Petit stratagème littéraire, mais guère innovateur, pour narrer l’histoire du Liban. En quelques pages et dans un survol rapide et succinct. Avec le souci d’y mettre tout, de ne rien omettre, tout en gardant vibrante la corde patriotique et nationale. Tel semble le projet de Ramzi T. Salamé, qui vient de publier aux FMA un petit livre, presque un fascicule, intitulé Trésors (74 pages, avec des illustrations colorées du style naïf du cru de l’auteur) sous le label «conte». Conte vaguement à la H. G. Wells et cette bonne vieille machine qui nous fait remonter le temps. Le talent de conteur et de thriller de Wells en moins, bien entendu. Il s’agit donc d’un petit voyage à travers le temps. Une machine toute simple qui vous fait visiter le Liban à rebours. Et voilà Fady et Abou Walid, protagonistes sans relief ni consistance, traversant l’écran du temps comme on se lance dans une aventure intergalactique. Les voilà propulsés, sous prétexte d’une chasse aux trésors, en terre de Phénicie, à Tyr, Anjar, Tripoli (au temps des Croisés), Beiteddine (dans le faste du XIXe siècle)… Malgré tous les signes extérieurs de richesse, les trésors demeurent introuvables pour les deux pauvres compères. Conclusion? Tout simplement, comme le style simple et enfantin de l’ouvrage, la conclusion est, le lecteur l’aura deviné, dans les dernières lignes. On la cite intégralement, en laissant la clef du suspense et de la morale (car il y en a toujours une) à l’auteur: « Nous n’avions pas besoin de partir aussi loin, ces trésors ont toujours été à notre portée. La synthèse de toutes ces civilisations et de ces cultures du passé imprimées en nous, le pouvoir de communiquer en plusieurs langues et d’échanger librement nos opinions, notre capacité d’intégration aux diverses sociétés et cet espace où s’entrechoquent les idées émises par tous les penseurs représentent les vrais trésors du Liban.» E. D.