Le parti gouvernemental a remporté un triomphe hier aux législatives de Corée du Sud, offrant une revanche au président réformateur Roh Moo-hyun un mois après son humiliante destitution par l’opposition conservatrice, selon des sondages à la fermeture des bureaux de vote. Le parti progressiste Uri, qui soutient M. Roh, a obtenu la majorité absolue des sièges, entre 155 et 172 sur un total 299, selon un dépouillement partiel. L’opposition conservatrice du Grand parti national (GNP), majoritaire dans la Chambre sortante, n’obtiendrait que de 92 à 115 sièges au Parlement élu pour quatre ans. Les électeurs ont désavoué les conservateurs et leurs alliés qui avaient voté au Parlement la destitution de M. Roh le mois dernier. La mesure très impopulaire avait plongé la Corée du Sud dans l’incertitude. Il s’agit aussi d’un grand coup de barre à gauche pour la Corée du Sud qui n’avait pas connu de Parlement dominé par les réformateurs depuis plus de 40 ans. Le président n’était pas candidat au scrutin législatif, mais celui-ci avait pris valeur de référendum pour ou contre son retour au pouvoir. La décision revient à la Cour constitutionnelle qui doit se prononcer d’ici à septembre, mais il ne fait pas de doute que le résultat des législatives pèsera dans sa décision. M. Roh, 57 ans, avait promis de démissionner si Uri n’obtenait pas un bon résultat. « Les gens ont sauvé notre démocratie. Ils ont sauvé le président. Les élections confirment que le pays appartient au peuple », a lancé le dirigeant d’Uri, Chung Dong-young. Uri avait appelé les Sud-Coréens à donner une leçon aux conservateurs et à leurs alliés qui avaient destitué le président pour une violation mineure de la loi électorale. La mesure avait été perçue comme une manœuvre pour faire oublier un grand scandale de corruption impliquant le GNP et se débarrasser d’un dirigeant atypique dont la victoire surprise en décembre 2002 n’avait jamais été acceptée par l’establishment. M. Roh et ses partisans ont apparemment profité d’une participation plus forte qu’il y a quatre ans, bénéficiant du vote des jeunes générations. Les questions de l’Irak et de la Corée du Nord ont également mobilisé les électeurs, même si la politique étrangère est essentiellement du ressort de la présidence. Le GNP est traditionnellement partisan d’une ligne plus dure à l’égard de Pyongyang et d’un alignement sur Washington alors que le président Roh prône le dialogue avec le régime communiste et un rééquilibrage de l’alliance avec les États-Unis.