La journée d’hier était sombre à Tikrit, fief de Saddam Hussein, où les habitants n’ont pas caché leur tristesse en regardant « leur président » comparaître devant un juge à Bagdad. Abou Awad, 40 ans, employé d’un restaurant, n’a pu retenir ses larmes quand il a vu apparaître sur l’écran de la télévision Saddam Hussein. « J’aurais souhaité mourir avant de voir Saddam dans une telle posture », confie-t-il, dans la ville bastion du « raïs », à 180 km au nord de Bagdad, à laquelle le président dictateur ne savait rien refuser. Partageant ces sentiments, Falah Hassan, un des clients attablés, déclare : « Depuis la chute de Saddam, ce ne sont que destructions, couvre-feux et attentats. L’Irak ne peut s’accommoder que d’un homme fort, comme Saddam, assure-t-il. Il n’avait d’autre choix que de diriger le pays avec une main de fer. » « Où est la liberté, où sont les droits de l’homme, qui ont été violés dans la prison d’Abou Ghraib. Est-il normal qu’on occupe un pays et que l’on juge son président de cette façon humiliante ? » se lamente Hussein Jabouri.