Actualités - CHRONOLOGIE
CONCERT - Au palais de l’Unesco L’Orchestre des cordes arméniennes virtuoses: sous le signe de l’amour et de la bonne humeur
Par DAVIDIAN Edgar, le 17 février 2004 à 00h00
Trois soirées consécutives de musique classique et moderne, de valses, polka, marches, tango, danses hongroises, suite de Carmen, ragtime et french cancan, dans un délassant pot-pourri sonore, avec l’Orchestre des cordes arméniennes virtuoses (composé de 17 musiciens sur scène) au palais de l’Unesco, sous la houlette de Loris Tjeknavorian que les mélomanes libanais connaissent très bien pour l’avoir applaudi, entre autres, au temple de Baalbeck il y a quelques années… De Strauss (père et fils) à Khatchadourian, en passant par des partitions de Bizet, Tjeknavorian, Komitas, Brahms, Stevie Wonder, E. Francini, S. Joplin, L. Anderson et S Shakaryan, le monde n’avait plus de frontières et arborait brusquement un langage universel…
C’est avec les trois L que se place d’emblée ce concert survolant la grande et la petite musique, par un temps effroyablement orageux. Le maestro, crinière blanche moutonnante, frac noir, gilet et papillon blancs, sourire aux lèvres, baguette pointant tous les horizons, annonce que les trois L sont Long Live Love. Oui, tout est en rose avec cœur rouge gonflé à l’hélium et battant la chamade… Et sur ce ton badin, Loris Tjeknavorian a déployé un don d’animateur inspiré tout au long de la soirée, précisant aussi que la musique est avant tout plaisir (nul ne saurait le contester), accordant ainsi légèreté et décontraction à un évènement qu’on croyait quand même plus substantiel…
Anahid Aslanian, premier violon de l’orchestre, arrive sur scène avec une robe noire longue généreusement décolletée et une rose baccarat d’une main tandis que de l’autre elle fend l’air avec son archet…Ce sont trois morceaux d’Aram Khatchadourian qui ouvrent le bal des notes. Tout d’abord la sémillante Danse des sabres, ensuite une tendre berceuse pour finir avec la bondissante Lezinka, qui rappelle les sauts des bergers au son des «tombouks» et des «duduks». De Tjeknavorian, des airs d’amour (décidément, le maestro ne démord pas!) dont une délicieuse valse avec une mélodie prenante. Arrive ensuite Carmen et sa passion fatale (absolument de circonstance, un soir de Saint-Valentin) dans une suite où frissonnent les cordes pour faire vivre les intermittences du cœur de la séduisante et rebelle cigarière. Retour au charme du pays de Sayat-Nova avec des vibrantes Miniatures arméniennes dont l’une est d’une chavirante nostalgie. Plus colorées et alertes sont les Danses hongroises (1,5 et 6) de Johan Brahms qui ont toujours toutes les faveurs du public avec leurs motifs folkloriques d’une incroyable vivacité.
Participation du public
Changement d’atmosphère, d’époque et de rythme avec le Sir Duke de Stevie Wonder, où le public participe activement au rythme et au développement de la mélodie en battant les mesures avec les mains, encouragé par le maestro d’une humeur absolument informelle ! Tant qu’à faire et pour parfaire le tableau «valentinien» de la soirée, un tango s’impose. Et allez hop, un pas en avant un en arrière, tendez l’avant-bras, chevilles lestes, cambrez les hanches, empoignez votre partenaire, yeux dans les yeux… Plus délurés et empruntant au jazz ses vagues à l’âme et ses rythmes syncopés sont les accents «amuseurs» du ragtime du splendide Scott Joplin, éminent et talentueux représentant de la musique soul outre-Atlantique.
Amusants aussi sont les pizzicati de Leroy Anderson, dont le morceau justement s’intitule Pizzicato. Mélodie prestement enlevée sur fond de cordes pincées et au rencart l’archet! Pour terminer, ces petites dames du Moulin-Rouge relèvent leurs jupons à lingerie fine en dentelle et s’accordent une provocante virée du côté du cancan selon la vision de Stepan Shakaryan. Maestro Tjeknavorian a le coup de sifflet strident, rappelant par là les comiques rafles de police faisant fuir public, musiciens et danseuses dans un Paris pourtant si polisson et libertin… Ici aussi tout le monde quitte la scène dans un grand éclat de rire, faisant une complicité de plus entre artistes et auditoire…
En bis, un swing ponctué par les claquements de doigts de l’assistance et surtout la célèbre Radtzky marche de Strauss, qui met du baume au cœur et reste toujours d’un enthousiasme ébouriffant. Avec la rageuse tempête qui sévit dehors, un signe de plus pour les amoureux selon maestro Tjeknavorian (oui, pas d’amour sans larmes ni calfeutrage !), le public a quitté la salle avec, dans la tête, les dernières notes d’un répertoire bien rose…
Edgar DAVIDIAN
Trois soirées consécutives de musique classique et moderne, de valses, polka, marches, tango, danses hongroises, suite de Carmen, ragtime et french cancan, dans un délassant pot-pourri sonore, avec l’Orchestre des cordes arméniennes virtuoses (composé de 17 musiciens sur scène) au palais de l’Unesco, sous la houlette de Loris Tjeknavorian que les mélomanes libanais connaissent très...
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