Le ministère saoudien de l’Intérieur a annoncé hier dans un communiqué l’arrestation de huit suspects liés à des incidents armés entre forces de sécurité et islamistes radicaux présumés, ayant fait au moins six tués, dont une personne recherchée. « Il a été procédé à l’arrestation de huit personnes ayant des liens avec les récents événements, dont l’identité ne peut être divulguée pour les besoins de l’enquête, ni le rôle qu’elles ont joué » dans cette affaire, a déclaré un porte-parole du ministère, cité par l’agence. Les huit arrestations ont été opérées à la suite d’affrontements qui ont eu lieu le 12 avril dans le quartier Fayha, dans l’est de Ryad, et qui se sont soldés, selon les autorités, par la mort d’un islamiste présumé et d’un policier. Au lendemain de ces accrochages, quatre policiers saoudiens, dont un officier, ont été tués par des extrémistes islamistes présumés dans la province de Qassim, à 240 km au nord de Ryad, où les forces de sécurité ont également désamorcé deux voitures piégées et saisi un autre véhicule plein d’armes. Dans un autre incident, un policier saoudien a été tué et un autre blessé mercredi par des inconnus qui ont ouvert le feu sur leur patrouille dans la localité d’al-Ouyaynah, au nord-ouest de Ryad, selon des témoins. Samedi, le ministère de l’Intérieur a annoncé avoir retrouvé et désamorcé une troisième voiture piégée, que les forces de sécurité recherchaient activement depuis le 13 février. Elle a été retrouvée dans le quartier al-Sley, dans l’est de Ryad. Dans son communiqué hier, le ministère de l’Intérieur affirme que les deux voitures piégées saisies dans la province de Qassim étaient chargées respectivement de 1 429 kg et de 1 398 kg d’explosifs qui ont été bien « camouflés » pour servir apparemment à des attentats. La troisième voiture retrouvée était bourrée de 1 300 kg, a ajouté le ministère, annonçant aussi la saisie de « vêtements féminins, d’armes, de munitions, d’ordinateurs, de sommes d’argent et de bombes de fabrication artisanale ainsi que des cocktails Molotov ». Le 13 février, le ministère de l’Intérieur a lancé une alerte à destination des habitants de Ryad, indiquant qu’une voiture piégée pourrait être utilisée dans un attentat. Le ministère avait indiqué que le véhicule était au nom de l’un des suspects recherchés par les autorités. En raison du risque d’attentat, les États-Unis ont annoncé jeudi dernier qu’ils allaient demander au personnel diplomatique américain non essentiel de quitter l’Arabie. « Nous sommes inquiets, le niveau de menace a augmenté et, au vu de ces menaces et des informations que nous avons reçues, nous allons donner l’ordre de partir », avait déclaré le secrétaire d’État Colin Powell. Les forces de sécurité saoudiennes ont intensifié ces derniers mois leur traque des sympathisants du réseau terroriste el-Qaëda. Le responsable de ce réseau pour la région du Golfe, le Yéménite Khaled Ali ben Ali Haj, a été tué le 15 mars dans un affrontement armé avec la police à Ryad. Une liste des 26 activistes les plus recherchés dans le royaume a été rendue publique le 6 décembre 2003 par les autorités saoudiennes. Mais leur nombre a été depuis réduit à 22 – 20 Saoudiens et 2 Marocains – après la mort de trois suspects, dont le Yéménite, tués par les forces de sécurité, et la reddition d’un quatrième selon Ryad. Plusieurs attentats en préparation à Londres, selon un groupe islamiste Différents groupes partisans d’el-Qaëda préparent des attentats de grande ampleur à Londres, a affirmé un dirigeant d’un groupe islamiste dans une interview à un journal portugais. Cheikh Omar Bakri Mohammed, chef du groupe al-Muhajiroun, basé à Londres et soupçonné de liens avec el-Qaëda, a également affirmé que les attentats meurtriers du 11 mars à Madrid étaient le fait d’un groupe indépendant partisan de l’organisation d’Oussama Ben Laden. « Il y a beaucoup de jeunes qui rêvent d’appartenir à ce réseau, pire encore, il y a beaucoup d’indépendants qui sont prêts à lancer des opérations similaires à celles d’el-Qaëda. Les attentats de Madrid ont été faits par un de ces groupes », a-t-il déclaré au quotidien Publico. « Ici à Londres, il y a un groupe très bien organisé, qui se nomme lui-même el-Qaëda-Europe. Je sais qu’ils sont sur le point de lancer une grosse opération », a-t-il ajouté. Il est « inévitable » que Londres soit la cible d’un gros attentat, « car plusieurs groupes sont en train d’en préparer », a-t-il déclaré. La CIA a évoqué dès 1995 le risque d’attentat islamiste sur le sol américain La CIA avait averti dès 1995 que des extrémistes musulmans, furieux du soutien des États-Unis à Israël et de leur présence militaire en Arabie saoudite, pourraient organiser une attaque sur le sol américain, a déclaré un responsable américain. L’avertissement était inclus dans le rapport annuel de la CIA pour 1995 et a été transmis à la Maison-Blanche et au sein du Congrès, comme une série d’autres rapports, afin de sensibiliser davantage le gouvernement à propos du terrorisme islamiste, a expliqué ce responsable sous le couvert de l’anonymat. Bien que le rapport de 1995 n’ait pas cité Oussama Ben Laden, il évoquait la possibilité que des extrémistes musulmans s’en prennent à des avions ou à des endroits symboliques à New York et Washington, selon cette source. Il mentionnait notamment le quartier de Wall Street et ses institutions financières à New York et les bâtiments officiels comme la Maison-Blanche et le Capitole à Washington, a ajouté ce responsable. Un attentat aux camions piégés en provenance de Syrie déjoué à Amman, confirme le roi Abdallah II Le roi Abdallah II de Jordanie a affirmé qu’un attentat visant à détruire le gouvernement jordanien avait été déjoué par les services de sécurité du royaume hachémite. Les services de sécurité jordaniens ont saisi cinq camions remplis de 17,5 tonnes d’explosifs, a affirmé le roi Abdallah II dans un entretien publié samedi par le quotidien San Francisco Chronicle. « Cela aurait été une opération majeure. Elle aurait décapité le gouvernement » jordanien, a-t-il dit. L’attaque visait le bureau du chef du gouvernement et le ministère abritant les services de renseignements, a-t-il précisé. « Cela aurait pu provoquer des milliers de victimes », a-t-il souligné. Le roi a précisé que le complot avait échoué grâce à l’aide de services antiterroristes européens. Sans donner de détails sur l’opération, il a indiqué que les camions chargés d’explosifs venaient de Syrie. « Je suis entièrement certain que le président syrien Bachar el-Assad n’était pas au courant », a souligné le souverain jordanien. Le réseau terroriste el-Qaëda a été « durement touché », a-t-il dit, « mais, a-t-il ajouté, il demeure encore très, très efficace ».