Depuis 1996, le Bureau national de l’emploi tente tant bien que mal d’être à la hauteur de sa vocation.
Pourtant, en huit ans d’existence, le bureau n’a pas encore réussi à s’ériger comme une institution capable d’assurer des emplois à grande échelle, alors que les besoins sont immenses. De 1998 à 2003, le nombre d’embauches réalisées à travers le BNE s’élève à 1 310 seulement, sur 8 807 demandes d’emploi qui lui ont été adressées et 2 675 offres proposées.
Selon Abdel Ghani Chahine, le directeur de l’Institution nationale de l’emploi dont dépend le bureau, ces chiffres modestes s’expliquent principalement par le fait que les crédits alloués jusqu’à présent à l’institution sont très inférieurs par rapport au travail demandé. « L’institution ne dispose que de 2,2 milliards de livres pour l’année 2004 », souligne-t-il.
Il précise que la moitié de ce budget est consacrée à la formation des demandeurs d’emploi, une des principales activités de l’institution, aux côtés de la recherche, de l’orientation professionnelle et du travail du bureau, qui consiste à rechercher des opportunités d’emploi auprès des sociétés privées en vue d’en informer le demandeur.
De plus, le bureau ne perçoit aucune somme pour les services rendus, étant donné que la formation proposée est gratuite. La difficulté réside également dans le fait d’assurer un financement extérieur, étant donné que « peu d’associations ou d’organismes sont disposés à investir dans cette institution ».
Résultat : le total des montants déboursés sur les programmes de formation durant cinq ans s’est élevé à près de cinq millions de dollars à peine. Entre 1999 et 2000, aucune formation n’a été dispensée en raison de l’absence de financement, ce qui s’est répercuté de facto sur le nombre d’embauches – le plus bas comparé à l’ensemble des autres années.
Autre problème : le manque de personnel, celui-ci se limitant à cinq personnes – six en comptant le directeur. « Ces cinq personnes doivent à la fois contacter les entreprises, voire se déplacer pour les visiter, réceptionner et classer les demandes d’emploi, etc. », explique M. Chahine, qui ajoute que l’embauche d’effectifs supplémentaires – qui supposerait toute une procédure administrative et un passage par le Conseil des ministres – n’est pas chose acquise.
Les entraves ne se situent pas uniquement à l’intérieur de l’organisme. « Bien qu’il soit une institution publique, souligne M. Chahine, le BNE est axé sur le secteur privé, mais ce dernier ne se montre pas vraiment coopératif. » Certains secteurs, comme les banques, ont fermé carrément leurs portes à toute demande d’emploi transmise par le BNE. « Les banques ont leur propre politique d’embauche, leurs contacts et sont soumises à des influences diverses », souligne le directeur de l’institution. Il affirme que les autres secteurs abordent une attitude un rien indifférente à l’égard du bureau, estimant que les entreprises paraissent peu enclines à coopérer avec une institution publique.
Projets
Malgré ces inconvénients, le BNE envisage plusieurs projets d’avenir.
M. Chahine révèle un projet d’expansion du Bureau national de l’emploi, étant donné que l’existence d’un seul bureau – celui de Beyrouth – limite énormément l’activité de l’Institution.
« Nous comptons inaugurer prochainement cinq branches dans chaque mohafazat », confie-t-il.
Par ailleurs, l’institution nationale de l’emploi a commencé depuis 2003 à développer un site Internet et un système satellite qui lui permettent non seulement d’informer le public de ses activités, mais également d’entrer en contact avec des entreprises étrangères.
« Grâce à l’Internet, 74 Libanais ont été embauchés en 2003 dans des entreprises installées dans les pays du Golfe », révèle-t-il.
Mais le gros des efforts se concentre sur la création d’opportunités d’emploi sur le territoire national.
« Nous allons appliquer un plan pour encourager les petits et moyens projets en prêtant de petites sommes à l’entrepreneur, sans percevoir d’intérêts, et surtout en lui apprenant à réussir son projet », explique M. Chahine, qui précise que cette initiative vise avant tout à limiter l’exode rural et à promouvoir les petits projets dans toutes les régions libanaises.
Le BNE va travailler également sur un projet financé par les Nations unies qui porte sur la formation et la réintégration au marché du travail. Une autre étude en cours est enfin axée sur le secteur touristique et ses besoins.
Rana MOUSSAOUI
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Pourtant, en huit ans d’existence, le bureau n’a pas encore réussi à s’ériger comme une institution capable d’assurer des emplois à grande échelle, alors que les besoins sont immenses. De 1998 à 2003, le nombre d’embauches réalisées à travers le BNE s’élève à 1 310 seulement, sur 8 807 demandes d’emploi qui lui ont été adressées et 2 675 offres proposées.
Selon Abdel Ghani Chahine, le directeur de l’Institution nationale de l’emploi dont dépend le bureau, ces chiffres modestes s’expliquent principalement par le fait que les crédits alloués jusqu’à présent à l’institution sont très inférieurs par rapport au travail demandé. « L’institution ne dispose que de 2,2 milliards de...