hiérarchie », a indiqué sous couvert d’anonymat ce militant.
Dans le centre et le sud de l’Irak, les forces de la coalition font également face à l’Armée du mehdi, la milice du chef radical chiite Moqtada Sadr cerné par les Américains dans la ville sainte de Najaf. Les responsables américains minimisent la menace posée par cette milice, composée de 3 000 à 6 500 hommes faiblement armés qui ont pourtant mené la vie dure aux troupes de la coalition depuis le 4 avril dans plusieurs villes. La coalition n’a pas été en mesure d’imposer sa loi jusqu’à présent dans aucune de ces localités.
Ces mêmes responsables doutent de l’existence d’une véritable coordination entre sunnites et chiites bien que le général Kimmitt ait évoqué le début d’un « mariage de raison entre plusieurs groupes extrémistes ».
Le secrétaire adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz, a ainsi accusé une branche de l’ancien service de renseignements irakien, le M14, de participer aux offensives contre les forces de la coalition, avec des attaques à la voiture piégée et des explosifs préprogrammés.
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