Hollywood a perdu l’un de ses monstres sacrés, l’acteur Marlon Brando, qui s’est éteint jeudi soir à l’âge de 80 ans à Los Angeles, où il vivait reclus et endetté. La mort a été annoncée par l’avocat de l’acteur, David Seeley, qui n’en a pas précisé la cause.
Après avoir mené une éblouissante et tumultueuse carrière, jalonnée de films célèbres comme Un tramway nommé Désir, Le dernier tango à Paris ou Le parrain, Marlon Brando est mort à l’hôpital dans le dénuement.
Il a vécu les dernières années de sa vie isolé et ruiné dans un petit bungalow de Mulholland Drive (Californie, ouest), qualifié par un récent visiteur de « claustrophobique », avec deux sofas et des rideaux dépareillés.
De nombreuses personnalités du cinéma, telles que Sophia Loren et Francis Ford Coppola qui l’avait fait tourner dans Apocalypse Now, ont aussitôt rendu hommage à l’un des acteurs les plus mystérieux et fascinants.
L’homme à la sensualité animale qu’il incarnait dans Un tramway nommé Désir (1951) a cédé la place à un homme malade qui a pesé, à certains moments, jusqu’à 160 kg. C’est en 1989 qu’il « divorce » du cinéma, en dépit de quelques « apparitions » alimentaires. Il tourne pour la dernière fois en 2001 dans The Score.
Dans une interview, Marlon Brando explique avoir voulu échapper au stress provoqué par le fait d’être constamment sous l’œil du public. « J’ai tellement souffert dans ma vie d’avoir été célèbre et riche », confie-t-il alors.
« C’était l’un des plus grands acteurs de cinéma de tous les temps », souligne l’historien de Hollywood, Robert Osborne. « Mais je pense qu’il était aussi l’une des plus grandes déceptions (...) parce qu’il a gaspillé » ses qualités d’acteur. « Je ne crois pas qu’il ait pris très au sérieux son talent ou qu’il s’en soit servi comme il aurait dû », conclut Robert Osborne.
Face aux critiques, Marlon Brando répliquait que le jeu de l’acteur était simplement, pour lui, un « boulot ».
Bud, comme l’appelait sa grand-mère, est né le 3 avril 1924 dans une famille modeste d’Omaha (Nebraska). Sa mère était une actrice dépressive et alcoolique et son père un commerçant « coureur de jupons », selon Marlon Brando.
Maçon, il part à 20 ans à New York, où il s’inscrit à la prestigieuse école d’art dramatique Actor’s Studio. C’est Elia Kazan qui le remarque. Le jeune Marlon brûle les planches en 1947 à Broadway dans Un tramway nommé Désir, ce qui lui ouvre les portes de Hollywood.
En 1950, il fait son début au grand écran avec C’étaient des hommes de Fred Zinneman, avant de retrouver en 1951 Kazan pour le tournage d’Un tramway nommé Désir qui le révélera au monde entier.
Brando décroche un premier oscar de meilleur acteur en 1954 pour Sur les quais d’Elia Kazan.
Après une série de productions médiocres dans les années 1960, sa carrière est relancée en 1972 grâce au rôle de Don Corleone dans Le parrain de Francis Ford Coppola, qui lui donne un deuxième oscar.
Mais il envoie pour le recevoir une supposée Amérindienne – en fait une actrice hispanique – pour protester contre la façon dont Hollywood traite les Indiens.
C’est aussi en 1972 qu’il est remarqué pour sa sulfureuse prestation dans Le dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci.
Sa vie familiale est mouvementée et tragique. Il a eu une dizaine d’enfants, issus de plusieurs mariages et relations. En 1990, son fils aîné Christian assassine le fiancé de l’une de ses filles, Cheyenne. Christian Brando fait cinq ans de prison, et Cheyenne, en proie à la dépression, se suicide en 1995.
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultats
Les plus commentés
« Avant, je pensais que la résistance nous protégeait... » : à Tyr, la colère gronde
Qui se cache derrière le tir de roquettes contre Israël ?
Fadlallah : Israël profite de la faiblesse de l'État