L’une des vedettes de l’athlétisme mondial, le Marocain Hicham el-Guerrouj, presque imbattable, court toujours après son premier titre olympique et espère que les Jeux d’Athènes (13-29 août) lui permettront enfin de couronner sa carrière avec le titre suprême. « Inch’Allah, j’espère que cette fois sera la bonne », déclare à l’AFP Hicham el-Guerrouj. Championnats du monde, records du monde, Coupes du monde, réunions d’athlétisme, tout a toujours souri au surdoué Marocain. Tout sauf le plus important : les Jeux olympiques. L’histoire semble en effet se répéter pour el-Guerrouj, qui semble imbattable mais a perdu les deux courses les plus importantes de sa vie. Victime d’une chute à Atlanta (1996) puis auteur d’une erreur tactique à Sydney (2000) où il a sous-estimé ses adversaires, le Marocain, âgé de 29 ans, sait que le temps lui est désormais compté pour décrocher enfin les lauriers olympiques. Doublé 1 500-5 000 m Étrangement, le Marocain, adulé par ses compatriotes, affirme ne pas sentir de pression à l’approche du rendez-vous grec. « Je me sens soulagé par rapport aux années précédentes. Je me prépare pour le plaisir, je cours pour mon plaisir. Ce sera pour la troisième fois aux Jeux », affirme el-Guerrouj, qui s’en remet toutefois à Dieu dès qu’il évoque la course de ses rêves. Vainqueur de justesse devant le Kényan Alex Kipchirchir mardi en soirée du 1 500 m de la réunion de Saragosse dans le temps moyen de 3 min 36 sec 46/100, el-Guerrouj n’est pas inquiet et affirme que tout se passe comme prévu. « Je ne suis pas forcément content du chrono, mais pour une première sortie, le plus important, c’était de gagner. Cela me donne confiance, pour le reste, pour l’avenir. Maintenant, je rentre au Maroc pour préparer les Jeux pendant 25 jours. Les Jeux, c’est le plus important pour moi », analyse le Marocain. À Athènes, el-Guerrouj a, à nouveau, décidé de doubler 1 500 m et 5 000 m. L’objectif sera un doublé, mais el-Guerrouj, échaudé par ses dernières expériences olympiques, préfère rester modeste. « Je peux gagner les deux. Je ne suis pas imbattable. J’ai perdu deux fois (aux Jeux), mais je sais pourquoi. Je m’entraîne de mieux en mieux, à chaque fois un peu plus, pour rester le meilleur. Cela fait 10 ans que je domine le 1 500 m. Inch’Allah... », conclut el-Guerrouj. Il compte bien effacer dans le berceau des Jeux la malédiction qui le poursuit. Dopage : Montgomery parmi les quatre sprinteurs ciblés par l’USADA L’Américain Tim Montgomery, détenteur du record du monde du 100 m, figure parmi quatre sprinteurs qui ont été prévenus par un courrier de l’Agence antidopage américaine (USADA) d’infractions potentielles à la loi sur le dopage susceptibles de les priver des JO d’Athènes, rapportait samedi la presse américaine. Le Los Angeles Times nommait directement Montgomery, tout comme le New York Times. Mais le quotidien californien ajoutait ses compatriotes Chryste Gaines, Michelle Collins et Calvin Harrison parmi les cibles de l’USADA sur la base de documents provenant de l’enquête sur le laboratoire californien Balco. Selon un autre journal, le Washington Post, hier, la sprinteuse ukrainienne Zhanna Pintusevich-Block aurait également reçu ce courrier de l’USADA. L’Ukrainienne vit et s’entraîne aux États-Unis. L’USADA a confirmé ce contact personnel pris avec « quelques athlètes », sans les nommer, mais en expliquant une démarche déterminée. « L’envoi de ces lettres est le premier pas dans la volonté de déterminer s’il y a eu infraction au règlement en matière de dopage. L’USADA poursuivra sa procédure, rapidement si nécessaire, et espère avoir résolu ces cas potentiels avant les Jeux de 2004 à Athènes », a déclaré Travis T. Tygart, responsable des affaires légales à l’USADA. Stéroïdes Le New York Times citait l’avocate de Montgomery, Cristina Arguedas, disant que son client contesterait vigoureusement toute tentative de le suspendre de la compétition. Arguedas avait déjà confié la semaine dernière au San José Mercury News qu’elle avait rencontré les dirigeants de l’USADA et ceux-ci ne lui avaient pas montré la moindre preuve contre Montgomery. « Je n’ai rien vu qui me paraisse susceptible d’empêcher quelqu’un de courir aux Jeux », avait-elle assuré. Montgomery, 29 ans, partage sa vie avec Marion Jones, mère de leur enfant, également impliquée dans le scandale de distribution de stéroïdes à des sportifs de renom par le laboratoire dirigé par Victor Conte. Jones a rencontré les dirigeants de l’USADA, niant une fois de plus tout lien avec cette affaire et menaçant d’avoir recours aux tribunaux si on l’empêchait de participer aux Jeux sans contrôle positif. Selon le San José Mercury News, l’USADA a contacté Marion Jones, lui a demandé si elle avait déjà pris des substances dopantes et a cherché son implication éventuelle dans les dossiers du laboratoire Balco. Pointe de vitesse « Marion a répondu à toutes les questions du gouvernement et de l’USADA, elle a passé tous les contrôles antidopage qui lui ont été demandés, et il n’existe aucune information selon laquelle elle aurait pu être contrôlée positive », a constaté son avocat Joseph Burton. « Il est temps pour l’USADA d’être juste et de reconnaître que ce que Marion a accompli, ce n’est que le fruit de son talent et de son travail, a-t-il repris. Il faut la laisser vivre sa vie à présent. » Pour l’heure, seule la sprinteuse Kelli White a accepté deux ans de suspension et la perte de résultats comme ses deux titres mondiaux de l’an dernier (100 m-200 m) face aux preuves la liant à l’affaire Balco. Montgomery et Jones sont annoncés à la réunion de Eugene (Oregon) le 19 juin prochain. Le premier, en mal de pointe de vitesse, doit y affronter notamment son compatriote et grand rival, Maurice Greene, qui prépare la défense de son titre olympique du 100 m. La seconde enchaînera sur une piètre 3e place avec un petit bond à 6,65 m réussi sur le sautoir de longueur, mardi à Ostrava.