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RHUMATOLOGIE - Les douleurs des articulations touchent les femmes plus que les hommes L’arthrose, une maladie fréquente mais pas fatale

On croit à tort que l’humidité est à l’origine des maladies rhumatologiques de l’hiver, notamment de l’arthrose qui en demeure la forme la plus fréquente. En fait, ce sont les variations de la pression atmosphérique et le changement d’altitude qui provoquent ces douleurs lancinantes au niveau des articulations, rendant les gestes et les mouvements difficiles à effectuer. L’arthrose n’est toutefois pas une maladie grave, comme l’affirme le Pr Hassane Awada, directeur des affaires médicales et chef du service de rhumatologie à l’Hôtel-Dieu de France, qui expose les causes du rhumatisme et ses traitements. « Je ne me sens bien qu’en été. En hiver, mes rhumatismes me reprennent. » Tout petit, vous avez sans doute entendu les personnes âgées autour de vous se plaindre de « leurs rhumatismes », qui s’accroissent avec la saison froide. « La notion de rhumatisme demeure floue chez les gens, qui l’évoquent dès qu’il s’agit d’une douleur des os ou des articulations, explique le Pr Awada. Or, nous savons qu’il existe plus de cent vingt types différents de rhumatismes. » Ceux-ci peuvent en fait être divisés en douleurs articulaires inflammatoires et dégénératives. « Quand les maux sont d’origine inflammatoire, l’articulation gonfle mais n’est pas elle-même usée, note le Pr Awada. C’est une maladie qui touche la synoviale, l’enveloppe de l’articulation, qui sécrète une plus grande quantité de liquide déclenchant ainsi la douleur. Cette forme de rhumatisme augmente durant la saison chaude et touche près de 20 % des personnes souffrant d’une maladie rhumatologique, soit 2 à 3 % de la population générale. » Dans leur forme dégénérative, les rhumatismes sont dus à l’usure du tissu qui est souvent ligamentaire ou cartilagineux. On parle ainsi d’une arthrose lorsque les articulations des genoux, des hanches ou des doigts sont usées, de tendinite dégénérative lorsqu’il s’agit d’une usure des tendons et de discopathie quand les disques du dos sont atrophiés. « Cette forme de rhumatisme est rencontrée chez 50 % des personnes qui se plaignent de maux de dos, du cou ou des articulations, indiquent le Pr Awada. Elle est due à l’excès de sport et des activités physiques, et aux travaux ménagers. Ces douleurs augmentent en hiver et sont sensibles aux variations de la pression atmosphérique, comme l’ont démontré plusieurs études mondiales. L’humidité ne joue aucun rôle dans leur déclenchement. En effet, les douleurs articulaires dégénératives sont liées au fait que la sensibilité dans l’organisme est véhiculée par des fibres nerveuses. Celles qu’on retrouve dans les tendons et dans les articulations sont uniquement sensibles à la pression. » Une maladie à prédisposition génétique L’arthrose, ainsi que toutes les maladies rhumatologiques, touche plus les femmes que les hommes. « Il ne s’agit toutefois pas d’une maladie fatale ou grave, affirme le Pr Awada. Elle est juste gênante, notamment lorsqu’il s’agit d’une arthrose des doigts. Si elle touche les hanches ou les genoux, elle pourrait être handicapante, nécessitant ainsi une intervention chirurgicale. Mais cela s’applique dans moins de 20 % des cas. » Et le rhumatologue d’ajouter : « On pensait que l’arthrose était due au vieillissement des articulations mais, depuis une dizaine d’années, on a compris qu’il s’agit d’une maladie génétique qui augmente avec l’âge. Elle apparaît généralement après la quarantaine, chez les personnes prédisposées. Maintenant qu’on a abouti à cette découverte, on comprend mieux pourquoi les traitements n’agissent pas sur la maladie, mais uniquement sur les symptômes, la douleur et la gêne. Les chercheurs essaient maintenant de développer des médicaments qui arrêteraient son évolution. Mais, à l’instar des maladies génétiquement déterminées, le diabète à titre d’exemple, il n’existe pas de traitements curatifs mais des drogues pour éviter les inconvénients et les complications du mal. » En ce qui concerne les tendinites et l’usure des ligaments, « on pense qu’il s’agit d’un processus lié à l’âge ». « Il s’agit d’une évolution naturelle, constate le Pr Awada. À partir de l’âge de 30 ans, les ligaments et les tendons deviennent moins élastiques. Ces structures commencent donc à se déchirer, principalement si on continue à pratiquer les mêmes activités physiques sans prudence. » C’est pourquoi, la trentaine dépassée, il faut : • s’échauffer avant d’entamer son sport pour que les tendons deviennent plus élastiques ; • ne pas arrêter l’activité physique et faire du sport d’une façon régulière (deux à trois fois par semaine), sachant que les rythmes irréguliers provoquent des douleurs ; • reprendre progressivement le sport, si on a arrêté pour une certaine période, pour éviter les maux de dos et du cou ; • réduire les sports violents, principalement celui du ballon, le tennis ou le squash à titre d’exemple, et choisir un exercice plus doux. « Les sportifs de haut niveau n’ont jamais plus de 30 ans, mis à part, bien sûr, Jimmy Connors et Andre Agassi, constate le Pr Awada. C’est que les tendons et les ligaments suivent un rythme forcé jusqu’à l’âge de 27 ou 28 ans uniquement. Cet âge dépassé, ils ne répondent plus. Et ce qui se passe de façon caricaturale avec les champions du monde, nous le ressentirons tous un jour ou l’autre. Donc, s’entraîner avec excès cause des problèmes. La sédentarité aussi, car l’activité physique renforce les muscles qui protègent les tendons et les ligaments. Si les muscles ne sont pas bien entretenus, la pression usera ces structures. » « Les ménagères ou les manutentionnaires doivent, quant à eux, apprendre à ne pas utiliser leur dos comme un outil, ajoute le Pr Awada. Ainsi, il ne faut pas se pencher pour porter quelque chose, mais plutôt plier les genoux. Il s’agit de règles générales que nous devons appliquer. En Suède, par exemple, le gouvernement a changé les normes des lavabos et des éviers en les relevant à 1,10 mètre au lieu de 90 cm, pour réduire l’incidence des maux de dos. » Le chaud et le froid Sommes-nous tous prédisposés à une maladie rhumatologique ? « Nous sommes tous prédisposés à avoir des maux de dos et des tendinites, qui figurent sur la liste des maladies rhumatologiques, répond le Pr Awada. Sachant que la majorité des maladies ostéo-articulaires sont dues à ces douleurs et que les cures thermales les soulagent énormément. En ce qui concerne l’arthrose, elle ne touchera pas tout le monde. Mais d’aucuns en souffriront un jour, notamment après l’âge de 50 ans. Mais si on inclut le mal de dos dans l’arthrose, on suppose que vers l’âge de 80 ans, 100 % des femmes et 80 % des hommes en souffriront mais à des degrés différents. » Le passage du chaud au froid augmente-t-il le risque des problèmes ostéo-articulaires ? « Non, rassure-t-il. Si on passe directement du chaud au froid, on peut avoir des contractions musculaires qui entraînent des maux aigus du dos ou du cou. Il s’agit d’un mal passager et non d’une maladie chronique. » Et le fait de craquer les doigts ? « Ça n’entraîne aucune complication et ne prédispose pas le sujet à un problème articulaire, note-t-il. Le seul désavantage demeure celui de gêner les autres. » Le traitement du rhumatisme inflammatoire demeure, selon le Pr Awada, médicamenteux. « Il en est de même pour le rhumatisme dégénératif, mais il faut tenir compte des règles d’entretien physique et musculaire », remarque-t-il. « La famille de médicaments dont nous disposons est symptomatique, principalement pour les tendinites. Des drogues qui agissent sur l’évolution de l’arthrose commencent, par ailleurs, à être développées », conclut-il. Nada MERHI Conseils pratiques Nous vous proposons quelques conseils pratiques pour rester en bonne forme, évitant ainsi les maux du dos et du cou. • Pour soulever une charge Courber le dos nécessite un grand effort musculaire pour se redresser. Les vertèbres risquent de ne pas être protégées. Pour cela : – placez-vous en face, le plus près possible de la charge, en écartant les pieds et en pliant les jambes ; – redressez-vous, buste droit, poids près du corps en vidant l’air de vos poumons. Ainsi, les muscles du dos travaillent moins. • Pour se baisser Placez-vous à côté de l’objet et pliez vos genoux en gardant le buste droit. • Pour se pencher Pliez un genou, jambe arrière tendue, en vous appuyant, si possible. Cela va vous rapprocher du sol et va éviter le surmenage des muscles du dos. Ayez recours à cette position pour faire la toilette, la vaisselle, le ménage… • Pour s’habiller N’essayez surtout pas de jouer à l’équilibriste, courbé sur une jambe. Mieux vaut vous asseoir, le dos bien calé au siège. • Pour monter l’escalier Penchez-vous légèrement en avant pour répartir le poids du corps. • Pour se lever du lit Donnez à vos muscles le temps de se réveiller et ne vous redressez pas brusquement. – placez-vous au bord du lit, couché sur le côté ; – redressez-vous en vous appuyant sur un coude, puis sur la main et pivotez les jambes pour vous asseoir. • Pour se soulager Allongez-vous bien droit, des coussins sous les cuisses. La colonne vertébrale repose bien à plat. • Pour s’asseoir plus droit Sans écarteler les vertèbres dans des sièges bien bas et mous. Vos muscles se reposeront tout autant sur un siège plus droit, avec un dossier haut et des accoudoirs. • Pour marcher et porter – Prenez deux sacs plutôt qu’un seul ; – portez des talons de hauteur moyenne et gardez toujours la même hauteur. • Pour dormir en reposant son dos et son cou Attention aux lits mous ! Ils vous semblent bien agréables, mais ils font travailler le dos qui ne repose pas à plat. Sommier rigide et matelas ferme sont de rigueur et ne dormez jamais sur le ventre. Ne vous cassez pas le cou avec un traversin dur et épais, et un oreiller plus haut, car il ne reposera plus dans l’axe normal du dos. • Pour conduire sa voiture Ne jouez pas aux pilotes automobiles. Conduisez bras souples, sans être collés au volant. Pour cela, reculez votre siège, mais redressez votre dossier. Une simple planchette évite de s’enfoncer dans le siège et soulage le dos. Pensez à vous arrêtez toutes les deux heures et marchez. Pour sortir de votre voiture sans tordre le dos, prenez des appuis et pivotez le bassin jambes jointes. • Pour rester assis Assis au bord d’une chaise, vos muscles se fatigueront pour garder l’équilibre. Pour cela, approchez la chaise et calez bien votre dos au dossier. • Pour porter un bébé Soutenez le bébé avec vos bras. Plus tard, portez-le derrière, sinon vos muscles travailleront trop à redresser le dos. • Pour faire travailler ses muscles À défaut de sport, faites au moins cet exercice facile : dos au mur, rentrez le ventre, redressez-vous et comptez de 1 à 6. Relâchez et recommencez dix fois. Jeûner, une mauvaise manière de maigrir Se priver de nourriture pour perdre du poids constitue une mauvaise manière de maigrir. L’organisme, en effet, se venge en se rattrapant au cours d’incontrôlables fringales. Les nutritionnistes sont unanimes: il ne suffit pas de réduire ses rations ou compter les calories avalées. Mieux vaut manger normalement mais en quantité réduite. Quitte à se limiter à des portions quasi symboliques pour les aliments qui font grossir. Sans oublier que la meilleure façon de garder la ligne, c’est de diversifier l’alimentation: goûter à tous les aliments, y compris fromages et desserts, quitte à éliminer tout appéritif qu’il soit avec ou sans alcool. Dans la volaille, préférer le blanc, sensiblement moins gras, en ne lui associant que des légumes, banissant du menu les pommes de terre, les sauces ou le riz. Sans se priver toutefois de dessert, ou alors opter pour des fruits peu sucrés ou des sorbets, oubliant complètement petits-fours et chocolats. C.G.
On croit à tort que l’humidité est à l’origine des maladies rhumatologiques de l’hiver, notamment de l’arthrose qui en demeure la forme la plus fréquente. En fait, ce sont les variations de la pression atmosphérique et le changement d’altitude qui provoquent ces douleurs lancinantes au niveau des articulations, rendant les gestes et les mouvements difficiles à effectuer. L’arthrose n’est toutefois pas une maladie grave, comme l’affirme le Pr Hassane Awada, directeur des affaires médicales et chef du service de rhumatologie à l’Hôtel-Dieu de France, qui expose les causes du rhumatisme et ses traitements.

« Je ne me sens bien qu’en été. En hiver, mes rhumatismes me reprennent. » Tout petit, vous avez sans doute entendu les personnes âgées autour de vous se plaindre de « leurs rhumatismes », qui...