Franco Sensi, le président du club de l’AS Rome a remis de l’ordre dans les finances de son groupe, levant du coup une bonne partie des menaces qui pesaient sur l’avenir du prestigieux club romain. La vaste remise à plat, annoncée cette semaine, prévoit tout d’abord l’entrée du groupe bancaire romain Capitalia (ex-Banca di Roma) dans le capital de la société pétrolière de la famille Sensi, Compagnia Italpetroli. Capitalia va effacer 35 millions d’euros de dettes et en échange se verra attribuer 49 % du capital d’Italpetroli. La banque romaine deviendra ainsi le copilote du club de football, coté en Bourse et contrôlé à 63,77 % par Italpetroli à travers sa filiale Roma 2000. La solution choisie par Franco Sensi pour éponger les passifs de son groupe (pétroles, immobilier et hôtellerie/tourisme) est plutôt radicale et douloureuse. Elle passe par la vente rapide « d’importants actifs », selon les termes du communiqué diffusé la veille au soir. Sur la liste, le groupe mentionne des immeubles mais on songe aussi à la part d’environ 8 % détenue (indirectement) dans la société des aéroports de Rome, Aeroporti di Roma (ADR). L’argent frais permettra au groupe Sensi de participer notamment à une prochaine recapitalisation du club. Les actionnaires sont convoqués le 16 avril pour approuver cette opération qui devrait faire entrer 150 millions d’euros dans les caisses vides du club. Des pertes en millions d’euros La situation financière de l’actuel troisième du championnat italien est en effet critique. Selon un dernier bilan, diffusé mercredi soir, le club de Francesco Totti a conclu les six premiers mois de la saison 2003/04 sur une perte nette de 47,8 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de seulement 49 millions d’euros. L’actionnaire de contrôle de l’AS Rome n’a pas indiqué s’il comptait souscrire pour l’ensemble de sa quote-part (63,77 %) à l’augmentation de capital à venir, ce qui laisse la porte ouverte à l’arrivée d’un nouvel actionnaire. En février, des discussions préliminaires avaient été menées avec des émissaires de la société pétrolière russe Nafta Moskva pour la reprise du club, alors que M. Sensi, 77 ans, ne cachait plus son souhait de passer la main. Une fois les finances remises en ordre, et avec la perspective de cessions de plusieurs joueurs de prix cet été, le club romain deviendrait plus « séduisant » pour un investisseur extérieur a souligné, hier, le journal italien Corriere della Sera. Dans la foulée de la remise à plat financière du groupe Sensi, le cabinet d’audit Italaudit (l’ex-Grant Thornton Italie impliqué dans le scandale Parmalat) a accepté de certifier les comptes de la saison 2002/03, chose qu’il avait refusée en novembre. Un bilan certifié était une condition incontournable pour que le club obtienne la licence UEFA, puisse participer aux compétitions européennes de la saison prochaine et aussi s’inscrive au championnat italien. L’action de l’AS Rome a fêté cette « victoire financière » par un rebond impressionnant de +34,37 % à 1,56 euro, hier en début d’après-midi, à la Bourse de Milan.