Le ministre palestinien des Affaires étrangères Nabil Chaath a souhaité hier un arrêt des attaques du Hamas à partir de la bande de Gaza après un retrait israélien, mais le mouvement islamiste s’y est refusé. M. Chaath a lié toute intégration du Hamas à l’Autorité palestinienne à une trêve observée par le mouvement islamiste radical. « Nous espérons qu’une fois le retrait opéré, il y aura un véritable cessez-le-feu », a-t-il déclaré. Le ministre palestinien, qui se rend prochainement à Washington, a annoncé par ailleurs que les États-Unis et la Banque mondiale étaient prêts à fournir une « aide économique massive » à la bande de Gaza après un retrait d’Israël. Mais un responsable du Hamas, Saïd Siam, a affirmé en réaction que son mouvement était déterminé à poursuivre la lutte armée et qu’il n’avait pas demandé à rejoindre les structures actuelles de l’Autorité palestinienne. « Nous n’avons pas demandé à intégrer l’Autorité palestinienne existante, mais nous participons au dialogue en cours sur un retrait israélien », a répliqué M. Siam, qualifiant la condition posée par M. Chaath de « déplacée ». « Tant qu’il y a occupation, la résistance va continuer. Si les forces occupantes quittent la bande de Gaza, nous pourrons participer » à l’administration de ce territoire, a-t-il ajouté. Le Premier ministre israélien Ariel Sharon prévoit un retrait de la majorité des colonies de la bande de Gaza, tout en maintenant une présence militaire à la frontière avec l’Égypte. « L’occupant israélien tue chaque jour des civils, des enfants et des femmes. Quand il cessera de le faire, le Hamas agira en conséquence », a-t-il souligné. Washington a mis en garde mardi dernier l’Autorité palestinienne contre une intégration du Hamas, en estimant qu’une « organisation terroriste » responsable de la plupart des attaques suicide devait être écartée et non assimilée. Le dirigeant palestinien Yasser Arafat a appelé le Hamas à intégrer l’Autorité, mais le mouvement a déjà refusé d’y être confiné à un rôle marginal. L’Autorité palestinienne est actuellement dominée par le mouvement Fateh de M. Arafat, la plus importante formation palestinienne devant le Hamas. Sur le terrain, l’armée israélienne a arrêté dans la nuit de mercredi à jeudi 27 Palestiniens soupçonnés d’implications dans des attaques. En outre, un fonctionnaire du ministère palestinien des Affaires des prisonniers a été arrêté à Ramallah lors d’un raid de l’armée israélienne dans son bureau. En Israël, un état d’alerte élevé est maintenu de crainte d’attentats durant la semaine pascale juive. Les craintes sont d’autant plus vives que les groupes armés palestiniens ont juré de venger le chef spirituel et fondateur du Hamas, cheikh Ahmed Yassine, assassiné le 22 mars par l’armée israélienne à Gaza. De façon générale, le nombre des attaques-suicide et autres attentats palestiniens en Israël a baissé de façon spectaculaire en trois ans, selon un bilan de l’armée publié par le quotidien Haaretz. Alors qu’on comptait 114 attentats en 2001, avec un pic de 40 attaques au troisième trimestre, on n’en comptait plus que 96 en 2002, 27 en 2003 et cinq depuis le début de l’année. L’armée se félicite de sa capacité d’avoir empêché au cours des derniers mois quatre sur cinq attentats-suicide avant qu’ils ne soient perpétrés, sans pouvoir toutefois stopper totalement ces attaques meurtrières. Selon le général Eli Yaffe, chef du département des opérations de l’armée, cette baisse s’explique par l’efficacité croissante de l’armée et du service de sécurité intérieure Shin Beth. « Chaque semaine, nous capturons en Judée Samarie entre 100 et 150 Palestiniens recherchés », a indiqué le général. « En fin de compte, nous sommes capables de frapper n’importe qui », a-t-il ajouté en allusion à l’assasinat de cheikh Yassine.