Les milliers de sinistrés de la région d’al-Hoceima, au nord-est du Maroc, où un séisme meurtrier a fait plus de 560 morts, ont vu arriver les secours hier dans un climat d’angoisse provoqué par de fortes répliques sismiques. La communauté internationale s’est mobilisée pour venir en aide aux victimes du séisme qui a ravagé de nombreux villages proches d’al-Hoceima, une ville portuaire blottie dans les contreforts de la chaîne du Rif, sur la côte méditerranéenne du Maroc. De nombreuses équipes de secouristes, arrivés avec vivres, médicaments et équipements de survie en provenance notamment d’Espagne, d’Algérie et de France, étaient à pied d’œuvre hier aux côtés des sauveteurs marocains qui ont convergé de toutes les régions du royaume. Le roi Mohammed VI du Maroc, qui s’est rendu à Tanger « pour être proche de ses sujets et suivre les opérations de secours », ne s’était pas rendu en fin de journée dans la zone sinistrée. Cette visite avait été annoncée mardi par l’agence officielle Map comme devant se dérouler « dans les prochaines heures ». Le souverain a en revanche présidé à Tanger une « séance de travail » consacrée à « l’évaluation de la situation dans les provinces touchées par le tremblement de terre », a indiqué la Map. Il a notamment appelé à l’accélération des opérations de secours. Mais tandis que les secours commençaient à être distribués, les sinistrés vivaient une nouvelle journée d’angoisse en raison de nombreuses répliques sismiques, dont plusieurs de forte intensité, qui ont été ressenties dans toute la région. Un première secousse importante, en début de matinée, estimée à 4,3 degrés sur l’échelle de Richter par le Laboratoire marocain de géophysique, a été ressentie à al-Hoceima même, dont les habitants se sont dirigés, affolés, vers des espaces dégagés du centre-ville. Plusieurs personnes, paniquées, se sont évanouies au moment où elles ont ressenti la secousse, selon plusieurs témoignages. L’Institut géographique espagnol a évalué à 5,2 degrés sur l’échelle de Richter la magnitude d’une autre forte réplique, intervenue à 12h44 heure locale, centrée sur le lieu même du séisme principal de mardi, à une vingtaine de km au sud-ouest d’al-Hoceima. Ces répliques ont littéralement terrifié les villageois déjà très durement éprouvés par le tremblement de terre de la veille, d’une magnitude de 6,3 degrés sur l’échelle de Richter, et par une première nuit d’angoisse souvent passée dans les rues ou les jardins publics. Plusieurs bâtiments fragilisés se sont écroulés sous l’effet de ces nouvelles secousses, tandis qu’une personne est morte à Imzouren, après l’effondrement d’un logement qu’elle n’avait pas voulu quitter. Une polémique sur les normes de construction dans la région, née dès la découverte de l’ampleur des dégâts, s’est amplifiée avec la mise en cause, par des militants associatifs, d’un coupable « laisser-aller » dans la délivrance des permis de construire. Quelques manifestations ont également eu lieu, notamment à Aït Youssef Ouali, rassemblant des personnes qui dénonçaient la lenteur de la distribution des secours. Les autorités marocaines n’avaient pas réactualisé le bilan global du désastre, hier en fin d’après-midi, alors que les décombres ont livré de nouveaux cadavres aussi bien à Imzouren et à Aït Kamra – les deux principales villes touchées – que dans les petits villages, souvent difficiles d’accès, de la région.