Le Conseil des gardiens, institution-clef contrôlée par les conservateurs iraniens, a mis son veto hier à une réforme du code électoral approuvée en urgence dimanche pour permettre aux candidats réformateurs invalidés de se présenter aux législatives du 20 février. Mais les réformateurs sont à nouveau passés à l’offensive, le porte-parole du cabinet indiquant que le gouvernement pourrait refuser d’organiser les élections si elles n’étaient pas libres, tandis que se précisait la menace d’une démission en masse des responsables réformateurs, qui joueraient ainsi leur va-tout.
Selon le Conseil, dont la décision de barrer la route à des milliers de candidats réformateurs aux législatives a plongé l’Iran dans une grave crise politique, ce projet de loi contient des « points contraires à la religion et à la Constitution ». Le Parlement iranien, dominé par les réformateurs, avait voté dimanche une réforme du code électoral, employant une procédure d’exception pour forcer les conservateurs à valider la candidature de leurs adversaires politiques aux législatives. Suivant la procédure habituelle, sitôt adoptée, le projet avait été soumis au Conseil des gardiens de la Constitution.
« Nous ne pouvons pas organiser un scrutin qui ne sera ni concurrentiel, ni sain, ni libre », a dit hier le porte-parole du gouvernement réformateur, Abdollah Ramezanzadeh. « Cela signifie que ce gouvernement organisera uniquement des élections concurrentielles, justes et saines. » Selon la Constitution, l’organisation des élections revient au ministère de l’Intérieur, aux mains des réformateurs. M. Ramezanzadeh a réaffirmé qu’un certain nombre de ministres avaient informé le président réformateur, Mohammed Khatami, de leur intention de démissionner en cas de persistance de la crise.
En outre, selon le chef de la commission parlementaire de la Sécurité nationale et des Affaires étrangères, plusieurs dizaines de députés réformateurs observant un sit-in de protestation depuis 15 jours sont également sur le point de démissionner. Selon un parlementaire, membre d’un parti ultraprogressiste minoritaire, la réforme électorale était perçue par de nombreux députés comme un effort de la dernière chance pour résoudre la crise. Le chef du Conseil des gardiens a estimé pour sa part qu’avec des milliers de candidats n’ayant pas été invalidés, la campagne resterait équitable pour les 290 sièges du Parlement.
Le Conseil a déjà, selon ses propres dires, repêché 400 candidats. Il a légalement jusqu’au 30 janvier pour remettre les listes révisées au ministère de l’Intérieur.
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