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Actualités - CHRONOLOGIE

DETTE - Les municipalités sont appelées à alléger les pressions sociales de la crise économique Freddie Baz : « Un mois d’intérêts financerait 1 600 lits d’hôpitaux »

Le marasme social est sans précédent au Liban, a estimé samedi Freddie Baz, conseiller du président de la Banque Audi, en présence de personnalités du Chouf. L’économiste était invité par l’ancien vice-gouverneur de la Banque du Liban, Ghassan Ayache, à donner son opinion aux responsables politiques de cette région sur le rôle des collectivités locales et des municipalités dans l’allègement des pressions sociales. « Toute crise économique est sociale par essence et quand l’économie est bloquée, c’est que la société est déréglée », a déclaré Freddie Baz, en présence notamment du ministre de l’Économie et du Commerce, Marwan Hamadé, et du député Walid Joumblatt. Les causes de la crise sont connues et le Liban a largement dépassé les seuils au-delà desquels toute économie émergente risque de tomber dans « la marginalisation économique et le piège de la pauvreté ». La croissance économique est de 0,8 % en moyenne sur les cinq dernières années alors que le seuil minimal est de 1 %. Le chômage dépasse les 15 %, compte non tenu de l’émigration, alors que 10 % est considéré comme un maximum soutenable. Le taux de change réel s’est apprécié de 58 % en dix ans au Liban, alors qu’une appréciation de 5 % par an aurait été préférable. Les déficits publics et courants sont respectivement de 32 % et de 17 % du PIB en moyenne des cinq dernières années, alors que le seuil acceptable est de 3 %. Les réserves nettes représentent 4,5 mois d’importations alors qu’il faudrait ne pas dépasser les trois mois. Enfin, la dette publique bat tous les records, avec un ratio de 185 % du PIB, alors qu’elle devrait être limitée à 50 % du PIB. « La situation économique libanaise est largement dans le rouge », constate donc Freddie Baz, qui se soucie particulièrement des conséquences sur le revenu des Libanais et voit dans les incidents de Hay el-Sellom la manifestation de la crise sociale. L’économiste met en lumière les dommages de la dette publique par des comparaisons éloquentes : cette dette représente le PIB du Koweït, huitième exportateur de pétrole, et le service de la dette correspond à des dépenses improductives de huit millions de dollars par jour. « Un avion de la MEA à 44 millions de dollars représente l’équivalent de six jours d’intérêts » payés par le Trésor. « Un mois d’intérêts équivaut à la construction de quatre hôpitaux de 400 lits chacun. » La seule façon pour que l’économie du pays ne soit pas totalement marginalisée et la société paupérisée passe par la relance de la croissance qui doit être de 6 % par an. « Il faut créer 100 000 emplois par an pour que la population active représente 40 % de la population totale, au lieu de 30 % à l’heure actuelle, l’un des niveaux les plus faibles du monde. » Enfin, Freddie Baz propose d’augmenter le salaire réel de 2 % par an, afin d’élever la part des salaires dans le revenu national à 45 %, contre 38 % actuellement. Le débat « stérile » sur les swaps, qui est selon l’économiste « une insulte à l’intelligence des Libanais », semble témoigner du fait que les autorités actuelles ne sont pas en mesure de mettre en œuvre le plan nécessaire au redressement. Cela ne signifie pas qu’il faut baisser les bras, car « la situation est suffisamment grave », estime Freddie Baz, qui a incité les municipalités et les collectivités locales à tenter de trouver des solutions aux pressions sociales en usant de la marge de manœuvre que leur accorde la loi. Les municipalités ont notamment le droit de contracter des emprunts pour financer des projets spécifiques ; de se désister de recettes pour garantir un emprunt ; d’exécuter des projets d’infrastructure ; de secourir les pauvres et les handicapés et d’octroyer des aides aux associations caritatives ; d’organiser des marchés publics et des foires pour promouvoir la production agricole et artisanale. L’économiste a donc exhorté les élus locaux à s’organiser pour mettre au point des projets susceptibles de bénéficier de l’aide des nombreux fonds publics ou privés spécialisés dans le financement des municipalités, tels que le Fonds municipal de la Banque mondiale, le Programme d’adoption de municipalités de la Société financière internationale (groupe Banque mondiale), l’Union internationale des autorités locales (basée aux Pays-Bas) ou encore l’Agence canadienne de développement international. La liste n’est pas exhaustive, souligne Freddie Baz, qui cite, en guise d’exemple, le fonds de Hewlett Packard doté de 400 millions de dollars pour assister les collectivités locales dans l’exécution de projets de nature socio-économique. S.R.
Le marasme social est sans précédent au Liban, a estimé samedi Freddie Baz, conseiller du président de la Banque Audi, en présence de personnalités du Chouf. L’économiste était invité par l’ancien vice-gouverneur de la Banque du Liban, Ghassan Ayache, à donner son opinion aux responsables politiques de cette région sur le rôle des collectivités locales et des municipalités dans...