La burqa bleue relevée sur leur tête, les trois jeunes Afghanes sont au bord du fou rire en examinant la lingerie sexy qu’elles ont découverte au Bazaar-e-Zanana, le « Marché des Femmes » récemment ouvert à Kaboul et strictement interdit aux hommes. Jusqu’il y a deux semaines, les seuls magasins vendant des sous-vêtements étaient dirigés par des hommes, exposant aux remarques désobligeantes les femmes qui s’aventuraient à vouloir acheter un soutien-gorge ou du rouge à lèvres.
Désormais, dans ce magasin, elles peuvent s’offrir le luxe inouï sous les talibans de bavarder avec la vendeuse et de plaisanter en comparant un bustier vert « made in China » ou un autre en dentelle beige.
« On prend du plaisir à faire du shopping, parce que c’est décontracté », explique une des clientes qui préfère rester anonyme : « Quand on achète un soutien-gorge au marché, on ne peut que le regarder dans la vitrine, ici, on peut prendre des mesures, l’essayer et se regarder dans le miroir. » Ouvert le 1er février à l’intérieur d’un parc réservé aux femmes, le Bazaar-e-Zanana, construit avec l’aide de l’ONG Actions et Développement Solidaires – International et du ministère des Affaires féminines, remporte déjà un grand succès, dans une capitale afghane où les femmes sont généralement confinées sous leur burqa, ombres bleues évoluant timidement sous le regard sévère des hommes.
Avant son ouverture, les femmes qui se voyaient interdire par leurs maris de faire des courses ou trop réservées pour affronter les vendeurs des bazars communs devaient demander à leurs époux, leurs frères ou leurs enfants de faire leurs achats, explique la directrice du Marché des Femmes, Neelab Sadat.
Sous le régime islamiste fondamentaliste des talibans, les femmes étaient interdites d’école et de travail et étaient confinées chez elles, autorisées à sortir seulement accompagnées et vêtues de la traditionnelle burqa qui couvre le corps des pieds à la tête. Depuis la chute des talibans en novembre 2001, la nouvelle Administration du président Hamid Karzaï s’efforce de changer la condition féminine, mais se heurte au poids des traditions et de la culture conservatrice afghanes. « Le Marché des Femmes est important car les femmes doivent être visibles dans toutes les activités de la société », juge la ministre des Affaires féminines Habiba Surabi.
Le vendredi, jour de repos traditionnel pour les musulmans, les femmes envahissent le Bazaar-e-Zanana, heureuses de montrer leurs atours. « Elles ne veulent surtout pas que les hommes viennent ici », souligne Neelab Sadat en expliquant que vendredi « elles étaient toutes sur leur 31, la plupart en pantalons, sans voile ». Une vingtaine d’échoppes sont déjà ouvertes, offrant vêtements, chaussures ou cosmétiques, en plus d’un salon de coiffure et d’un salon de thé. Avantage supplémentaire : afin de rendre le bazar encore plus attractif, les prix ont été baissés, même si les clientes sont, comme tous les Afghans, des spécialistes du marchandage serré.
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultats La burqa bleue relevée sur leur tête, les trois jeunes Afghanes sont au bord du fou rire en examinant la lingerie sexy qu’elles ont découverte au Bazaar-e-Zanana, le « Marché des Femmes » récemment ouvert à Kaboul et strictement interdit aux hommes. Jusqu’il y a deux semaines, les seuls magasins vendant des sous-vêtements étaient dirigés par des hommes, exposant aux remarques désobligeantes les femmes qui s’aventuraient à vouloir acheter un soutien-gorge ou du rouge à lèvres.
Désormais, dans ce magasin, elles peuvent s’offrir le luxe inouï sous les talibans de bavarder avec la vendeuse et de plaisanter en comparant un bustier vert « made in China » ou un autre en dentelle beige.
« On prend du plaisir à faire du shopping, parce que c’est décontracté », explique une des clientes qui préfère rester...