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Actualités - RENCONTRE

Rencontre - Sa première visite au Liban depuis cinq ans et sa première interview Mouna Ayoub : beauté, luxe, calme et volupté

Elle est belle, elle est riche et intelligente. Elle est surtout sereine et enfin heureuse. Enviée par beaucoup – elle est certainement une des femmes arabes les plus célèbres au monde – mais également estimée par le plus grand nombre, Mouna Ayoub, femme de tête et femme de cœur, a toujours voulu dire sa vérité. Portrait d’une battante qui ne s’arrête jamais. Rattrapée au vol... Entre deux avions, deux départs, deux projets. Mouna Ayoub n’aime pas les interviews, souvent trahie, plus encore, diffamée par une presse « bon marché. » La « millionnaire libanaise », libanaise avant d’être millionnaire, ne pouvait, même si elle y tenait, garder sous silence, et dans l’ombre, son passage éclair parmi nous, qu’elle a fait avec son compagnon et PDG du groupe Barrière, Jean-Dominique Desseigne. Éclairés par sa présence, par le crépitement d’un flash qui n’a pas pu rester indifférent à sa beauté et son élégance, elle nous a accordé une entrevue grâce à la complicité de son ami, l’homme de télévision Ricardo Karam. Dans cette suite de l’hôtel Phoenicia, la belle se fait attendre, et c’est normal. Maquillage, retouches du coiffeur, elle sort enfin de sa chambre. Lumineuse. D’abord, c’est elle que l’on voit. Grande, mince, magnifiquement sexy dans son tailleur pantalon noir et son bustier prune, chef-d’œuvre d’un grand couturier, révélant toute sa beauté. Puis c’est elle que l’on entend lorsque, de sa voix grave et sensuelle, elle murmure en souriant : « Bonsoir, comment ça va ? » Sur les raisons de ce beau mais bref séjour au Liban, le premier depuis 5 ans, elle dira : « C’est comme toutes les visites de Mouna Ayoub, en tant que femme d’affaires, je suis venue assister à un meeting et voir ma famille – sa sœur Sonia, affable, est présente pour rendre son séjour plus agréable. J’aurais voulu me recueillir sur la tombe de ma mère, à Beit Chabab, mais il faisait nuit et le cimetière était éteint. » Du tchador à la haute couture On aurait pu écrire un livre sur sa vie, un best-seller, tant celle-ci ressemble à un roman, pas toujours heureux. Mouna Ayoub l’a fait. Il est longtemps resté en tête de vente. Elle l’a tout simplement intitulé La vérité pour faire part de sa vérité, exorciser ce passé, lourd, et s’en libérer enfin. Car la liberté est certainement le moteur qui fait bouger cette femme, et femme d’affaires, « qui aime le danger », précise-t-elle. « L’argent est surtout un moyen d’être libre », aime-t-elle à répéter. « J’ai écrit ce livre en réponse à cet horrible homme qui a essayé de me détruire », un journaliste libanais qui a écrit une série de fausses vérités, dira-t-elle à son sujet pour le compte d’un magazine local. « C’était un retour très difficile vers mon passé. Un cri du cœur auquel tout le monde a été sensible. » Dans ce livre paru en juillet 2000, on en sait encore plus sur le parcours de cette jeune femme, née dans une famille modeste de Beit Chabab, élevée, pour cause de parents en fréquents déplacements professionnels, par une grand-mère adorée. « Elle avait quatorze enfants. Elle m’a tout appris, cuisiner, étendre le linge, elle a surtout développé en moi des qualités qui m’ont aidée, plus tard, à surmonter tout ça. » Tout ça, la presse en a fait sa une durant des mois, et ne s’en lasse toujours pas – car tout n’a pas été « luxe, calme et volupté », pour Mouna Ayoub. Tout ça, c’est son départ pour la France à l’âge de 17 ans, partie faire ses études à Tolbiac, partie sans le sou, obligée, pour vivre, de travailler comme serveuse puis comptable dans le restaurant Le Beyrouth. C’est là qu’elle rencontre son destin et l’amour en la personne du Saoudien Nasser el-Rashid. Ses détracteurs l’accuseront de l’avoir épousé pour son argent, aujourd’hui la dixième fortune au monde. « Il est devenu très riche après notre mariage, répondra-t-elle, lorsqu’il a été nommé ingénieur conseil du roi. » Par amour, elle oubliera les 20 ans, la culture et les traditions, différentes, qui les séparent. Durant ces 18 années de mariage où elle se convertit à l’islam, elle connaîtra le tchador. « Je savais qui j’étais, même sous le tchador », ce manque de liberté qui l’obsède encore aujourd’hui, une prison dorée de 30 000m2, l’absence fréquente de son époux et la maladie de son fils Fahd, à peine âgé de 3 ans. Cinq enfants et trois divorces plus tard, Mouna s’en va, obligée de se séparer de ses enfants. Mais ses détracteurs ne se lassent pas. Un livre, intitulé Mouna Ayoub, l’autre vérité, rédigé par Bernard Pascuito, va paraître en 2001. « Il aurait pu me faire du mal s’il avait été vendu, ce qui n’a pas été le cas. Et puis c’était la vérité contre la contre-vérité. Le bon contre le méchant. » Une fortune colossale « Si tout ça était à refaire ? Je n’aurais pas quitté mon ex-mari aussi tôt. Je l’aurais quitté maintenant», affirme-t-elle. Maintenant, c’est une femme – d’affaires – accomplie, décidée et calme qui parle. « J’ai un sang-froid et je contrôle mes sentiments et ma colère. Rien ne me met en colère. J’ai construit une personnalité qui peut être froide, quand il le faut, et chaude quand il le faut. Ce qui est important dans la vie, c’est le contrôle. » Sa fortune, évaluée à 500 millions de dollars, dit la rumeur, s’est constituée grâce à des affaires qu’elle a su mener avec intelligence dans l’immobilier, la vente de stocks rapportés par son ex-mari de ses voyages et le rachat du bateau de Bernard Tapie, le Phocéa en 1997, pour la somme de 5,56 millions d’euros et qui lui en rapporterait 1,52 million par an. « J’ai beaucoup d’argent, mais je me balade en jeans et t-shirt. C’est bien que cet argent, soit là, pour des causes, des moyens. » Une des femmes les plus élégantes de la planète, présente parmi les VIP dans les plus belles soirées du gotha international, collectionne les robes haute couture. Elle en a mis en vente une partie, en 2002, au profit des enfants du Centre Georges Pompidou. Généreuse, le cœur grand, elle aide de nombreuses associations, dont le centre de recherches de New York pour le cancer, le Massachusetts Hospital de Boston et le Centre de handicapés de Beit Chabab. « J’aurais vraiment achevé quelque chose, une réussite, lorsque je pourrais contribuer à réduire la douleur dans ce monde. En particulier auprès des enfants réfugiés et victimes de la guerre. J’ai un projet auquel je pense, mais il est trop tôt pour en parler. » Installée à Monte-Carlo après avoir vendu son hôtel particulier de Neuilly, elle espère enfin faire une donation de ses robes à un musée qui aura les moyens de s’en occuper. Un dernier conseil avant de nous quitter : « Il faut toujours essayer de se distancer des personnes en face de soi en se rappelant qu’on est tous égaux. » Et d’ajouter, avec cette même volupté dans la voix : « Ce qui nous différencie, c’est l’intelligence. » Carla HENOUD
Elle est belle, elle est riche et intelligente. Elle est surtout sereine et enfin heureuse. Enviée par beaucoup – elle est certainement une des femmes arabes les plus célèbres au monde – mais également estimée par le plus grand nombre, Mouna Ayoub, femme de tête et femme de cœur, a toujours voulu dire sa vérité. Portrait d’une battante qui ne s’arrête jamais.

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