Actualités - OPINION
Encore un conflit, mais peut-être le dernier, avant la grande bataille
Par A.A. P., le 30 juin 2004 à 00h00
Encore une fois, on reste admiratif, bouche bée, devant l’imagination combative des apprentis sorciers, des Harry Potter du coin. On croyait avoir atteint un pic, et une conclusion, avec le swap. La hache de guerre semblait être enterrée, sans que le calumet de paix soit pour autant allumé, pour le restant de l’été. Car, tout comme l’on avait respecté à la fin de l’année une trêve des confiseurs pour ne pas gêner le négoce des fêtes, on devait, d’un commun accord, ménager la saison touristique et de villégiature. Pour laquelle on avait d’ailleurs déboursé plein de milliards, en direction de la gloutonne EDL. Mais voilà que les habiles imprésarios des deux camps sont arrivés à organiser, à la sauvette, un petit round supplémentaire, dans une sorte d’arrière-salle clandestine de l’hôtel de ville. D’une manière tout à fait inattendue, l’on a en effet dressé le mohafez de Beyrouth contre le président du conseil municipal. Autour de la nomination d’un président d’une commission dite du mètre carré.
Ce différend a été assez rapidement réglé. Par l’arbitrage du ministre de l’Intérieur, Élias Murr. Qui a pratiquement renvoyé dos à dos les protagonistes. Le compromis est simple, fifty-fifty. La direction de la commission revient à Ariss, président de la municipalité ; mais il est secondé, surveillé plutôt, aussi bien par le directeur général de la section municipalités à l’Intérieur que par un ingénieur désigné par le mohafazat. Les quelque 20 édiles protestataires, rebellés contre le prétendu abus de pouvoir du mohafez (qui, sur le papier, ne faisait en réalité que rétablir ses prérogatives), ont retiré leur lettre collective de démission.
Donc, bien qu’étant lui-même réputé lahoudiste, Murr déclare le match draw ou no contest, résultat blanc. Ce qui, en principe, devrait lui valoir les applaudissements des haririens. Mais ce n’est pas le cas. Car, en tranchant d’une manière apparemment impartiale, le ministre a en réalité privé le camp d’en face d’une victoire facile. En effet, tout porte à croire qu’une épreuve de force entre 20 notables élus et un fonctionnaire désigné ne pouvait que tourner à l’avantage des premiers, soutenus par la rue.
C’est sans doute pourquoi Murr soutient que la question n’avait rien de politique. Les haririens, et nombre d’observateurs, estiment le contraire. Et voient dans l’incident un nouvel épisode du combat des chefs. Car Sarraf n’est pas reconnu comme un farouche partisan du président du Conseil, loin s’en faut. Ni comme un contempteur intraitable du régime... Et d’ajouter que sans l’arrière-plan politique, on s’expliquerait mal pourquoi le mohafez n’a pas cherché à arranger le problème à l’amiable avec Ariss. En d’autres termes, on verrait mal pourquoi il aurait pris l’initiative de défier ouvertement les haririens.
Des sources ministérielles neutres accordent, pour leur part, le point au camp de Koraytem. En effet, à leur avis, certains lahoudistes auraient voulu se payer un petit baroud d’honneur. En portant un coup d’épée dans l’eau. Erreur tactique que certains autres de leur camp, sans doute moins impulsifs sinon plus lucides, ont tout de suite entrepris de rattraper, en minimisant l’affaire. Car le souci premier reste de ne pas indisposer ces tuteurs qui ont ordonné un armistice. C’est bien pourquoi les haririens, tout en affirmant l’avoir emporté, se gardent de tout triomphalisme excessif.
D’ailleurs, ils prennent cette provocation pour un avertissement. Et soulignent qu’ils ne seraient pas surpris si bientôt, malgré le mot d’ordre de trêve, leurs adversaires repartaient à l’attaque, en prenant divers lourds dossiers comme prétextes. Ces appréhensions, les haririens les expliquent par le fait que le temps commence à manquer cruellement pour le camp d’en face. Qui vient en outre de subir un revers, nuancé mais certain, infligé par la réaffirmation de la position de Bkerké, hostile à un amendement de la Constitution.
Mais pour beaucoup d’analystes, il est peu probable que le régime relance de sitôt ses troupes à l’attaque du bastion haririen. D’abord parce que cela risquerait de se retourner contre lui, comme on l’a vu avec le test du mohafez. Non seulement sur le plan populaire, mais aussi sur celui, bien plus décisif, de l’empathie des tuteurs. Qui ne seraient pas contents de l’agitation et voudraient peut-être la sanctionner en renonçant à soutenir la reconduction. Si tant est qu’ils l’ont en tête, ce qui n’est pas certain.
Il reste que l’on ne se refait pas. Il y a donc des risques de voir les empoignades reprendre. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que cela se produirait contre l’avis des décideurs.
Philippe ABI-AKL
Encore une fois, on reste admiratif, bouche bée, devant l’imagination combative des apprentis sorciers, des Harry Potter du coin. On croyait avoir atteint un pic, et une conclusion, avec le swap. La hache de guerre semblait être enterrée, sans que le calumet de paix soit pour autant allumé, pour le restant de l’été. Car, tout comme l’on avait respecté à la fin de l’année une trêve des confiseurs pour ne pas gêner le négoce des fêtes, on devait, d’un commun accord, ménager la saison touristique et de villégiature. Pour laquelle on avait d’ailleurs déboursé plein de milliards, en direction de la gloutonne EDL. Mais voilà que les habiles imprésarios des deux camps sont arrivés à organiser, à la sauvette, un petit round supplémentaire, dans une sorte d’arrière-salle clandestine de l’hôtel de ville....
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