L’ayatollah Ali Sistani, oracle des chiites d’Irak, donne audience dans son humble bureau, au fond d’une ruelle poussiéreuse de la ville de Najaf, selon un rituel oriental quasi immuable.
Depuis la chute du régime de Saddam Hussein, qui muselait la hiérarchie religieuse chiite, de nombreux représentants, membres du Conseil de gouvernement transitoire ou émissaires de la coalition, délégations de l’Onu ou de la Ligue arabe, ont pris la route de Najaf, à 160 km au sud-ouest de Bagdad, pour solliciter son assentiment.
« Les rencontres ont lieu dans le bureau du sayyed Sistani et très peu de gens y participent », a précisé le dirigeant de la fondation al-Balad al-Amine, proche des autorités religieuses de Najaf, Laïth Chobbar, qui a assisté à quelques-unes.
« Quand une délégation vient voir le sayyed, elle passe d’abord quelques instants dans une pièce avec son fils Mohammed Rida Sistani. La délégation s’asseoit sur le sol et le fils lui offre à boire, puis il envoie chercher son père, qui vient la recevoir », explique-t-il. « Certains embrassent sa main en signe de respect et il les laisse faire », indique M. Chobbar.
L’ayatollah Sistani « reçoit toute personne sans distinction de religion, mais les femmes doivent porter le voile », affirme-t-il. « Personne ne peut prendre de photo, il n’y a pas d’enregistrement », souligne M. Chobbar, qui ne se souvient pas avoir vu quelqu’un prendre des notes.
Un responsable de la coalition, dont l’exigence par l’ayatollah Sistani d’élections générales rapides gêne le plan de transition en Irak, a exprimé sa frustration devant l’impossibilité d’établir un contact direct avec lui.
« Nous avons envoyé des représentants irako-américains pour rencontrer l’ayatollah Sistani. Lors de la rencontre, ils s’asseyaient avec son fils qui lui apportait leurs questions et revenait avec le message de son père », a indiqué ce responsable sous le couvert de l’anonymat. « Ce n’est pas un moyen de communication efficace », a-t-il estimé.
D’après M. Chobbar, « sous l’ancien régime, c’était son fils qui recevait les responsables la plupart du temps car le sayyed était en résidence surveillée ». À présent, l’ayatollah Sistani écoute le plus souvent ses interlocuteurs, mais peut également mener la discussion, dit-il.
Un membre de la délégation des Nations unies qui l’avait rencontré en juin a confirmé cette description. « Lors de sa réunion avec Sergio Vieira de Mello (l’émissaire du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan), Ali Sistani s’est exprimé tout à fait clairement et longuement sans que son fils n’intervienne », a indiqué Ghassan Salamé, qui était alors conseiller politique de Vieira de Mello.
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultats L’ayatollah Ali Sistani, oracle des chiites d’Irak, donne audience dans son humble bureau, au fond d’une ruelle poussiéreuse de la ville de Najaf, selon un rituel oriental quasi immuable.
Depuis la chute du régime de Saddam Hussein, qui muselait la hiérarchie religieuse chiite, de nombreux représentants, membres du Conseil de gouvernement transitoire ou émissaires de la coalition, délégations de l’Onu ou de la Ligue arabe, ont pris la route de Najaf, à 160 km au sud-ouest de Bagdad, pour solliciter son assentiment.
« Les rencontres ont lieu dans le bureau du sayyed Sistani et très peu de gens y participent », a précisé le dirigeant de la fondation al-Balad al-Amine, proche des autorités religieuses de Najaf, Laïth Chobbar, qui a assisté à quelques-unes.
« Quand une délégation vient voir le sayyed, elle...