Rechercher
Rechercher

Actualités

Concerts - À l’église Saint -Joseph (USJ) L’Orchestre symphonique national libanais : les échos de la Russie profonde

Si le Festival al-Bustan est cette année sous la bannière hongroise, l’Orchestre symphonique national libanais, sous la direction de Wojcieh Czepiel, fidèle à sa dynamique série de concerts très courtisés par notre auditoire, a battu la houlette cette semaine sous pavillon russe. Des partitions splendides, et non des moindres, qui ont fait vibrer les vitraux colorés des voûtes illuminées. L’éclat des cuivres et les trémolos des cordes ont fait résonner, péremptoires et chauds, les pages de Prokofiev, Moussorgsky, Bizet, Sieczynsky et Stavinsky (les rimes sont en i ce soir-là!). Oui, ce sont bien là les lointains échos de la Russie profonde... Ouverture en tragique bouleversant avec la suite Roméo et Juliette de Serge Prokofiev relatant les amours des amants de Vérone en un lyrisme animé sur fond d’hamonie volontairement consonante. Notamment ce pas de deux d’une mélodie envoûtante traçant en douce un destin marqué par le malheur d’aimer tout en oubliant presque tout du bonheur. Place ensuite, après ce fastueux mais grave préambule mettant en vedette les intermittences du cœur, à la soprano Nina Hawi, jeune cantatrice diplômée de la Haute académie nationale de musique d’Ukraine avec un répertoire marquant nettement ses préférences aux compositeurs russes. Regard bleu, cheveux blonds frisottés, comme une poupée de porcelaine russe, longue robe en soie bordeaux avec manteau en voile transparente à gros motifs de fleurs dentelées, voilà pour la tenue de scène. Nina Hawi a entamé son tour de chant avec une vibrante aria tirée de Khovanchina, œuvre inachevée de Modeste Moussorgsky. Voix typiquement éduquée à la russe où abondent les graves mielleux et des aigus guère pointus dans une expression scénique presque figée mais non dénuée d’une certaine séduction, cédant ainsi au chant toutes les chances de mieux plaire. Suit, dans le même registre du pays de l’Oural, une seconde aria tirée d’Alexander Nevsky de Prokofiev qui a illustré si brillamment le film d’Eisenstein. Carmen, avec ses jupons et son insolence d’impudique cigarière, captive davantage l’auditoire car il la (re)connaît pour être plus familière de ses héroïnes de scène lyrique. L’amour est un oiseau rebelle et nul ne peut l’apprivoiser, nous chante la belle Carmencita ici au regard d’azur. Mélodie sensuelle, chaloupée et tangante portée par une voix aux vibratos peu roucoulants avec des inflexions françaises approximatives. Pour terminer, un air, en allemand, de Sieczynsky où la quête du rêve a des allures d’un tourbillon insaisissable avec toutefois un orchestre qui couvre généreusement et bien maladroitement la voix de la cantatrice. De toute évidence, on préfère, de loin, la jeune cantatrice dans le répertoire et les timbres du pays de Tolstoï ! Exit Nina Hawi sous les applaudissements d’un public conquis avec, sur les bras, une gerbe de fleurs. Pour conclure, un des plus célèbres et des plus beaux morceaux du répertoire contemporain, L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky, qui lui valut la reconnaissance internationale tout en étant, dès sa première représentation avec Diaghlev, un succès phénomenal. L’Oiseau de feu est bien l’illustration sonore d’un délicieux conte russe où princes, princesses, esprits du mal, triomphe du bien et surtout un oiseau fantastique au plumage magique ont la part belle dans l’imaginaire populaire. Fabulation transcrite avec un art consommé en notes incendiées sur une partition opposant les timbres au lieu de les associer avec un foisonnement de couleurs et de lignes mélodiques absolument slaves. Entre le troublant frémissement des cordes et la violente éruption des cuivres, la musique de Stravinsky, à la fois suggestive et pittoresque, secoue l’auditeur et le mène vers les jardins secrets d’un monde enchanté. Quand les orgues tonnent avec Alessandro Belotto Les concerts se multiplient (même en une même soirée !) dans la capitale mais ne se ressemblent guère. Placé sous les auspices de l’Institut culturel italien et avec la collaboration de l’Association des diplômés libanais en Italie, un concert d’orgue a retenti sous les voûtes illuminées de l’église Saint-Élie des arméniens-catholiques (place Debbas) grâce au maestro Alessandro Belotto. Né à Rome, Alessandro Belotto est diplômé du conservatoire de Santa Cecilia (Rome). Études approfondies de l’orgue et de la composition avec Valentino Miserachs (président de l’Institut de musique sacrée au Vatican), du piano avec Maddalena Avignoni et Sergio Di Giacomo et, last but not the least, il a suivi des cours de musicologie auprès de l’Université La Sapienza de Rome. Musicien et interprète inspiré, Belotto a donné de multiples concerts de par le monde tout en se faisant remarquer aussi bien en tant que pianiste virtuose qu’émerite organiste. On nomme volontiers sa dernière prestation en Angleterre où il a offert aux mélomanes un retentissant (sans figure de style ni jeu de mots !) concert d’orgue à la cathédrale de Plymouth dans le Devon. Par ailleurs, il est à noter aussi qu’il est un excellent pédagogue et alterne cours de piano et d’orgue tout en animant de nombreux séminaires consacrés aux jeunes pianistes. Pour son passage à Beyrouth, les amateurs du genre l’on écouté dans un répertoire riche et varié donnant toute la majesté et la beauté des œuvres pour orgue. Au menu, faisant un rapide survol dans le temps et conciliant musique sacrée et profane dans un subtil mélange de styles, des pages de Frescobaldi, Zipoli, Scarlatti, Vivaldi/Bach, Charles Marie Widor, Refice, Bossi et Miserachs. Edgar DAVIDIAN
Si le Festival al-Bustan est cette année sous la bannière hongroise, l’Orchestre symphonique national libanais, sous la direction de Wojcieh Czepiel, fidèle à sa dynamique série de concerts très courtisés par notre auditoire, a battu la houlette cette semaine sous pavillon russe. Des partitions splendides, et non des moindres, qui ont fait vibrer les vitraux colorés des voûtes...