Actualités - CHRONOLOGIE
Chypre - Les négociations du Buergenstock ont échoué, référendum le 24 avril L’Onu prend un risque sans précédent avec son plan de réunification
le 02 avril 2004 à 00h00
Les Nations unies ont joué un rôle sans précédent à Chypre en cherchant à créer de toutes pièces un État unitaire rassemblant Turcs et Grecs, après 30 ans de division de l’île, mais le pari est très risqué en l’absence de compromis entre les parties. En effet, les pourparlers de paix ont capoté en Suisse, laissant peu de place à une solution rapide du problème avant l’adhésion de la partie sud (grecque) à l’UE le 1er mai. Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, qui s’est personnellement investi dans les négociations organisées au complexe hôtelier du Buergenstock, s’est ainsi trouvé acculé dans ses retranchements et a décidé, dans la nuit de mercredi à jeudi, de soumettre à référendum le 24 avril son plan remodelé pour réunifier l’île. Désormais, le sort de Chypre est donc entre les mains des électeurs des deux parties. Jamais auparavant l’Onu n’avait conçu elle-même de plan de paix prévoyant dans le détail la mise en place d’un nouvel État. La première version de ce plan date de novembre 2002.
Malgré neuf jours d’intenses tractations à quatre (Turcs, Grecs et Chypriotes des deux communautés), l’Onu n’est pas parvenue à obtenir le soutien des Grecs au projet. Athènes et les Chypriotes grecs estiment que le plan onusien, après trois révisions, fait encore la part trop belle aux Turcs. « Le triomphalisme des Turcs n’a pas aidé les Grecs à faire accepter le plan à leur opinion publique », remarquait-on de source proche des discussions. La Turquie s’est dite satisfaite du plan, qui prévoit la création d’une confédération souple chapeautant la partie grecque (Sud) et turque (Nord), placées toutes deux sur un pied d’égalité. Mais le dirigeant chypriote turc Rauf Denktash, qui n’a pas pris part aux négociations, a rejeté hier le plan. « Dans sa forme actuelle, je ne vois rien à quoi dire oui », a-t-il affirmé.
Il reste à l’Onu un peu plus de trois semaines pour convaincre les Chypriotes d’approuver son plan, alors que de récents sondages laissent penser que le « non » pourrait l’emporter dans le sud comme dans le nord de l’île. Du côté grec, seuls 4 % des électeurs soutiennent le plan, selon une enquête publiée mardi. « Je sais que ce sera un combat inégal », a reconnu l’émissaire de M. Annan pour Chypre, Alvaro de Soto. « Je compte sur la volonté des dirigeants (des deux parties de l’île) et sur leur vision à long terme », a ajouté l’architecte du plan de paix, espérant que les dirigeants politiques feront campagne en faveur du « oui ». Le plan de l’Onu constitue la dernière chance pour Chypre de faire son entrée dans l’Union européenne en tant qu’entité unifiée le 1er mai. Dans le cas contraire, seule la partie grecque, reconnue internationalement, sera admise dans l’UE. La République turque de Chypre du Nord n’est reconnue que par Ankara. Si le plan est rejeté par référendum, « il sera nul et non avenu », a admis M. de Soto. Dans ce cas, a-t-il dit, l’Onu ne reprendrait pas ses efforts de règlement du dossier chypriote « dans un avenir prévisible ». « Le choix est entre cette solution et pas de solution », a averti Kofi Annan, tout en reconnaissant : « Personne ne prétend que la réunification sera facile. »
Les Nations unies sont présentes à Chypre depuis exactement 40 ans. Les Casques bleus ont débarqué dans l’île le 27 mars 1964 afin de mettre un terme aux affrontements entre Grecs et Turcs quatre ans après l’indépendance et le départ des Britanniques. Leur mandat initial était de trois mois. Depuis, les secrétaires généraux successifs se sont cassé les dents sur le dossier chypriote et ils n’ont pu empêcher la partition de l’île en 1974. Même en cas de victoire du « oui » au référendum, l’Onu et ses 1 200 Casques bleus continueront à s’investir à long terme dans l’île, afin d’éviter des incidents entre les deux communautés. M. de Soto, qui informera aujourd’hui le Conseil de sécurité du résultat des négociations, demandera à cette instance d’élargir la mission des soldats de la paix si le plan de réunification est approuvé par la population. Alors qu’ils sont jusqu’à présent chargés de surveiller la zone tampon longue de 180 km entre les deux parties de Chypre, ils devront « superviser l’application des nombreux aspects du plan » dans l’ensemble de l’île, et pas seulement sous l’angle militaire, a expliqué le diplomate. Le Conseil de sécurité se prononcera pour une résolution avant le référendum, a-t-il indiqué.
Les Nations unies ont joué un rôle sans précédent à Chypre en cherchant à créer de toutes pièces un État unitaire rassemblant Turcs et Grecs, après 30 ans de division de l’île, mais le pari est très risqué en l’absence de compromis entre les parties. En effet, les pourparlers de paix ont capoté en Suisse, laissant peu de place à une solution rapide du problème avant...
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