P-O - Les colons obtiennent des crédits supplémentaires et préparent une offensive légale contre le plan Sharon L’Autorité « ne permettra pas » au Hamas de prendre le contrôle de la bande de Gaza

L’Autorité palestinienne ne permettra pas au mouvement islamiste Hamas de « s’emparer » du contrôle de la bande de Gaza si Israël venait à se retirer de ce territoire, a déclaré hier Jibril Rajoub, conseiller pour la sécurité nationale du dirigeant palestinien Yasser Arafat. Dans le même temps, les colons infligeaient un double camouflet au Premier ministre israélien et à son plan de séparation unilatéral d’avec les Palestiniens en arrachant des crédits supplémentaires et en annonçant leur volonté de faire promulguer une loi interdisant à l’armée de les évacuer. «Nous les combattrons et nous les empêcherons de s’emparer de la bande de Gaza », a déclaré le général Rajoub en parlant des islamistes du Hamas, lors d’un entretien accordé à des correspondants militaires israéliens, rapportait hier la radio militaire israélienne sur son site Internet d’informations. M. Rajoub se référait au plan récemment dévoilé du Premier ministre israélien Ariel Sharon de démanteler 17 des 21 colonies israéliennes de la bande de Gaza. Un projet qui s’inscrit dans un plan de séparation d’avec les Palestiniens qu’il dit vouloir appliquer en cas d’impasse totale dans le processus de paix. M. Rajoub a également appelé lors de l’entretien à une reprise « immédiate » des pourparlers de paix avec Israël, qui sont au point mort depuis plusieurs mois. Un sommet entre M. Sharon et son homologue palestinien Ahmed Qoreï, susceptible de remettre les négociations sur les rails, pourrait avoir lieu prochainement. Leurs chefs de cabinet respectifs doivent se rencontrer demain à cet effet, a indiqué, à Berlin, M. Qoreï. Si des « progrès tangibles » sont réalisés lors des entretiens préparatoires, cela pourra aboutir à un sommet, a ajouté M. Qoreï à l’issue d’une rencontre avec le chancelier allemand Gerhard Schröder. M. Qoreï n’a pas rencontré M. Sharon depuis sa prise de fonctions à l’automne dernier, les contacts entre les deux parties n’ayant pas abouti jusqu’ici. Le Premier ministre palestinien a en outre démenti des informations selon lesquelles il aurait menacé d’abandonner ses fonctions de Premier ministre palestinien après une altercation avec Yasser Arafat sur la mise en œuvre de réformes. Les colons israéliens, opposés à l’évacuation de la bande de Gaza, ont, de leur côté, repris l’offensive en obtenant des crédits supplémentaires et en annonçant leur volonté de s’opposer, par des moyens légaux, aux plans visant à leur évacuation de la bande de Gaza. Par huit voix contre sept, la commission des Finances du Parlement a octroyé lundi soir une rallonge de près de 20 millions de dollars à la colonisation dans les territoires occupés. Ce budget prélevé sur les réserves du ministère de l’Habitat, initialement affectées aux sans-logis, sera en fait surtout consacré à la protection des maisons juives dans le secteur oriental arabe annexé de Jérusalem, où M. Sharon lui-même en possède une, ainsi qu’à la construction d’édifices publics dans diverses implantations en Cisjordanie. Selon des commentateurs politiques, le Parti national religieux (PRN), émanation politique des colons, a ainsi forcé la main à M. Sharon et s’est en échange abstenu d’appuyer trois motions de censure du gouvernement repoussées lundi soir. Le ministre israélien de l’Habitat Effi Eytam a, par ailleurs, indiqué au journal Maariv qu’il entendait faire promulguer une loi interdisant à l’armée d’évacuer des colons ou de démanteler leurs demeures. « Pour le bien de l’armée, de l’État et de la nation, l’armée israélienne ne doit pas être impliquée dans une affaire sensible qui divise la nation et qui doit être du ressort de la police et des gardes-frontières », a-t-il déclaré. Force d’interposition à Gaza M. Sharon devait, pour sa part, tenir hier soir des consultations sécuritaires relatives à la nouvelle mouture de son plan de séparation, selon la télévision publique. Il devrait présenter ce plan dans les prochaines 48 heures à Jérusalem à trois émissaires des États-Unis, dont le secrétaire d’État adjoint chargé du Proche-Orient, William Burns, selon des sources diplomatiques américaines. Les colons ont d’ailleurs chargé, selon la télévision publique, l’un des leurs d’agir au Congrès américain afin que ce dernier empêche l’Administration Bush d’entériner le plan Sharon. À Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a proposé hier le déploiement d’une force d’interposition à Gaza après le démantèlement des colonies envisagé par Ariel Sharon. Sur le terrain, un chef local de la branche militaire du Front populaire de libération de la Palestine, groupe radical laïc, a été arrêté hier lors d’une incursion de l’armée israélienne à Kalkilya dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué des responsables palestiniens.