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Actualités - CHRONOLOGIE

TRANSPORTS - Une étude de l’Escwa sera discutée en mars par des experts des trois pays Un réseau commun économiserait 850 millions de dollars au Liban, à la Syrie et à la Jordanie

Créer une zone commune de transport entre le Liban, la Syrie et la Jordanie, telle était l’idée des ministres concernés en 2002, lorsqu’ils ont chargé l’Escwa de mener une étude sur les moyens de faciliter et de réduire les coûts de transport entre ces trois pays. Après 11 mois de travail, l’étude a été récemment présentée au grand public, dévoilant une série de recommandations visant à simplifier les formalités et à accélérer les procédures au niveau des transports maritime et terrestre. L’idée, explique Nabil Safwat, directeur du département de la mondialisation et de l’intégration régionale du transport à l’Escwa, est « de parvenir à une économie de temps mais surtout d’argent, puisque l’application de l’étude permettrait aux trois pays concernés d’économiser 850 millions de dollars d’ici à cinq ans, soit 170 millions de dollars par an. » La Syrie bénéficiera de 40 % des économies réalisées, tandis que le Liban et la Jordanie profiteront chacun de 30 %. L’enjeu est de taille, à l’image des problèmes qui émaillent les structures de transport au Liban, en Syrie et en Jordanie au niveau des ports, des douanes et des points de passage terrestres. Le projet de l’Escwa repose principalement sur trois éléments : l’unification des documents, l’uniformisation des taxes (à certains degrés) et la simplification du système de contrôle des marchandises. M. Safwat, qui a été chargé de superviser l’étude, reconnaît toutefois que le talon d’Achille du transport dans ces trois pays est l’absence de matériel technologique moderne, notamment au sein des ports. « Les équipements sont anciens et les opérations de déchargement, de chargement ou d’emmagasinage ne sont pas mécanisées dans ces trois pays », souligne-t-il. Cela implique une lenteur au niveau des multiples manutentions effectuées au sein des ports de Tartous, de Lattaquié, d’Aqaba, de Tripoli et de Beyrouth. Simplifier, économiser Mais le retard sur lequel s’attarde l’étude est celui occasionné par le manque d’infrastructure moderne de télécommunications et d’information. La Jordanie est en avance dans ce domaine par rapport au Liban et à la Syrie, mais, selon l’Escwa, il reste encore beaucoup à faire. « Étant donné que beaucoup de documents (manifestes, factures, etc.) et de formalités circulent encore de main en main, nous proposons de mettre au point un système d’informatisation qui permette par exemple de présenter les demandes, les certificats et les manifestes par voie électronique », explique le directeur du département. Ainsi, au lieu que le commerçant ou l’entrepreneur aille en personne aux Douanes, il lui suffira d’introduire lui-même les données et les informations douanières sur un site donné. Les auteurs de l’étude suggèrent également que le Liban, la Syrie et la Jordanie adoptent un même manifeste douanier et unifient les formalités des douanes et des ports, afin qu’elles soient effectuées en une seule fois (one-stop-shop) et sur une seule fiche, comme c’est le cas au port de Dubaï. « Il est indispensable de réduire le nombre d’employés avec lesquels traite le commerçant ainsi que le nombre de paperasses à présenter ou à retirer », souligne M. Safwat, ajoutant que cette même idée s’applique au niveau du transport terrestre. Les auteurs de l’étude suggèrent en effet de supprimer les convoyeurs qui accompagnent généralement les véhicules d’un point de passage à un autre pour éviter les fraudes, en vue de ne pas retarder la circulation des marchandises. L’économie de temps peut être réalisée également au niveau du contrôle des biens transportés, qui, selon l’étude, doit être simplifié. « En matière de sécurité, explique M. Safwat, il existe trois lignes : la jaune, qui suppose le contrôle des documents relatifs à la marchandise ; la rouge, en vertu de laquelle on inspecte 10% de la marchandise en tant que telle ; et la verte, qui n’implique aucun contrôle. » Selon lui, il faut que 90% des marchandises passent par la « ligne verte », notamment au niveau des points de passage, où l’inspection systématique de l’ensemble de la marchandise fait perdre beaucoup de temps et d’argent au commerçant. Comment éviter alors les fraudes et les contrefaçons ? « Une administration pour la gestion des risques sera chargée d’établir une fiche pour chaque commerçant comprenant le type de marchandise qu’il transporte, le type de son véhicule ainsi que ses informations personnelles », précise M. Safwat. Réduire les coûts Le problème des taxes perçues sur le transport maritime mais surtout terrestre varie selon les pays. En Jordanie, on taxe encore en fonction de la valeur de la marchandise, tandis qu’en Syrie, les taxes sont calculées selon le poids du camion. Pour M. Safwat, « il faut unifier les taxes en adoptant un taux calculé en fonction du type de camion ; on percevra par exemple 50 dollars sur tel type de camion dans les trois pays, ce qui économisera beaucoup de temps ». Selon l’étude, les frais occultes doivent également être supprimés. Ainsi, « il est injustifiable qu’un camion qui rentre en Syrie après avoir déchargé les marchandises au Liban, par exemple, soit taxé au retour à l’instar d’un véhicule transportant des biens », estime M. Safwat. L’étude sera discutée en mars prochain par des experts avant que les ministres des Transports ne décident de conclure un accord inspiré du projet proposé par l’organisation internationale. Qui financera le projet une fois approuvé par les trois pays concernés ? « L’Union européenne, la Banque mondiale et l’OMC sont disposées à fournir les fonds nécessaires à ce projet car elles s’intéressent à toute entreprise visant à faciliter le commerce régional et mondial », explique M. Safwat, précisant que l’Escwa est prête à offrir son aide technique. Et d’ajouter : « Si le projet est appliqué dans ces trois pays du Levant, il peut devenir un modèle pour une future zone arabe de transport . » Rana MOUSSAOUI
Créer une zone commune de transport entre le Liban, la Syrie et la Jordanie, telle était l’idée des ministres concernés en 2002, lorsqu’ils ont chargé l’Escwa de mener une étude sur les moyens de faciliter et de réduire les coûts de transport entre ces trois pays.
Après 11 mois de travail, l’étude a été récemment présentée au grand public, dévoilant une série de recommandations visant à simplifier les formalités et à accélérer les procédures au niveau des transports maritime et terrestre.
L’idée, explique Nabil Safwat, directeur du département de la mondialisation et de l’intégration régionale du transport à l’Escwa, est « de parvenir à une économie de temps mais surtout d’argent, puisque l’application de l’étude permettrait aux trois pays concernés d’économiser 850 millions de...