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Actualités - CHRONOLOGIE

RAPPORT - Le gouvernement libanais est invité à agir de façon crédible La dynamique de Paris II est épuisée, avertit la Banque mondiale

Bien qu’il ait eu accès à une aide internationale dont le niveau est qualifié « d’exceptionnel » par la Banque mondiale, dans son dernier rapport trimestriel, le Liban n’est pas encore sorti de ses difficultés macroéconomiques alors que « la dynamique de Paris II est épuisée ». Publié hier, le rapport sur le Liban dresse un bilan de l’année 2003 qui a été marquée par deux évolutions « importantes bien que contrastées : confiance renouvelée dans l’économie libanaise d’un côté, et absence d’action sur le front des réformes structurelles, d’un autre côté. » Cette inertie n’est pas tenable, avertissent les auteurs du rapport, car « elle ne se traduira pas uniquement par un ralentissement de la croissance et des déséquilibres macroéconomiques grandissants ; elle menacera les chances d’une reprise future de la croissance et aura des effets dévastateurs sur le secteur financier, le creuset social et la qualité de la gouvernance publique ». Loyauté des investisseurs La Banque mondiale presse donc les autorités d’agir, d’autant, disent les experts, que « la loyauté – prouvée et testée – des investisseurs offre une occasion en or au gouvernement de mettre en œuvre une politique agressive destinée à rétablir sa crédibilité et laisser espérer un retour durable de la croissance ». Cette « loyauté » des investisseurs a pris la forme d’une forte augmentation des entrées de capitaux privés dès le lendemain de la conférence de Paris II. Mais cette dynamique, déclenchée par l’octroi d’aides étrangères et renforcée par une bonne saison touristique, est désormais « épuisée », dit la Banque mondiale. « Faute de nouveaux transferts liés à des aides publiques étrangères depuis mai 2003, les entrées de capitaux privés se sont stabilisées à un niveau qui compense plus ou moins le déficit de la balance commerciale. En conséquence, les réserves brutes en devises de la Banque centrale ont cessé d’augmenter depuis juillet 2003 et varient entre 10,2 et 10,4 milliards de dollars. » Le rapport met en évidence ce lien entre les entrées de capitaux et le niveau des réserves de la BDL pour contester l’interprétation en termes de croissance (hausse de + 6 % de son indicateur synthétique en 2003) faite par la Banque centrale de l’augmentation de 13 % de la masse monétaire en 2003. Cette hausse « est censée refléter une augmentation des moyens de paiement des agents, mais elle a en fait servi à renflouer les réserves en devises de la Banque centrale et n’a donc joué, au mieux, qu’un rôle indirect pour promouvoir la croissance à travers le renforcement de la confiance ». Légère amélioration de l’activité Faute de comptabilité nationale – une lacune à nouveau déplorée par la Banque mondiale –, seule la lecture d’indicateurs indirects donne une idée de l’évolution de l’activité l’année dernière qui est «légèrement meilleure en 2003 qu’en 2002 », mais qui reste « insuffisante pour renverser la dynamique de la dette ». Il faudrait que la croissance nominale du PIB excède les 6 % pour stabiliser le ratio dette/PIB, précisent les auteurs du rapport. Citant des expériences européennes, telles celles de l’Irlande et du Danemark dans les années 1980, la Banque mondiale souligne à cet égard que consolidation budgétaire et croissance ne sont pas forcément antinomiques. Au contraire, « un engagement crédible et soutenu à appliquer des réformes structurelles peut avoir un impact positif (expansionniste) plutôt que négatif sur la croissance ». Le mot « crédible » est bien entendu la clé, car la difficulté pour les gouvernements est de convaincre les marchés de la poursuite des efforts d’ajustement pendant plusieurs années. C’est pourquoi « le dérapage des réformes budgétaires et structurelles annoncées à Paris II représente un défi pour la crédibilité du Liban et son aptitude à entreprendre l’ajustement nécessaire ». Le rapport souligne en effet que le budget 2003 s’est soldé par un déficit supérieur de 56 % à ce qui était prévu par la loi de finances. Évolution des taux d’intérêt Le dérapage du déficit met en évidence deux problèmes, selon la Banque mondiale, « la difficulté de contrôler les dépenses et les revenus extrabudgétaires, tels que les transferts à Électricité du Liban ou les recettes de privatisations ; et la difficulté de contrôler la croissance du service de la dette dans un environnement libéral marqué par l’indépendance des marchés financiers. » En 2003, l’excédent budgétaire primaire (solde hors service de la dette) a représenté 3-4 % du PIB, contre 1-2 % en 2002. Mais cette hausse n’a pas suffi à atteindre le niveau nécessaire à la stabilisation du ratio dette/PIB, malgré la stagnation du coût moyen de la dette à 11 % et la lègère accélération de la croissance, lit-on dans le rapport. Il aurait fallu un excédent primaire de 9-10 % du PIB. Le niveau requis en 2004 tombe à 6-7 % du PIB, grâce aux effets de Paris II sur les taux d’intérêt et la restructuration de la dette, mais l’excédent primaire prévu ne devrait être que de 3 % du PIB. Une prévision qui est « fragile », selon la Banque mondiale, car elle « dépend grandement de l’évolution des taux d’intérêt, qui, étant donné la maturité relativement courte de la dette, peuvent avoir un impact quasi immédiat sur le service de la dette ». Or, le niveau des taux d’intérêt est un élément déterminant de l’ampleur des entrées de capitaux. Et « la poursuite de la croissance rapide de la masse monétaire est cruciale pour le financement des déficits futurs ». En 2004, une grande partie des besoins de financement du gouvernement et le renouvellement de la dette (12 milliards de dollars, dont 10,5 milliards en livres) seront assurés par les nouvelles ressources disponibles grâce aux entrées massives de capitaux en 2003. La plupart des capitaux entrés dans le pays ont en effet été convertis en monnaie locale, et 77 % de l’augmentation de la masse monétaire a reflété une hausse des dépôts en livres. La Banque centrale a absorbé ces nouvelles ressources à travers des certificats de dépôt dont le portefeuille a atteint huit milliards de dollars, rappelle la Banque mondiale. S.R.
Bien qu’il ait eu accès à une aide internationale dont le niveau est qualifié « d’exceptionnel » par la Banque mondiale, dans son dernier rapport trimestriel, le Liban n’est pas encore sorti de ses difficultés macroéconomiques alors que « la dynamique de Paris II est épuisée ».
Publié hier, le rapport sur le Liban dresse un bilan de l’année 2003 qui a été marquée par...