Actualités - CHRONOLOGIE
Quand Robert McNamara, l’homme du Vietnam, égratigne Bush sur l’Irak
le 19 avril 2003 à 00h00
Ignorance des alliés, incompréhension de l’adversaire, négligence du risque nucléaire: à 87 ans, Robert McNamara, un des principaux responsables de l’engagement américain au Vietnam, égratigne la politique de George W. Bush en Irak, tirant ses propres leçons du passé. Très contesté dans l’opinion à l’époque, l’ancien secrétaire à la Défense des Administrations Kennedy et Johnson (1960-68), décortique ses actes et ses erreurs. « J’ai l’âge » de le faire, dit-il dans le documentaire d’Errol Morris, primé aux Oscars, The Fog of War (Le brouillard de la guerre). « Brouillard » parce qu’une guerre implique des imprévus, dit-il. Pourtant, depuis le Vietnam, certains éléments sont bien établis, selon McNamara, qui, sans citer l’Administration actuelle, entend lister « les leçons du XXe siècle pour le XXIe ».
Leçon numéro un : ne pas partir seul en guerre, a-t-il dit lors d’une conférence à New York devant l’Association du barreau américain. « Nous sommes la nation la plus puissante du monde... Nous ne devrions jamais utiliser ce pouvoir unilatéralement. »
Aujourd’hui, « il n’y a pas de solution en Irak qui n’implique un rôle majeur des Nations unies », juge-t-il, relevant que les récentes propositions de l’envoyé spécial de l’Onu, Lakhdar Brahimi, pour un gouvernement intérimaire irakien « nous donnent un peu d’espoir ».
Leçon numéro deux : donner la priorité à la question de la prolifération des armes nucléaires : « Nous avons aujourd’hui les pires problèmes avec la Corée du Nord... Là, l’action préventive, le changement de régime, ça ne marchera pas. Qu’est-ce qu’on va faire ? C’est une question sans réponse, mais il faut s’en préoccuper ».
« Notre politique en matière nucléaire est à peu près la même depuis 40 ans, c’est dément. On est lié par le traité de non-prolifération, et nous voilà en train de concevoir deux nouvelles armes ! C’est immoral et illégal. »
À côté de lui, un ancien conseiller de John Kennedy, Theodore Sorensen, semblait plus remonté encore. En référence au discours de Martin Luther King « J’ai un rêve », il a déclaré : « Je n’ai jamais rêvé qu’un jour les États-Unis mèneraient la lutte contre la Cour internationale de justice, ou rejoindraient les États voyous en contournant l’Onu, dit-il, regrettant de voir l’ébullition en Irak se prolonger. « À l’automne 2002, le président Bush a cité le président Kennedy » sur la crise des missiles de Cuba et la nécessité de réagir, poursuit-il. Mais en 1962, il n’y a pas eu frappe : « Une frappe préventive aurait tué des innocents, suscité l’hostilité de l’Amérique latine, créé un précédent », dit-il, regrettant « que les propos de JFK aient été cités pour soutenir la politique » actuelle.
Ignorance des alliés, incompréhension de l’adversaire, négligence du risque nucléaire: à 87 ans, Robert McNamara, un des principaux responsables de l’engagement américain au Vietnam, égratigne la politique de George W. Bush en Irak, tirant ses propres leçons du passé. Très contesté dans l’opinion à l’époque, l’ancien secrétaire à la Défense des Administrations Kennedy et...
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