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INSTALLATIONS - Jusqu’au 17 juillet, place de l’Unesco, à Byblos « Expoff » : huit artistes interrogent la mémoire et l’histoire

En collaboration avec l’Espace SD, le Festival de Byblos, section Off présente, jusqu’au 17 juillet, place de l’Unesco, huit installations signées Alain Vassoyan, Anita Toutikian, Gaby Maamari, Ghassan Maasri, Mario Saba, Nada Sehnaoui, Pascal Hachem et Shawki Youssef. Alain Vassoyan, un des grands artistes locaux de la récupération, poursuit son chemin entre rêve et enfance à travers deux projets, « Prise de la citadelle » d’une part, « Trou de mémoire » d’autre part. Le premier, construit autour du double sens de prise (« on/off » et « assaut »), est interactif : en effet, les visiteurs sont invités à viser, au moyen d’une balle, un tableau de contrôle qui, selon la cible atteinte, allume l’un des objets fabriqués et censés représenter des personnages royaux de Byblos. Art et jeu se retrouvent ici avec inventivité. Quant au second, il est constitué d’une boule en fibre de verre éclairée de l’intérieur, laissant deviner des silhouettes indistinctes, activant la rêverie. Anita Toutikian a voulu mettre, très efficacement, « Byblos dans un baril », à l’aide de barils d’essence coupés dans le sens de la longueur et dont l’intérieur a été peint en bleu et rempli d’eau, avec de petits bateaux bleus qui y flottent. Une jauge à cinq niveaux va de 2000 à 2000, avant et après J-C. Le travail d’évaporation faisant son travail, l’eau se retrouve au niveau 2000, l’actuel millénaire, et les bateaux en rade : Byblos est-il en danger ? se demande l’artiste ; que faire pour arrêter l’hémorragie d’une ville en ruines ? « Kakossisme », pavés et objets du temps Gaby Maamari, le théoricien des huits, ouvre, avec « Transformation, mutation et disparition », le troisième volet de son travail sur le «kakossisme», à savoir l’esthétique du mauvais. Après avoir brûlé ses toiles, au Dôme du centre-ville, dont il avait conservé les cendres, et après avoir occupé le laboratoire de l’Espace SD avec un cimetière, l’artiste occupe une partie du jardin avec des objets aussi divers qu’un squelette, des revolvers et des télévisions d’un autre âge. Morbide, le message est clair : où est l’espoir ? Y’en a-t-il un ? Ghassan Maasri, au moyen d’un montage Photoshop de clichés des pavés de la rue Hamra qui, comme on le sait, n’en finit plus d’être pavée, propose, virtuellement bien sûr, de suivre l’exemple d’une tradition berlinoise qui a lieu chaque 1er mai, autorisant les habitants de la ville à s’emparer de pavés et à les jeter. Un hommage lourd à Mai 68 et que l’artiste réactive à Beyrouth en montrant une série de photos qui, l’une après l’autre, montre un pavé retiré de la chaussée. Le constructivisme de Mario Saba est à l’œuvre dans « Off Blue ». Là aussi, avec des matériaux de récupération, mais uniquement issus d’anciennes demeures détruites (volets, portes), et mêlés à des objets du quotidien de la vie moderne. Mémoire et nostalgie sont à l’œuvre dans cet assemblage aux couleurs délavées par le temps. Seaux, « kaaké » et évolution À quoi sert-il de se souvenir de 4000 ans d’histoire si c’est pour oublier le temps présent ? En guise de réponse, Nada Sehnaoui a froissé des centaines de feuilles de papier, sur lesquelles cette question a été imprimée en boucle, et les a placées dans cent seaux blancs disposés de manière parfaitement symétrique. Répétitions en série, questionnement métaphysique, voilà le propos de « Plastic Memory Containers ». Pascal Hachem, après un « Nausea » qui a fait parler de lui, au CCF de Beyrouth en 2003, frappe à nouveau un grand coup. Avec « 01-02 », l’architecte de formation a rempli une valise de minuscules « kaaké » enfermées dans une boîte en plastique. Sitôt que six étaient achetées, apparaissait une phrase interrogeant, tout simplement, la présence syrienne au Liban. Mais cette installation n’existe plus actuellement. En effet, les gendarmes, intrigués par la valise noire que l’artiste transportait avec lui et qu’il fermait à clé, ont demandé à l’ouvrir pour la confisquer, croyant qu’elle recelait des explosifs. Sans commentaire. Enfin, « L’éphémère et l’immuable », une installation photographique signée Shawki Youssef. D’une part, un montage met la jetée de Beyrouth face à elle-même, n’existant que par son début et sa fin, comme une île isolée. D’autre part, des photos repeintes par l’artiste montrent une ville en évolution. Deux facettes d’un même questionnement : l’existence d’un festival « Off » voué à disparaître et l’« immuable » construction d’une ville en mutation constante. Dans Byblos, ville immémoriale toujours en situation de sursis, huit artistes s’interrogent sur l’histoire, son oubli et sa mémoire, chacun selon ses affinités, ses thèmes dominants et ses supports esthétiques de prédilection. Diala GEMAYEL
En collaboration avec l’Espace SD, le Festival de Byblos, section Off présente, jusqu’au 17 juillet, place de l’Unesco, huit installations signées Alain Vassoyan, Anita Toutikian, Gaby Maamari, Ghassan Maasri, Mario Saba, Nada Sehnaoui, Pascal Hachem et Shawki Youssef.

Alain Vassoyan, un des grands artistes locaux de la récupération, poursuit son chemin entre rêve et enfance à...