Spécialisée dans la conception et la construction de véhicules de transport, tels que les bennes, les citernes, les ambulances, les remorques, les véhicules de distribution et autres, Carrosserie Abillama est aujourd’hui l’une des usines les plus modernes et les plus performantes du Moyen-Orient. Fondée en 1933 par l’émir Joseph Abillama, l’entreprise familiale réalise actuellement plus de 80 % de son chiffre d’affaires à l’export, déclare Daniel Abboud, directeur des ventes. La présence de Carrosserie Abillama sur le marché régional et international ne date pas d’aujourd’hui. « À l’époque du Mandat français sur le Liban, le fondateur, Joseph Abillama, construisait déjà des camions pour l’armée française et exportait des véhicules en Palestine et en Syrie », précise M. Abboud. Aujourd’hui, Carrosserie Abillama exporte vers la plupart des pays arabes et africains. En 2002, l’Irak a été le principal nouveau client, avec une commande de véhicules totalisant 2,7 millions de dollars. En 2003, sur un chiffre d’affaires global d’environ 5,5 millions de dollars, des commandes pour 1,9 million de dollars provenaient de Syrie. Les exportations vers l’Afrique ont totalisé 850000 dollars, vers les Émirats 500000 dollars, le Yémen 800000 dollars. Depuis 2001, l’entreprise, basée à Dbayé, a exporté pour plus de 15 millions de dollars. « Nos plus grands clients sont les fabricants de camions », dit M. Abboud. L’usine Abillama est le fournisseur officiel de constructeurs internationaux comme Scania, Volvo, Renault et M.A.N. « Nous ne traitons pas beaucoup avec des particuliers en vue d’amoindrir les risques de paiements », ajoute-t-il. Les véhicules sont livrés aux constructeurs européens, qui, à leur tour, les exportent vers les pays en développement. Les exportations se font ainsi par le biais, soit d’une vente directe aux particuliers, soit de contrats avec des constructeurs automobiles européens. Malgré des prix à l’exportation relativement chers par rapport aux autres constructeurs régionaux, Carrosserie Abillama conquiert deux nouveaux marchés chaque année. « Nos prix sont les plus élevés de la région. Cela est en partie dû aux coûts des matières premières utilisées, provenant principalement d’Europe », explique M. Abboud. Carrosserie Abillama doit aussi inclure dans ses coûts des frais de transport alors que ses concurrents installés dans le Golfe n’ont pas ce genre de dépenses. Le prix de fret d’un camion vers un pays du Moyen-Orient est d’environ 2500 dollars, et il peut atteindre jusqu’à 5000 dollars pour l’Afrique. Toutefois, l’avantage comparatif de l’entreprise est qu’elle produit des véhicules adaptés aux besoins des pays en voie de développement. « Nous fabriquons des produits sur mesure pour les pays du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Ouest », souligne M. Abboud. Ainsi, l’usine exporte des poids lourds qui ne sont plus fabriqués en Europe, tels que des citernes d’une capacité de 55 000 litres. Cette flexibilité vaut à l’entreprise une renommée internationale pour ses produits sur mesure et la rapidité et la qualité de ses services, poursuit-il. « Notre stratégie commerciale consiste à nous diversifier géographiquement pour ne pas dépendre d’un seul marché », précise Daniel Abboud. « En 2003, nous avons élargi notre horizon pour inclure Dubaï, la Jordanie et Qatar. Nous comptons exporter en 2004 vers le Koweït et le Soudan et mettre en place un centre de services dans chaque région. » Carrosserie Abillama a récemment ouvert un bureau de ventes à Dubaï, où une unité de production est en construction. La flotte libanaise n’étant pas assez grande pour assurer des débouchés, la majorité des clients libanais de l’entreprise sont des particuliers. « Nos produits sont relativement chers pour le marché libanais », explique le directeur des ventes. Le Liban a commandé en 2003 des véhicules pour un montant de 1,3 million de dollars, mais ces derniers seront utilisés en Irak. Anwar AZZI