Les 18es Molières ont été proclamés avec les moyens du bord, sous la pression des 1 900 invités qui ont refusé de quitter le Théâtre des Champs-Élysées.
Le conte acidulé de Roland Topor, L’hiver sous la table, est le grand triomphateur de cette soirée cacophonique avec six trophées, suivi par Comme en 14 ! de Dany Laurent avec trois récompenses.
À elles deux, ces deux pièces enlèvent neuf Molières sur dix-sept décernés cette année, 1 134 personnes ayant voté au premier tour et 1 736 au second.
La cérémonie s’est déroulée dans la confusion, malgré le vote au dernier moment d’une grève des personnels techniques. Ces derniers (techniciens du TCE et de la soirée) avaient été entraînés à voter la grève par une trentaine de membres de la coordination des intermittents d’Île-de-France et des membres de la CGT Spectacle qui avaient envahi le plateau vers 20h, heure de Paris.
Selon la direction du TCE et l’Association professionnelle artistique du théâtre (Apat), qui organise les Molières, la cérémonie devait se dérouler normalement et aucun arrêt de travail n’avait été déposé.
Après plus de 40 minutes de discussions, rideau baissé, les 21 techniciens ont voté à bulletins secrets la grève à une large majorité (12 pour, 7 contre et 2 bulletins blancs).
Avant le scrutin, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, avait tenté une médiation à huis clos avec les intermittents et les techniciens.
Au milieu d’échanges très vifs entre la salle et les représentants des techniciens et intermittents, le comédien Philippe Khorsand est monté sur la scène à leur rencontre : « Vous ne comprenez rien, vous êtes nuls ! Ce que vous faites ce soir est un scandale », leur a-t-il dit dans une grande colère.
Alors que les invités refusaient de quitter la salle, le calme est revenu quand Gérard Maro, directeur de l’Œuvre et l’un des organisateurs de la soirée, a pris le micro pour proposer, malgré tout, la lecture du palmarès, « en réponse à ceux qui ont empêché la cérémonie ».
Dans une ambiance très conviviale, en complet contraste avec les vives tensions précédentes, Jean Piat, président sortant de l’Apat, et Michel Drucker ont officié, en présence du ministre de la Culture resté dans la salle.
« Cette soirée me rappelle le Festival de Cannes en 1968 ! » a lancé Michel Drucker, déclenchant l’hilarité. Très vite, le système de sonorisation a été coupé en coulisses et n’a plus été rétabli.
« C’était la moindre des choses que ce palmarès, qui récompense des comédiens de grand talent, soit connu », a déclaré Michel Drucker.
Pour Jean Piat, « les intermittents sont mal écoutés et ne peuvent se contenter de mots. Ce soir, entre la fête et les gens qui sont à la rue, il y a eu incompatibilité et je le regrette. »
En allant chercher son Molière, Zabou Breitman, sacrée meilleur metteur en scène, a souhaité « longue vie au théâtre, mais il va falloir y travailler », a-t-elle déclaré sous les applaudissements. Son spectacle a triomphé avec six trophées. Isabelle Carré et Dominique Pinon ont reçu les Molières de la meilleure comédienne et du meilleur comédien.
La production a par ailleurs obtenu les Molières du meilleur spectacle du théâtre privé, du meilleur décorateur (Jacques Gabel), du meilleur créateur de lumière (André Diot).
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Les 18es Molières ont été proclamés avec les moyens du bord, sous la pression des 1 900 invités qui ont refusé de quitter le Théâtre des Champs-Élysées.
Le conte acidulé de Roland Topor, L’hiver sous la table, est le grand triomphateur de cette soirée cacophonique avec six trophées, suivi par Comme en 14 ! de Dany Laurent avec trois récompenses.
À elles deux, ces deux pièces...
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