Huit personnes ont été tuées, outre le kamikaze, dans un attentat-suicide palestinien à Jérusalem, à la veille de l’ouverture à La Haye des délibérations de la Cour internationale de justice sur la légalité de la ligne qu’Israël édifie en Cisjordanie pour éviter ce genre d’attentats. Un Palestinien a actionné une bombe de cinq kg qu’il portait sur lui dans l’autobus bondé de la ligne 14, à Jérusalem-Ouest, à quelques centaines de mètres des remparts de la Vieille ville. L’homme avait réussi à s’infiltrer à Jérusalem en venant de la région de Bethléem, profitant des brèches de la ligne de séparation en cours de construction, selon la police. « Des tests d’ADN ont permis d’identifier une huitième victime », a précisé le porte-parole de la police, Gil Kleiman. Un précédent bilan faisait état de sept passagers tués, parmi eux il y a un soldat et deux adolescents. En outre, une soixantaine de personnes ont été blessées, dont une dizaine grièvement, et l’une est dans un état critique. Il s’agit du 29e attentat-suicide commis à Jérusalem au cours des dernières années, ces attentats ayant coûté la vie à une centaine de personnes. Israël a tiré argument de cette attaque aveugle pour justifier la construction de la ligne de séparation controversée qui coupe en deux les faubourgs palestiniens de Jérusalem-Est. Les responsables palestiniens ont exprimé quant à la crainte que l’attentat ne nuise à la bataille internationale contre le « mur » d’autant plus que l’opération a été revendiquée par un groupe issu du Fateh du leader palestinien Yasser Arafat. « Cet attentat justifie encore plus la construction de la clôture de sécurité » a déclaré le président de l’État Moshe Katzav à la télévision publique. Le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï a condamné l’attentat, affirmant qu’il fallait « mettre un terme à de tels actes parce qu’ils servent de prétexte à Israël pour poursuivre la construction du mur, les assassinats et les raids contre les civils palestiniens ». La direction palestinienne a également condamné l’attentat, soulignant « qu’il a été commis alors qu’une campagne internationale de soutien aux droits palestiniens est en cours ». Justifiant l’attentat de Jérusalem, le mouvement radical Hamas a, contrairement à l’Autorité palestinienne, estimé qu’il pourrait servir la cause palestinienne à La Haye. « Cette opération devrait démontrer que les raisons invoquées pour la construction du mur sont mensongères puisqu’il n’apporte pas la sécurité. Il vise à renforcer l’emprise israélienne sur nos terres », a affirmé un des chefs politiques du Hamas, Saïd Siam. Un représentant des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, une nébuleuse de groupes armés liés au Fateh, a revendiqué l’attentat et indiqué que son auteur, Mohammad Zohoul, 20 ans, venait du village de Houssan, près de Bethléem. L’armée israélienne a aussitôt pénétré dans la localité, a arrêté ses proches et s’apprêtait à dynamiter sa maison en guise de représailles. Le ministre de la Défense israélien Shaoul Mofaz a réuni à Tel-Aviv de hauts responsables sécuritaires pour « décider de la riposte à l’attentat », selon une porte-parole. Selon la radio militaire, il ne faut pas s’attendre à une opération d’envergure, vu le contexte international. L’attentat a été vigoureusement dénoncé par la communauté internationale, notamment par les États-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Espagne. Le Pape Jean-Paul II a quant à lui « déploré fermement le nouvel attentat brutal commis à Jérusalem » et appelé « à ne pas se laisser entraîner dans la dynamique absurde de la violence ». Israël a, par ailleurs, commencé hier à déplacer vers l’ouest une section de huit kilomètres de cette barrière en Cisjordanie, comptant apparemment sur l’effet de cette opération pour atténuer les critiques contre ce barrage.