Après s’être laissées envahir par le béton dans les années 70 et 80, les stations de ski des Alpes tentent de renouer avec la tradition des villages enneigés et des chalets en bois, pour s’adapter à une clientèle friande d’authenticité.
« Le rêve d’un touriste est souvent dans le passé d’une station », explique Jacques Spindler, un chercheur du CNRS qui a participé à un récent séminaire à Zermatt (Suisse) sur le tourisme dans les Alpes. « Le touriste vient pour le ski mais aussi pour vivre dans un village ». Un village comme Zermatt, perché à 1 600 mètres d’altitude, avec ses vieux chalets dominés par la masse du Cervin. Zermatt est devenu une station prospère en accueillant au XIXe siècle les riches Européens venus faire de l’escalade ou admirer le paysage.
Même le Club Méditerranée, qui a lancé la mode des villages de vacances pour célibataires aventureux, fait désormais la promotion de valeurs plus traditionnelles, avec des hôtels de style chalet, en France, Suisse et Italie. « Notre culture est de plus en plus de nous ouvrir aux lieux où nous nous installons », explique un responsable du club, Philippe Pichlak. Mais traditionnel ne veut pas dire petit : le dernier projet du club est un complexe hôtelier de 800 lits à Peisey-Nancroix (Savoie), avec toits en pente et géraniums au balcon. « On veut prouver qu’on peut faire des grands complexes hôteliers qui s’intègrent dans l’environnement », souligne M. Pichlak.
Une conversion tardive qui fait sourire certains hôteliers de luxe. « Nous sommes l’antithèse élégante du Club Med », affirme Hans-Joerg Walther, propriétaire du Riffelalp Resort Hotel, un cinq étoiles qui, en 150 ans, a vu défiler Winston Churchill, les Rockefeller ou les Kennedy, tous attirés par la splendeur du Cervin. On se hisse jusqu’au Riffelalp, qui marie feu de bois et jacuzzi, dans un train à crémaillère ou à pied. Pour M. Walther, « les gens cherchent la paix, le calme, la relaxation, et tout cela en famille ».
Il y a vingt-trois ans, Jocelyne Sibuet et son mari ont acheté un chalet dans la station huppée de Megève (Haute-Savoie) et l’ont transformé en hôtel. Le couple possède aujourd’hui une dizaine d’hôtels ou de gîtes, regroupés dans la Compagnie des hôtels de montagne. Pour Mme Sibuet, c’est l’ambiance douillette de ces établissements, où le bois est omniprésent, et l’attention accordée au détail qui en font le charme. « La demande a évolué et elle évoluera dans les années à venir, explique-t-elle. Chaque fois on a une identité qui va avec l’environnement ». Les hôtels de M. et Mme Sibuet restent ouverts 10 mois de l’année, tout comme de nombreux établissements familiaux plus modestes.
La courte saison de sports d’hiver ne suffit pas en effet aux hôteliers et restaurateurs pour joindre les deux bouts. Depuis plusieurs années, les stations cherchent à promouvoir des activités de printemps et d’été comme les balades en montagne, le vélo tout-terrain ou le thermalisme. Le petit village de Vals, dans l’est de la Suisse, a bien essayé de se joindre à la ruée vers l’or blanc dans les années 80, mais sans grand succès. Ses seuls atouts étaient quelques téléskis et un établissement thermal qui perdait de l’argent et menaçait ruine. « Vals est un joli coin, mais il y en a beaucoup d’autres dans les Alpes suisses », reconnaît le directeur des thermes, Pius Trueffer. Il fallait donc se démarquer, en tirant parti des deux ressources naturelles de l’endroit : le quartzite des montagnes voisines et l’eau de source. Le nouveau centre thermal, dessiné par un architecte suisse dans un style épuré, presque zen, est une réussite esthétique et commerciale. Il sera bientôt flanqué d’un hôtel rénové dans la même veine minimaliste. Vals y a gagné une centaine d’habitants, des jeunes qui peuvent désormais vivre et travailler au pays.
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« Le rêve d’un touriste est souvent dans le passé d’une station », explique Jacques Spindler, un chercheur du CNRS qui a participé à un récent séminaire à Zermatt (Suisse) sur le tourisme dans les Alpes. « Le touriste vient pour le ski mais aussi pour vivre dans un village ». Un village comme Zermatt, perché à 1 600 mètres d’altitude, avec ses vieux chalets dominés par la masse du Cervin. Zermatt est devenu une station prospère en accueillant au XIXe siècle les riches Européens venus faire de l’escalade ou admirer le paysage.
Même le Club Méditerranée, qui a...