Le président Mohammed Khatami a appelé hier les Iraniens à voter vendredi aux législatives contre une « minorité » conservatrice, à défaut de pouvoir voter pour des candidats qu’ils soutiennent vraiment, a rapporté l’agence officielle Irna. « Même s’ils ne peuvent pas envoyer au Parlement ceux qui sont véritablement leurs candidats, ils peuvent empêcher ceux dont ils ne veulent pas d’y entrer », a déclaré le président réformateur dans un communiqué cité par l’agence.
Par ailleurs, la tête de liste des réformateurs aux législatives iraniennes, Mehdi Karoubi, président du Parlement sortant, est apparu hier comme un homme seul au moment de défendre la décision de participer aux élections et d’assurer que les réformes allaient se poursuivre malgré tout.
« Les droits d’un grand nombre ont été piétinés, et il faut modifier la loi électorale de fond en comble », a déclaré devant la presse l’hodjatoleslam Karoubi, qui conduit la Coalition pour l’Iran, la seule liste réformatrice pour les législatives de vendredi.
« Nous considérons que ces élections ne sont pas justes, mais nous avons décidé de participer parce que notre présence est plus productive que notre absence », a dit cet homme réputé très proche du président Mohammed Khatami et membre comme lui de l’Association des religieux combattants (ARC).
L’ARC, une des composantes de la Coalition pour l’Iran, a fait le choix de participer, malgré l’invalidation par les organes de contrôle conservateurs non élus d’environ 2 300 candidatures, dont celles de maintes personnalités réformatrices.
Ces éliminations ont provoqué une crise politique majeure, préparé le terrain à une victoire conservatrice, favorisée par une abstention qui risque d’atteindre des niveaux inégalés depuis longtemps.
Selon un communiqué publié hier dans la presse par les députés contestataires sortants (dont 80 ont été interdits de se représenter), il n’y a aucune concurrence dans 109 circonscriptions élisant 155 députés sur 290.
Un membre en vue de l’ARC, Majid Ansari, a lui-même chiffré dans le journal Chargh à 90 % la proportion des candidats réformateurs désavoués par les conservateurs.
Le principal parti réformateur, le Front de la participation, le premier syndicat étudiant, et plusieurs autres, ont décidé de boycotter le scrutin. Les abonnés du portable reçoivent à présent des SMS les incitant à s’abstenir.
L’Organisation des moudjahidine de la révolution islamique, un des partis les plus progressistes, a confirmé dimanche soir qu’elle boycotterait la consultation à cause de ce qu’elle a appelé une « ingérence irresponsable de certains cercles du pouvoir dans les affaires électorales ».
Les autres partis « ont le droit de ne pas participer, mais ils ne peuvent pas faire campagne pour l’abstention », a dit M. Karoubi, réputé pour son extrême mesure et sa fidélité au système islamique. Il a récemment assuré que la démission de 130 députés dénonçant la censure conservatrice n’était pas légale.
Malgré les disqualifications, la menace de l’abstention qui sert les conservateurs confiants en un électorat fidèle, les divisions des réformateurs et la désillusion des votants, M. Karoubi s’est montré moins pessimiste sur les perspectives électorales que le porte-parole de la Coalition pour l’Iran.
Ce dernier, Ali Akbar Mohtachémi, a reconnu dimanche que la coalition partait battue.
La Coalition pour l’Iran a eu toutes les peines du monde à constituer sa liste en quelques jours. M. Karoubi n’a même pas parlé de programme électoral hier.
« Des gens des deux bords entreront au Parlement », a-t-il dit quand même.
« Que nous recueillions des voix ou non, nous allons poursuivre nos activités, a-t-il ajouté, c’est du peuple que dépend l’avenir des réformes, mais elles vont se poursuivre, sous d’autres formes. »
Il a défendu le président Khatami contre ceux, très nombreux, qui lui reprochent de ne pas avoir tenu ses promesses : « Khatami n’a certes pas atteint tous ses objectifs, mais le climat aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui qu’il était avant son élection (en 1997), du point de vue des libertés et des relations internationales. »
Les conservateurs, eux, continuent à faire campagne. Selon la presse, plusieurs partis de droite ont apporté leur soutien à la liste conservatrice à laquelle beaucoup promettent la victoire, les Bâtisseurs. Parmi ces partis, figure celui de la Coalition islamique, proche du très influent bazar de Téhéran.
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultats Le président Mohammed Khatami a appelé hier les Iraniens à voter vendredi aux législatives contre une « minorité » conservatrice, à défaut de pouvoir voter pour des candidats qu’ils soutiennent vraiment, a rapporté l’agence officielle Irna. « Même s’ils ne peuvent pas envoyer au Parlement ceux qui sont véritablement leurs candidats, ils peuvent empêcher ceux dont ils ne veulent pas d’y entrer », a déclaré le président réformateur dans un communiqué cité par l’agence.
Par ailleurs, la tête de liste des réformateurs aux législatives iraniennes, Mehdi Karoubi, président du Parlement sortant, est apparu hier comme un homme seul au moment de défendre la décision de participer aux élections et d’assurer que les réformes allaient se poursuivre malgré tout.
« Les droits d’un grand nombre ont été...