Des soupçons de corruption continuaient à peser hier sur le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, remis en cause par un rapport judiciaire après avoir échappé, faute de preuves, à une inculpation.
Le rapport rédigé par l’ex-procureur de l’État Edna Arbel demandait que M. Sharon fût poursuivi pour ses liens avec un homme d’affaires, David Appel, inculpé pour corruption active dans une série d’affaires. « Il est clair que dans ses fonctions de ministre des Infrastructures et de chef de la diplomatie, M. Sharon a accepté des pots-de-vin de M. (David) Appel », bailleur de fonds du Likoud, le parti du Premier ministre, écrit notamment Mme Arbel dans son texte de 53 pages. Elle fait état de 540 000 dollars versés en tout aux Sycomores, le ranch privé de M. Sharon dans le sud d’Israël, et de 100 000 dollars octroyés en salaires à Gilad Sharon, le fils du Premier ministre.
Le conseiller juridique du gouvernement qui fait fonction de procureur général, Menahem Mazuz, ne l’a pas suivi, estimant les preuves insuffisantes pour une inculpation. Toutefois, il a averti que cette décision n’impliquait pas que M. Sharon était lavé de tout soupçon pour autant. « Ne pas engager de poursuites ne revient pas à décerner un certificat de moralité publique » écrit M. Mazuz à la Cour suprême. « Le refus d’inculper, faute de preuve, n’implique aucune décision sur le fond » de l’affaire, poursuit M. Mazuz.
Tous les médias israéliens ont souligné hier ces troublantes différences d’approche au sommet de la hiérarchie de l’appareil judiciaire. « Les faits ne sont pas contestés. C’est leur interprétation qui est divergente (...) On peut s’interroger sur les insinuations contre Menahem Mazuz (procureur général) selon lesquelles il manque d’expérience et a accepté la corruption politique en croyant aux explications de Sharon », écrivait ainsi le quotidien Maariv à propos de ce rapport. « L’écart entre la décision du procureur général (de clore l’affaire) et les conclusions d’Edna Arbel (ex-procureur de l’État), recommandant l’inculpation de Sharon et de son fils cadet Gilad, est incompréhensible », a renchéri un éditorial du quotidien Haaretz. Le ministre de la Justice, Joseph Lapid, a lui-même convenu, jeudi soir lors d’une conférence à Tel-Aviv, « que Arbel et Mazuz ont des approches différentes du système judiciaire, qui reflètent un conflit idéologique ». « L’ex-procureur (Arbel) estime que lorsque de l’argent change de mains sans explication claire, c’est du chantage, tandis que le procureur général (Mazuz) considère uniquement les preuves (...) Et c’est uniquement au vu des preuves accumulées qu’il peut faire état de corruption ou d’extorsion de fonds », a-t-il dit.
M. Mazuz répondait à trois pourvois devant la Cour suprême contre sa décision de classer l’affaire Sharon. Deux de ces pourvois doivent être examinés demain par l’institution juridique suprême de l’État hébreu, mais les médias israéliens écartaient un désaveu de M. Mazuz.
Rencontre Mofaz-Burns
Sur le terrain diplomatique, le ministre de la Défense Shaoul Mofaz a jugé hier que les « intentions de l’Égypte » concernant la bande de Gaza étaient « sincères », lors d’un entretien avec le secrétaire d’État adjoint américain chargé du Proche-Orient, William Burns. M. Mofaz faisait référence aux propositions faites par Le Caire pour aider l’Autorité palestinienne à assurer l’ordre dans la bande de Gaza après le retrait prévu de l’armée israélienne. Il a toutefois souligné qu’Israël ne quitterait pas la zone frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte sans garantie égyptienne qu’il n’y aura aucune contrebande d’armes par les tunnels entre ces deux territoires. Selon lui, l’armée israélienne devra maintenir le contrôle de la frontière, près de la ville de Rafah, même après le retrait, et ce, aussi longtemps « qu’Israël n’est pas complètement assuré que les Égyptiens peuvent et veulent empêcher la contrebande d’armes ».
Parallèlement, dans les territoires occupés, les forces israéliennes ont démoli à Bethléem, en Cisjordanie, la maison d’un chef local du mouvement radical Jihad islamique. L’armée a par ailleurs arrêté cinq Palestiniens recherchés. De même, un Palestinien de 18 ans a été tué par des tirs de soldats lors de heurts avec de jeunes lanceurs de pierres à Naplouse. D’autre part, un Palestinien grièvement blessé le 19 mai, lors de l’opération militaire à Rafah, dans Gaza, est décédé.
Paris soutient les efforts du Caire
pour préparer le retrait de Gaza
La France a réitéré hier son soutien aux efforts de l’Égypte pour mettre en place des arrangements de sécurité avant un retrait israélien de la bande de Gaza. « La France soutient l’action de l’Égypte à titre national (...) et dans le cadre européen », a déclaré la porte-parole adjointe du ministère des Affaires étrangères, Cécile Pozzo di Borgo. « Le choix de Taba marque la reconnaissance de la communauté internationale à l’égard des efforts de l’Égypte », a souligné Mme Pozzo di Borgo, soulignant que ces efforts étaient « en harmonie avec la “feuille de route” ».
El Al suspend ses vols vers la Turquie pour des raisons sécuritaires
La compagnie aérienne israélienne El Al a suspendu ses vols réguliers en direction de la Turquie à la suite d’un différend sur les arrangements de sécurité à l’aéroport international d’Istanbul. Les arrangements jusqu’à présent en vigueur ont été révisés unilatéralement par les autorités turques, et un vol d’El Al prévu jeudi en partance de l’aéroport Ben-Gourion à destination d’Istanbul a été annulé. Selon une source de la compagnie, le différend porte sur le nombre de vigiles israéliens autorisés à circuler dans l’aéroport d’Istanbul, ainsi que sur leurs armes et la définition de leurs prérogatives. Les autorités des deux pays tentent de régler ce différend et de trouver des solutions alternatives pour les passagers ainsi affectés.
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