À quelques minutes de l’aéroport, sur environ un million de mètres carrés d’espaces verts du littoral sud, se dressera dans environ deux ans le premier parc technologique libanais au cœur de la région de Damour.
C’est ce qu’a déclaré le PDG d’Idal, Samih el-Barbir, au cours d’une conférence de presse tenue hier à la municipalité de Damour, partenaire dans ce projet avec l’Institution pour la promotion des investissements.
« L’idée est de créer un centre ultramoderne de recherche, de développement et d’industrie technologique capable d’attirer les investissements étrangers, de créer des emplois pour les jeunes diplômés en informatique et en télécommunications, et surtout de limiter la fuite des cerveaux », a souligné M. Barbir, en présence du ministre de l’Économie Marwan Hamadé, du député du Chouf Walid Joumblatt, de l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Vincent Battle, et d’un représentant de l’ambassade de France.
De nombreux représentants de sociétés internationales et locales spécialisées dans la technologie de l’information et de télécommunications étaient également présents.
M. Barbir a appelé les universités et les sociétés locales et internationales à rejoindre ce « village technologique » en proposant des projets compatibles avec leurs besoins et leurs intérêts.
« Ce projet donnera un élan à l’économie nationale », a estimé pour sa part M. Hamadé, ajoutant qu’une action concrète est nécessaire pour sauver les secteurs productifs du pays et stopper la fuite des ressources humaines vers l’étranger.
30 millions de dollars
Dans six mois, l’étude du projet Betz (Beirut Emerging Technology Zone) sera finalisée et les travaux de construction seront entamés, avec un coût d’infrastructure et d’installations estimé à 30 millions de dollars, a précisé le PDG d’Idal.
Une société d’investissement chargée de promouvoir, de financer et de diriger le projet est en passe d’être créée conjointement par Idal et la municipalité de Damour.
Antoine Ghafari, le président de la municipalité, a expliqué que celle-ci octroiera à la société le droit d’exploiter le terrain, en contrepartie de 49 % de ses actions. Idal détiendra quant à elle les 51 % restantes.
La région de Damour a été choisie en raison de sa proximité avec l’aéroport, mais également avec la capitale, à 15 minutes du centre-ville, précise M. Ghafari.
Le président de la municipalité de Damour a tenu à préciser que le projet n’a nullement l’intention d’attirer des investissements dans les secteurs de l’immobilier ou du logement.
Le « village électronique » comprendra un incubateur et offrira plusieurs services (facilités bancaires, centre de conférences, hôtels, centre de loisirs, etc.).
M. Barbir a espéré que« cette zone attirera les grandes firmes internationales mais également les sociétés locales fraîchement établies, spécialisées dans des domaines tels que l’électronique, le développement de logiciels, les télécommunications, la biotechnologie, Internet, les médias, etc. ».
« Il faut promouvoir le Liban en tant que pôle de développement technologique dans la région Mena », ajoute-t-il, estimant que plusieurs « villages technologiques » doivent dans le futur compléter l’initiative de Betz.
Prudence des sociétés
étrangères
Qu’en pensent les sociétés internationales concernées ?
Gilbert Lacroix, responsable pour le Moyen-Orient de la société informatique Intel, fait preuve d’un enthousiasme tempéré.
Tout en reconnaissant qu’il s’agit d’une bonne initiative, bien qu’un peu tardive, il estime que la zone n’attirera les investisseurs étrangers que si elle est accompagnée de l’instauration d’un cadre légal sûr, garantissant notamment la protection des investissements.
« Idal œuvre beaucoup pour relancer les investissements, mais le problème reste au niveau de la législation », précise M. Lacroix, ajoutant qu’il faut également réduire les coûts d’exploitation, de télécommunications, d’accès à Internet.
« Il faut se mettre en tête que Betz sera soumise à une forte concurrence de la part des zones technologiques des pays voisins, prévient M. Lacroix. La rivalité s’annonce difficile avec Dubaï, ou encore Aqaba, où a été créé dernièrement un parc technologique qui est à la fois une zone franche, alors que les tarifs douaniers restent encore trop élevés au Liban. »
Selon M. Lacroix, le projet Betz s’adresse surtout aux PME, notamment les petites sociétés informatiques qui travaillent dans l’assemblage de pièces informatiques.
Pour Khalil Abdel Massih, directeur de la promotion des projets de Microsoft au Liban, « le projet revêt une grande importance », ajoutant que la société américaine compte y participer et soutenir la zone Betz, notamment au niveau de l’étude du projet.
L’agence américaine pour le commerce et le développement (USTDA) et le consultant américain Graeber Simmons & Cowan soutiennent tous deux le projet Betz.
Rana MOUSSAOUI
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