Par Jean-Claude BOULOS
Président mondial de l’IAA
Monsieur le ministre,
Je m’adresse à vous, car vous êtes le ministre dont dépendent les agences de publicité, en tant que corps de métier et que c’est avec vous que notre collègue, M. Ramsay Najjar, a entamé, du temps de son mandat comme président du syndicat des agences de publicité, des discussions sur l’autodiscipline dans le domaine de la publicité, afin d’éviter de déboucher sur une réglementation qui pourrait juguler la liberté de l’expression publicitaire.
Ces discussions ont abouti à un protocole préliminaire dont vous êtes le parrain. Et nous avions trouvé auprès de vous non seulement une oreille attentive, mais également l’encouragement d’un ministre compréhensif, à l’esprit ouvert sur la modernité et jaloux de laisser au secteur privé la liberté d’action.
Nous avons été surpris de lire dans la presse des « recommandations de Télé Lumière » contre les publicités contraires aux «bonnes mœurs », suggérant que « les forces de l’ordre devraient jouer leur rôle de contrôleur (sic) en prenant des mesures contre les commerçants (re-sic) qui emploient ce type de publicité » (qualifiée de pornographique !...).
Demander « aux forces de l’ordre » de réglementer la publicité au Liban est sans aucun doute une aberration héritée d’un système ottoman depuis longtemps vouée aux gémonies.
Il est temps, il est grand temps de nous aligner sur ce qui se fait dans les pays du monde, où l’économie est libre et prospère. Créer au Liban, à l’instar de la France, de l’Angleterre et de l’Europe, le Bureau de vérification de la publicité (BVP), le Standard of Ethics, ou la European Advertising Standards Association, qui toutes régulent l’éthique du message publicitaire, son contenu et sa présentation.
Ce BVP libanais, formé prioritairement par des annonceurs, des médias et des agences de publicité, serait seul habilité à juger les publicités et à donner l’aval pour leur diffusion, leur insertion ou leur affichage. « Les forces de l’ordre » sont parfois à la recherche « d’un sein que je ne saurais voir » mais passent à côté de publicités dégradantes pour le statut des droits de la femme, de l’homme, de l’enfant.
À l’IAA et au syndicat des agences, nous avons toutes les données qui nous permettent d’exercer une autodiscipline. Ce qui interdirait à des francs-tireurs (c’est d’eux que vient tout le mal) de créer des publicités qui nous valent les recommandations de certains milieux religieux.
Depuis près de 20 ans, Ramsay Najjar et moi-même militons pour la création du BVP. Nous sommes intervenus pour changer fondamentalement la loi sur l’audiovisuel (qui, étrangement, se chargeait aussi de réglementer la... publicité), nous avons arrêté avec d’autres confrères les effets néfastes d’une loi coercitive que les ministères préparaient. Tout cela parce que nous croyons dans la liberté de l’expression publicitaire dans le cadre d’un organisme autodisciplinaire, nous croyons dans le droit du consommateur de choisir (Advertising : The Right to Chose), nous croyons dans la publicité au service du développement durable.
Pour renforcer notre argument, nous aimerions ajouter que, durant des discussions avec le ministre de l’Information (concerné en raison du fait que la publicité passe dans des médias), nous avons perçu chez lui une parfaite harmonie avec notre proposition de voir la tutelle des agences de publicité revenir au ministère de l’Économie en exclusivité, encourageant par le fait même un BVP libanais.
Tout cela est au cœur des activités d’une profession : la communication publicitaire. Nous sommes assez grands, assez mûrs pour ne pas avoir à subir la tutelle d’autres parties civiles, religieuses ou sécuritaires.
Monsieur le ministre, nous recommandons vivement la création du Bureau de vérification de la publicité au Liban.
Et vous êtes le seul à savoir comment l’imposer.
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