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Actualités - CHRONOLOGIE

Dans la ville sunnite rebelle, il y a plus de combattants que d’armes

La ville insurgée de Falloujah, assiégée depuis dix jours par les Marines, a plus de combattants que d’armes, et quand l’un des hommes tombe, son fusil est aussitôt récupéré par un autre. «Chaque fois qu’un combattant tombe, un autre prend son arme et continue le combat », affirme Mahmoud Yassine, un ancien militaire de 37 ans, blessé par un tireur d’élite américain avant même d’avoir pu récupérer un fusil. Il grimace de douleur en tentant de se redresser sur son lit dans un dispensaire, tenant son épaule bandée. Mahmoud Yassine a fait évacuer femme et enfants à Bagdad depuis que les Marines ont lancé leur offensive après l’assassinat brutal de quatre employés de sécurité américains le 31 mars. «J’ai voulu rester à Falloujah car ma ville a peut-être besoin de moi, mais j’ai été blessé devant chez moi en regardant les combats », souligne M. Yassine. Il précise qu’il n’a pas combattu « car il y a plein de résistants et pas assez d’armes ». « J’attendais mon tour. Il y a beaucoup de gens qui attendent leur tour pour combattre », ajoute-t-il. Dans le dispensaire local transformé en hôpital, les médecins et les infirmiers sont débordés. Il y aussi des gens en habit civil. « Certains sont à l’arrière pour aider les combattants, dont des volontaires qui s’occupent des blessés dans les hôpitaux et d’autres qui utilisent leurs camionnettes comme ambulances. C’est une autre forme de résistance », explique le blessé. Il est entouré de combattants blessés. Il y a dix jours encore, Abou Bakr, commerçant de 39 ans, était encore un paisible père de famille. Aujourd’hui, il gît sur un lit, blessé par un éclat à la poitrine alors qu’il rejoignait la guérilla en première ligne face aux Marines. « On a proposé de me transférer dans un hôpital de Bagdad, mais j’ai refusé catégoriquement. Je veux rester ici pour protéger ma ville des envahisseurs américains et j’ai hâte de retourner me battre », dit-il. À côté, se trouve Samer Husseini, un employé à la compagnie d’électricité de 48 ans, blessé il y a quatre jours par un éclat à sa main gauche alors qu’il participait à la confrontation. « Notre ville n’accepte pas l’oppression. Bien que nous risquions les tortures et les exécutions, nous nous sommes battus contre Saddam Hussein avant les Américains », dit il. « Maintenant, nous nous battons pour notre liberté, pour notre religion, pour notre pays. La vrai combat vient de commencer », dit cet habitant de la « cité des mosquées », nom donné à Falloujah, qui en compte plus d’une centaine. M. Husseini explique en outre que l’arrestation de l’ancien dictateur en décembre par les forces américaines a encouragé beaucoup de gens à s’engager dans le combat contre l’occupation américaine. « Nous avions peur d’être assimilés à Saddam Hussein, mais maintenant qu’il a été capturé, nous pouvons rejoindre la résistance sans complexe », ajoute-t-il. En dépit de la supériorité militaire de la coalition, ce combattant se dit convaincu que ses adversaires «seront défaits car ils combattent pour des gains matériels alors que nous, nous combattons pour un idéal ». Il a décidé de garder sa femme et ses quatre enfants à Falloujah. « Au premier jour de l’offensive, j’ai dit à mon fils aîné Jamal que je risquais de mourir dans les combats et qu’il devait en être témoin pour prendre les armes quand il grandira afin de continuer la lutte. »
La ville insurgée de Falloujah, assiégée depuis dix jours par les Marines, a plus de combattants que d’armes, et quand l’un des hommes tombe, son fusil est aussitôt récupéré par un autre. «Chaque fois qu’un combattant tombe, un autre prend son arme et continue le combat », affirme Mahmoud Yassine, un ancien militaire de 37 ans, blessé par un tireur d’élite américain avant...