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société La « balade millionnaire » : ça n’arrive qu’aux autres, jusqu’au jour où...

Lui aussi en était sûr: la «balade millionnaire, ça n’arrive qu’aux autres!». Comme il pleuvait sur Bogota, il a pris un taxi dans la rue. Une heure plus tard, il avait été dépouillé d’un millier de dollars, de son ordinateur et de sa montre. Cette mésaventure frappe tous les jours des incrédules, et ils sont légion, au cœur de la capitale colombienne, dans un pays devenu le plus dangereux du monde avec plus de 20000 meurtres par an et près de 3000 enlèvements. La «balade millionnaire», c’est un coup classique de la délinquance avec pour acteurs un chauffeur de taxi et deux complices montés en cours de route. «Surtout, ne hélez plus de taxi au hasard! Appelez une compagnie spécialisée par téléphone!», répète H., encore hagard, surpris d’être en vie, mais surtout soulagé de n’avoir pas été enterré dans une cache par ses ravisseurs dans l’attente d’une rançon. Homme d’affaires discret, il ne se lasse pas de répéter à ses amis son tête-à-tête avec trois malfrats, à moins d’un kilomètre de son domicile, dans un quartier huppé au nord de Bogota. H. préfère garder l’anonymat, car ses geôliers d’une heure «pourraient le retrouver et faire mal à sa famille», dit-il, entre les deux verres de cognac qu’il avale avec l’avidité de celui qui ne croyait plus avoir l’occasion avant longtemps d’en savourer. Bogota compte 50000 taxis, mais la plupart de leurs clients conservent la coutume de les prendre dans la rue sans appeler les compagnies par téléphone. Même les étrangers de passage ne cachent pas un sourire quand les résidents de longue date leur recommandent de ne jamais se déplacer à l’aventure. «Le chauffeur s’est arrêté. Le moteur de sa voiture toussotait, il a prétexté une panne. Dans la seconde suivante, deux hommes à forte carrure, en blouson de cuir noir, ont surgi dans le véhicule pour m’encadrer. J’ai compris bien vite que j’étais une nouvelle victime des aigrefins», raconte H., avec calme, mais une angoisse aiguë encore visible sur le visage. Pendant une heure, la voiture tourne en rond dans le même quartier. «Si tu restes correct, on ne te fera pas de mal», insiste le chef du commando. H. se déclare «disposé à payer». Dans la foulée, l’accolyte du «patron», ainsi nommé par ses hommes, se saisit des cartes de crédit de la victime, obtient les numéros de code et s’en va retirer le maximum autorisé par les banques. Là, H. avoue avoir ressenti sur-le-champ un élan de reconnaissance à l’égard de ses agresseurs, le célèbre «syndrôme de Stockholm». «Le patron des voyous m’a pris la main, l’a serrée, l’accord était conclu entre gens de bonne compagnie», raconte-t-il, «mais, s’ils sont restés corrects, ce n’étaient jamais que des fils de p...». Les bandits, leur butin une fois en poche – quelque mille dollars, une montre et un ordinateur de poche –, abandonnent leur victime à un carrefour, mais, dans un dernier sursaut «sympathique», selon les propres termes de H., lui laissent son téléphone portable «pour pouvoir appeler sa famille», et même son alliance en or.
Lui aussi en était sûr: la «balade millionnaire, ça n’arrive qu’aux autres!». Comme il pleuvait sur Bogota, il a pris un taxi dans la rue. Une heure plus tard, il avait été dépouillé d’un millier de dollars, de son ordinateur et de sa montre. Cette mésaventure frappe tous les jours des incrédules, et ils sont légion, au cœur de la capitale colombienne, dans un pays devenu le...