Le gouvernement de Tokyo a pris hier la décision historique d’envoyer un contingent de 600 fantassins dans le sud de l’Irak, le premier déploiement de l’armée japonaise sur un théâtre de guerre depuis 1945. Cette intervention marque pour le Japon la sortie d’un demi-siècle de pacifisme, une étape de sa « normalisation » sur la scène internationale. Le feu vert en a été donné lors d’une rencontre entre le Premier ministre Junichiro Koizumi et son partenaire au sein de la coalition gouvernementale, Takenori Kanzaki, chef du parti bouddhiste Nouveau Komeito. Les soldats – des volontaires – rejoindront dans les prochaines semaines les éclaireurs basés à Samawa, une ville chiite relativement paisible, depuis le 16 janvier. Le déploiement doit s’effectuer par étapes, avec le départ début février de 80 sapeurs du génie, pour construire le camp japonais à Samawa, puis à partir de la fin février d’un demi-millier de soldats en trois « vagues » successives jusqu’à la fin mars, selon la presse. Au total, avec les effectifs de l’armée de l’air, déjà stationnés au Koweït, et de la marine, le corps expéditionnaire japonais en Irak et dans le Golfe dépassera le millier d’hommes. C’est la première fois que des soldats nippons sont dépêchés dans un pays en guerre depuis 1945. Sa Constitution pacifiste de 1946 interdit au pays de recourir à la force pour régler des conflits internationaux. L’intervention est officialisée alors que le nombre des Japonais favorables à l’envoi de soldats en Irak est pour la première fois égal à celui des opinions hostiles (47 %), selon un sondage publié hier par le quotidien Mainichi Shimbun.