Le mythique club Benfica Lisbonne, qui a décroché plus de titres qu’aucune autre équipe portugaise, s’attirant des centaines de milliers de supporteurs dans le monde, fête aujourd’hui ses 100 ans. Les festivités ont démarré hier avec un dîner de gala au casino d’Estoril, une cité balnéaire près de Lisbonne, et s’achèveront sur un feu d’artifice demain, à l’issue de la rencontre avec Moreirense comptant pour le championnat du Portugal. La presse s’est emparée de l’événement et exalte dans ses suppléments les principales victoires du club. « Benfica a réalisé beaucoup de choses, il a eu ses jours de gloire et ce serait bien que les jeunes supporteurs connaissent mieux ces prouesses », déclare l’attaquant international du Benfica, Nuno Gomes, dans les colonnes du quotidien sportif A Bola. Le club a connu son heure de gloire dans les années 60, grâce au talent d’Eusebio Ferreira, le plus grand joueur de l’histoire du football portugais, surnommé le « Pélé portugais ». L’ère Guttman Sous la conduite de l’entraîneur hongrois Bella Guttman, le Benfica a remporté la Coupe des clubs champions en 1961, battant Barcelone par 3 à 2. L’année suivante, il s’imposait à nouveau face au Real Madrid par 5 à 3, Eusebio marquant deux des buts de la victoire. Durant cette décennie, le Benfica s’est également hissé à trois reprises en finale de Coupe d’Europe, s’inclinant face au Milan AC en 1963, à l’Inter en 1965 et à Manchester United en 1968. Fort de ces succès, le club rouge et blanc, qui a adopté l’aigle pour emblème, draine les adeptes par milliers : il revendique plus de 5 millions de supporteurs à travers le monde. Les clubs de « fans » abondent en effet au Portugal, dans les anciennes colonies africaines, ou encore en France et aux États-Unis, où sont installées d’importantes communautés portugaises. Nombre de supporteurs se recrutent dans le quartier traditionnellement ouvrier de Benfica, où le club s’est installé. D’où l’image symbolique d’un club aux racines populaires. Plus aucun trophée depuis 1996 Le Benfica a été fondé en 1904 par 24 jeunes qui se rencontraient régulièrement pour jouer au foot. Certains venaient de la Casa Pia, un foyer d’accueil pour les enfants venant de milieux défavorisés. Le club a retrouvé un peu du lustre des années 60 avec l’arrivée, en 1982, de l’actuel sélectionneur de l’Angleterre, le Suédois Sven-Goran Eriksson. Avec lui, le Benfica remportait deux championnats et une Coupe du Portugal. Eriksson le mena également en finale de Coupe d’Europe en 1990 et, l’année suivante, au titre de champion du Portugal. Mais depuis 1996 et la victoire en Coupe du Portugal, le club n’a remporté aucun titre, et les soucis financiers se sont accumulés. Son ancien président, Joao Vale e Azevedo, purge une peine de 4 ans et demi pour détournement de fonds. Benfica a touché le fond en 2002, lorsqu’il s’est fait éjecter de la Coupe du Portugal au premier tour par Gondomar, une modeste équipe de 2e division, avant d’être repris en main par l’Espagnol José Antonio Camacho. Les supporteurs espèrent que le nouveau stade de Luz de 65 000 places, construit pour les besoins de l’Euro 2004, va lui permettre de redorer son blason. « Je suis triste de ne plus pouvoir jouer et donner un coup de main mais j’ai toujours foi dans l’équipe », a déclaré à l’agence Lusa Eusebio, qui vient de fêter ses 62 ans. Mais le Benfica Lisbonne est pour le moment seulement 3e au classement du championnat, à déjà 12 points du FC Porto.