«La chute du Baas irakien a incontestablement marqué son jumeau syrien, désormais seul dans un environnement hostile depuis...
Actualités - CHRONOLOGIE
Syrie - Des cérémonies marquées par un climat de pressions internationales et l’attente de réformes Après la chute de Bagdad, le Baas syrien célèbre son 41e anniversaire en solitaire
le 06 mars 2004 à 00h00
La Syrie célèbre lundi le 41e anniversaire de l’arrivée au pouvoir du parti Baas avec, en toile de fond, des interrogations sur son rôle au sein de l’État et de la société et l’impatience croissante de la population face à la lenteur des réformes.
«La chute du Baas irakien a incontestablement marqué son jumeau syrien, désormais seul dans un environnement hostile depuis l’intervention américaine du printemps 2003 et un monde arabe gagné par le libéralisme », analyse un diplomate occidental en poste à Damas.
Régnant sur les destinées de la Syrie moderne, le Baas, qui prône une idéologie socialiste panarabe aujourd’hui souvent perçue comme obsolète, est parvenu au cours d’un demi-siècle d’existence à surmonter toutes sortes de crises et assurer la stabilité du pays. De la révolte des islamistes à la fin des années 70, à la stagnation économique des années 80, de la fin de l’aide de son principal allié soviétique à la première guerre du Golfe, le Baas, dirigé par Hafez el-Assad, a démontré une extraordinaire capacité de résistance. Au prix toutefois d’une sclérose du pouvoir qui a entravé les réformes économiques et politiques.
L’immobilisme a récemment conduit plus de 5 000 représentants de la société civile à signer une pétition pour des réformes démocratiques, à commencer par « la levée de l’état d’urgence, à l’origine de la paralysie de la société ». Cette pétition doit être remise aux autorités le 17 mars, jour marquant le 41e anniversaire de la proclamation de la loi martiale.
Succédant en 2000 à son père, le président Bachar el-Assad, éduqué en Grande-Bretagne, s’était pourtant posé d’emblée en « modernisateur ». Mais sa marge de manœuvre s’est trouvée très vite limitée par les intérêts des différents piliers du pouvoir : l’armée, les services de sécurité, l’oligarchie politico-économique et les barons du parti.
« Bachar peut tenter d’élargir sa base à travers des réformes économiques et une libéralisation politique, mais des réformes en profondeur menaceraient les fondements de son propre pouvoir », écrit dans son livre, La Syrie, ou la révolution d’en haut, Raymond Hinnebush, professeur de relations internationales à l’Université St-Andrews en Écosse.
Cette analyse rejoint celle publiée récemment par l’International Crisis Group (ICG), un centre de recherches basé à Bruxelles. Bachar el-Assad a tôt fait « de se rendre compte que sa longévité est liée à la stabilité du régime qu’il entend réformer », souligne ce rapport. « Méfiants vis-à-vis des changements et attachés à un système qui a servi leurs intérêts pendant des années », ces centres du pouvoir sont « peu enclins à changer de cap », estime-t-il.
La paralysie résulte aussi d’une vaste bureaucratie léthargique accoutumée au statu quo, avec un secteur public qui absorbe 73 % du marché du travail, mais ne compte que pour 33 % du PIB.
Sentant le vent changer, le Baas – qui dirige l’État et la société aux termes de la Constitution – est engagé dans un débat interne pour redéfinir son rôle. Il a pris quelques mesures pour se montrer sous un jour plus moderne et demandé en juillet à ses membres de « s’abstenir de s’ingérer » dans le fonctionnement des institutions de l’État.
Mais la déception fut grande deux mois plus tard à l’annonce d’un nouveau gouvernement largement dominé par le parti. « Tant que le Baas dominera, on ne peut s’attendre à de véritables réformes », a indiqué à l’AFP un puissant homme d’affaires syrien proche du pouvoir, illustrant les contradictions du système.
Le président syrien a aussi amorcé une timide libéralisation de certains secteurs de l’économie, minée par la corruption et l’absence d’investissements. Sentant les sanctions américaines venir, il a accéléré les pourparlers avec l’UE pour la signature d’un accord d’association, qui n’a toutefois pas encore été signé.
La Syrie célèbre lundi le 41e anniversaire de l’arrivée au pouvoir du parti Baas avec, en toile de fond, des interrogations sur son rôle au sein de l’État et de la société et l’impatience croissante de la population face à la lenteur des réformes.
«La chute du Baas irakien a incontestablement marqué son jumeau syrien, désormais seul dans un environnement hostile depuis...
«La chute du Baas irakien a incontestablement marqué son jumeau syrien, désormais seul dans un environnement hostile depuis...
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