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Actualités - CHRONOLOGIE

La cérémonie officielle a été organisée deux jours à l’avance, le nouvel ambassadeur Negroponte arrive à Bagdad Transfert surprise de la souveraineté aux Irakiens

De crainte d’attentats, les États-Unis ont transféré hier, avec deux jours d’avance, le pouvoir à un gouvernement intérimaire irakien qui aura la lourde tâche de mater la guérilla et de mener le pays vers la démocratie avec l’aide d’une force multinationale. La cérémonie de passation des pouvoirs, inattendue et préparée dans le plus grand secret, s’est tenue 48 heures avant la date prévue du 30 juin, à la demande du Premier ministre irakien Iyad Allaoui. Selon le secrétaire d’État adjoint Richard Armitage, le changement de date était destiné à « brouiller les plans » de ceux qui auraient voulu lancer des attaques pour marquer l’événement. La passation, qui consacre sur le plan formel la restitution à l’Irak de sa souveraineté après 14 mois d’occupation, a eu lieu lors d’un échange de documents entre l’administrateur américain Paul Bremer et M. Allaoui, en présence du président intérimaire Ghazi al-Yaouar, dans la zone verte, abritant le QG de la coalition à Bagdad. M. Bremer a qualifié ce jour d’« historique » et a remis à MM. Allaoui et Yaouar une lettre du président George W. Bush demandant la reprise des liens diplomatiques rompus en 1990 après l’invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein. Il a ensuite embarqué à bord d’un avion militaire pour les États-Unis après la dissolution de l’Autorité provisoire de la coalition qu’il a présidée pendant 13 mois. Dans la soirée, le nouvel ambassadeur américain en Irak, John Negroponte, est arrivé à Bagdad pour y diriger la plus importante ambassade américaine au monde. Une lourde tâche attend Allaoui Les nouveaux dirigeants irakiens ont ensuite prêté serment dans l’un des ex-palais de Saddam Hussein dans la zone verte. M. Allaoui s’est engagé à faire juger les combattants étrangers et a appelé les anciens baassistes à se tenir loin de la guérilla. Il a reconnu la lourdeur de la tâche qui l’attend, appelé à l’unité nationale et tendu « la main de la paix » aux pays voisins, dont l’Iran et la Turquie. Il a promis de bâtir des forces de défense, de relancer l’économie, et a demandé une aide étrangère à la reconstruction de son pays. Il a aussi annoncé que son gouvernement prendrait lundi et mardi une série de mesures d’urgence pour tenter de rétablir la sécurité. Malgré le transfert de souveraineté, les États-Unis vont garder, au cours des prochains mois, un rôle prédominant en Irak, dans tous les domaines, militaire, économique ou politique, au risque de frictions avec le nouveau pouvoir. Au sommet de l’Otan à Istanbul, le président Bush a par ailleurs promis que ses forces resteraient en Irak « aussi longtemps qu’il le faudra pour assurer la stabilité » du pays. George W. Bush, qui s’est félicité de l’événement, a néanmoins souligné que le combat contre les « ennemis terroristes » était loin d’être terminé et que des temps difficiles étaient encore à prédire. Seuls le président Bush, le Premier ministre britannique Tony Blair et quelques membres de l’Alliance étaient au courant de l’avancement de la date du transfert. Paris et Berlin n’étaient pas dans la confidence. Parallèlement, les dirigeants de l’Alliance atlantique ont donné leur feu vert formel pour une assistance de l’Alliance à la formation des forces de sécurité irakiennes. Symbole des divergences qui demeurent encore au sein de l’Otan, le président français Jacques Chirac a cependant tenu à rappeler que l’Otan n’a pas « vocation » à intervenir dans ce pays. Les Arabes sceptiques Globalement, le transfert a été bien accueilli dans le monde, mais à différents degrés : il a été applaudi avec ostentation par les membres de la coalition menée par les États-Unis, mais salué plus sobrement par les pays opposés à la guerre qui avait renversé le président Saddam Hussein en avril 2003. Pour les analystes arabes, le transfert de souveraineté qui s’est déroulé presque à la sauvette illustre un processus purement formel qui ne met pas réellement fin à l’occupation du pays. Enfin, beaucoup d’Irakiens continuent, sceptiques, à croire que la réalité du pouvoir restera aux Américains. La transition entre la coalition et les nouvelles autorités irakiennes s’est déroulée dans un climat de violence qui n’avait cessé de s’amplifier à l’approche du transfert des pouvoirs. Des inconnus à bord d’une voiture ont ouvert le feu hier sur le siège du ministère de la Culture à Bagdad, sans faire de blessé. Une explosion, au passage d’un convoi militaire américain, a coûté la vie à deux paysans irakiens dans la région de Baaqouba (60 km au nord-est de Bagdad). À Bassora, dans le Sud, un soldat britannique a été tué et deux autres blessés par une explosion apparemment au passage de leur convoi. L’armée américaine a confirmé qu’un caporal des Marines, Wassef Ali Hassoun, était porté disparu depuis le 21 juin. Pour sa part, un des trois otages turcs retenus en Irak par un groupe armé lié à el-Qaëda, qui menace de les décapiter, a assuré dimanche à sa famille par téléphone qu’ils seraient libérés dans une semaine, selon l’agence Anatolie. Par ailleurs, le général Mark Kimmitt a démenti des informations de médias étrangers faisant état de la capture du chef islamiste jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, considéré par les forces américaines comme le cerveau des attentats en Irak. Mais, selon un chef du groupe d’intervention rapide (SWAT) de la police irakienne de Hilla, le lieutenant-colonel Salam Trad, un homme ressemblant fort à Zarqaoui a été arrêté dans la ville située à 100 km au sud de Bagdad.
De crainte d’attentats, les États-Unis ont transféré hier, avec deux jours d’avance, le pouvoir à un gouvernement intérimaire irakien qui aura la lourde tâche de mater la guérilla et de mener le pays vers la démocratie avec l’aide d’une force multinationale.
La cérémonie de passation des pouvoirs, inattendue et préparée dans le plus grand secret, s’est tenue 48 heures avant...