Actualités - REPORTAGE
Sur les Campus L’engagement estudiantin : du côté de l’humanitaire...
Par HAJJI GEORGIOU Michel, le 05 mars 2004 à 00h00
Constat terrible en soi : la « politique », dans son sens large, un peu perverti par la pratique de tous les jours à l’échelle nationale, n’a plus vraiment la cote chez les jeunes. Si certains, dégoûtés ou désanchantés, optent pour le désengagement et préfèrent se consacrer à leurs études, loin de tout ce qui peut avoir trait à la chose publique, d’autres, en parfaits « soldats » trop peu connus, s’engagent sur la voie de l’action humanitaire. Une manière comme une autre – à l’heure où les partis politiques perdent tous les jours un peu plus de terrain en raison d’une multitude de facteurs internes et externes au tissu sociopolitique libanais – de renouer avec le « politique », au sens noble, positif, civique.
Ainsi, l’engagement des jeunes de différents établissements, notamment l’Université Saint-Joseph (USJ), l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et l’Université libanaise (UL), au sein d’associations humanitaires ou de défense des droits de l’homme, est-il devenu une forme de lutte en faveur de la citoyenneté, de la société civile et d’une amélioration permanente de l’espace public et des conditions sociales au plan interne.
Le sujet a récemment fait l’objet d’un article publié dans le dernier numéro de la revue du bureau de la faculté de sciences économiques au sein de l’amicale estudiantine, « Éco-libre ». Ziad Gebran, étudiant en troisième année d’économie à l’USJ, directeur du comité de la rédaction de la revue et auteur de cet article, intitulé « Quelques jeunes Libanais engagés », dresse un constat affligeant du désengagement des jeunes au niveau public, avant de rendre hommage à ces associations.
M. Gebran cite deux associations qui ont fait leurs preuves : Bassma et Lebanus. Mais il est possible d’en citer d’autres, comme les Compagnons de route (Rifaq el-Darb), ou, à une tout autre échelle, USJ Sans frontières. Cette dernière œuvre dans le domaine humanitaire au plan international.
Voici en quelques lignes une présentation de trois de ces ONG :
– Selon les informations rapportées par Ziad Gebran dans son article, Bassma a été officiellement lancée en 2003. L’association, qui a pour présidente Mlle Sandra Klat, a pour objectif d’assister la population dans ses besoins, alimentaires ou autres. « Consciente du fait que la crise économique prend une ampleur grave tant sur la capacité des gens à combler leurs besoins élémentaires qu’à mener une vie décente, Bassma a fourni en aliments de base et en vêtements près de 15 familles », écrit M. Gebran. Et d’ajouter : « Bassma est plus qu’une simple organisation caritative : son ambition ultime est de juguler les effets économiques, sociaux et culturels de la crise, en aidant la population à être autosuffisante, à travers notamment un soutien matériel, mais aussi par le biais d’une transmission du savoir et de l’éducation. »
Pour plus d’informations, il est possible de visiter le site Internet de l’association à l’adresse suivante : www.bassma.org
– Lebanus a pour mission d’octroyer des bourses scolaires à de jeunes écoliers libanais en difficulté. « Tous en classes secondaires, ces derniers doivent être aidés afin d’arriver au terme de leur scolarité. En effet, comment bâtir un pays sans jeunesse instruite ? Comment renouveler nos générations, si celles qui viennent ne sont pas éduquées ? » s’interroge l’étudiant en économie dans son article. L’association, dont le but est expressément d’œuvrer en faveur de la citoyenneté, a été fondée en 1986, à Paris, par quatre étudiants. Elle compte aujourd’hui une dizaine de membres, tous bénévoles, et possède des bureaux au Canada et en France. Au Liban, elle est présidée par un étudiant, Émile Issa el-Khoury. « Au-delà de son côté caritatif, Lebanus entend contribuer au rayonnement de la culture de notre pays, à travers l’organisation d’événements culturels », précise Ziad Gebran.
Il existe également un site Internet pour Lebanus à l’adresse suivante : www.lebanus.org
– Rifaq el-Darb est une association composée essentiellement d’anciens élèves du Collège Notre-Dame de Jamhour et de l’USJ, à peu près vingt volontaires, au service des personnes du troisième âge. « Notre relation avec elles n’est pas matérielle. Par contre, nous les visitons souvent chez elles et elles nous confient leurs problèmes au quotidien. Les membres sont répartis en équipes, qui rendent des services à ces personnes dans les différents quartiers de Beyrouth. Nous nous transformons souvent en plombiers, électriciens, ou conseillers juridiques, à titre d’exemple, pour être à leur côté, puisque la plupart du temps, ce sont des personnes délaissées », affirme Charbel Moarbès, étudient en DEA de droit privé à l’USJ. « Nous sommes là où l’État est inexistant », souligne-t-il. L’association est présidée par M. Joe Taoutel.
L’espace manque pour énumérer toutes les associations regroupant des étudiants. Il convient cependant de rendre hommage aux « actes de dialogue » interlibanais accomplis au quotidien par ces derniers. Exemple parfait de ces actes, la réhabilitation par des étudiants d’appartenances socioconfessionnelles différentes d’un quartier à Bab el-Tebbaneh (Tripoli), par l’intermédiaire d’Offre-Joie, association présidée par M. Melhem Khalaf.
Sans oublier les efforts des ONG des droits de l’homme, à l’instar de la Fondation des droits de l’homme et du droit humanitaire (FDHDH, présidée par Waël Kheir, et qui compte notamment des étudiants de Haïgazian), ou des Nouveaux droits de l’homme (interuniversitaire, mais qui a été dernièrement sujette à des pressions directes des services de renseignements).
Michel HAJJI GEORGIOU
Les étudiants qui souhaitent s’exprimer sur les problèmes estudiantins doivent adresser leurs commentaires par fax (01/360390) ou par mail: redaction@lorientlejour.com
Constat terrible en soi : la « politique », dans son sens large, un peu perverti par la pratique de tous les jours à l’échelle nationale, n’a plus vraiment la cote chez les jeunes. Si certains, dégoûtés ou désanchantés, optent pour le désengagement et préfèrent se consacrer à leurs études, loin de tout ce qui peut avoir trait à la chose publique, d’autres, en parfaits «...
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