Palestiniens et Israéliens mettaient la dernière main hier aux préparatifs dans leur bataille politique, juridique et médiatique, sur la ligne de séparation dont la légalité doit être examinée à partir de lundi par la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. Sur le terrain, deux activistes armés palestiniens, atteints jeudi soir par des tirs de soldats israéliens près d’une colonie de la bande de Gaza, ont été retrouvés morts hier. Le dirigeant palestinien Yasser Arafat doit prononcer lundi un discours à l’occasion du début des audiences de la CIJ sur la légalité de la barrière de séparation érigée par Israël en Cisjordanie. En prévision de ce rendez-vous, les mouvements palestiniens ont arrêté un programme d’activités de protestation contre cette barrière, qu’ils qualifient de « mur de l’apartheid ». Des marches et des manifestations sont prévues aujourd’hui dans des localités palestiniennes traversées par la barrière, qui s’enfonce profondément en Cisjordanie. Les activités doivent culminer lundi, proclamé par les Palestiniens « journée nationale contre le mur ». Après le discours d’Arafat, les sirènes d’alarme et les cloches des églises doivent retentir et la circulation s’arrêter pendant cinq minutes. Les fonctionnaires et les employés du secteur privé doivent observer un arrêt de travail d’une heure. Un porte-parole militaire israélien a, pour sa part, indiqué que l’armée « se préparait à faire face à des violences » ce jour-là et qu’elle prenait les mesures nécessaires. Bien qu’Israël ait décidé de boycotter les audiences orales de la Cour, se contentant d’une déposition écrite, l’État hébreu sera présent à La Haye pour une bataille médiatique pour convaincre l’opinion publique internationale de son bon droit. Dans ce but, les autorités israéliennes ont pris en charge le voyage à La Haye de victimes d’attentats et ont envoyé des représentants du ministère des Affaires étrangères. Des centaines de partisans d’Israël ont prévu de défiler le 23 février à La Haye en brandissant chacun la photo d’une personne tuée dans des attaques palestiniennes, depuis le déclenchement de l’intifada en septembre 2000. L’organisation juive ultraorthodoxe a en outre annoncé hier l’arrivée à La Haye hier de la carcasse d’un bus israélien détruit par l’explosion d’un kamikaze. Bus qui sera utilisé lundi au cours de manifestations. Face à eux, des députés arabes israéliens doivent également se rendre à La Haye pour dénoncer la construction du « mur ». Pour les Israéliens, cette « clôture antiterroriste » n’a qu’un seul but : empêcher des attentats et son tracé est somme toute secondaire. Pour les Palestiniens, la question du tracé est essentielle car ce « mur de l’apartheid » viserait à les encager dans de véritables bantoustans. Sur le terrain, dans la bande de gaza, l’armée israélienne a remis aux Palestiniens les corps des deux activistes tués. Deux groupes armés ont affirmé dans un communiqué conjoint publié à Gaza que les deux hommes avaient été tués lors d’un accrochage avec l’armée au sud de la colonie de Kfar Darom. Ces décès portent à 3 768 le nombre de tués depuis le début de la deuxième intifada, en septembre 2000, dont 2 825 Palestiniens et 875 Israéliens. Par ailleurs, deux activistes palestiniens, recherchés par Israël ont été arrêtés hier par l’armée près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie, selon des sources sécuritaires palestiniennes. Trois soldats israéliens ont par ailleurs été blessés accidentellement, dont un grièvement, lors d’un entraînement hier à Hébron. Moussa critique les initiatives américaine et européenne pour le P-O Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a critiqué hier la multiplication des initiatives occidentales pour la réforme au Proche-Orient. « Il pleut des initiatives, comme si le Proche-Orient devait se transformer en champ d’expériences, mais toutes les initiatives présentées sont incomplètes », a déclaré à la presse M. Moussa. « Nous acceptons la démocratie et les droits de l’homme, mais ce n’est qu’un volet, car la stabilité de la région nécessite une résolution de ses problèmes, et en premier lieu le conflit israélo-arabe », a expliqué M. Moussa. Alors que Washington a annoncé travailler à un vaste plan international pour soutenir les réformes et la démocratisation au Proche-Orient, le chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer a présenté, début février, un projet baptisé « nouvelle initiative transatlantique », visant à assurer le développement et la sécurité au Proche et Moyen-Orient. Conférence en juin à Genève pour relancer l’aide aux réfugiés palestiniens Une conférence internationale se tiendra les 7 et 8 juin à Genève pour relancer les efforts humanitaires en faveur des réfugiés palestiniens, dont les conditions de vie sont de plus en plus difficiles, a annoncé hier l’Agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA). Le directeur général de l’UNRWA Peter Hansen a rappelé, au cours d’une conférence de presse à Genève, que si le budget de fonctionnement courant de l’UNRWA – près de 350 millions de dollars pour des programmes à long terme d’éducation ou de santé – n’accusait qu’un léger déficit pour l’année en cours, les besoins d’urgence étaient en revanche loin d’être couverts. L’agence a reçu jusqu’à présent moins de 40 millions de dollars sur les 193 millions qu’elle a réclamés à la communauté internationale comme aide d’urgence pour 2004 et l’aide alimentaire aux Palestiniens, déjà réduite, devra encore être diminuée si les donateurs ne se montrent pas plus généreux, a-t-il précisé. Après un an de prison, le neveu pacifiste de Netanyahu dispensé de service militaire Yoni Ben Artzi, le neveu pacifiste du ministre israélien des Finances Benjamin Netanyahu, a été dispensé du service militaire après plus d’un an de prison pour refus de servir dans l’armée, a annoncé hier sa famille. Une commission militaire lui a cependant dénié le statut d’« objecteur de conscience », l’accusant publiquement de « refuser d’apporter sa contribution à la société ». La cour martiale d’appel de Jaffa, près de Tel-Aviv, avait décidé en novembre que Yoni Ben Artzi était coupable de « refus d’obéissance » tout en considérant qu’il était « sincère » dans son argumentation. Yoni Ben Artzi, âgé d’une vingtaine d’années, avait refusé par principe il y a plus d’un an son incorporation dans l’armée et demandait à bénéficier d’une clause d’objecteur de conscience. Manifester contre le « mur » n’est pas répréhensible, estime la Cour suprême d’Israël Un tribunal militaire israélien a fait libérer jeudi un Palestinien placé en détention administrative pour avoir organisé des manifestations contre la ligne de séparation construite par Israël en Cisjordanie, a indiqué hier une source militaire. Naïm Mourad, un militant du mouvement Fateh, avait été placé en détention administrative sans jugement, dans le centre de détention militaire de Ramallah pour « atteinte à la sécurité ». Dans un jugement exceptionnel, mais qui pourrait faire jurisprudence, le tribunal a estimé que la protestation contre la construction de la ligne ne justifiait pas une telle sanction.