Russie - Les enquêteurs penchent pour une défaillance technique et écartent l’hypothèse d’une action terroriste L’effondrement d’un centre aquatique à Moscou fait au moins 28 morts

L’espoir de retrouver des survivants s’amenuisait rapidement hier à Moscou où des centaines de sauveteurs fouillaient les décombres du parc aquatique dont l’effondrement, samedi, a fait au moins 28 morts, dont 6 enfants, tandis qu’une quinzaine de personnes étaient portées disparues. Ce dernier chiffre a été établi à partir des vêtements laissés au vestiaire de Transvaal Park et que personne n’était venu réclamer. 78 blessés, dont 25 enfants, étaient hospitalisés en début d’après-midi. L’état de cinq personnes était considéré comme critique et celui de 13 autres comme grave. Le bilan provisoire donné de sources médicales et policières risquait encore de s’aggraver, malgré les efforts des secours qui cherchaient à maintenir dans les décombres, avec des « canons à chaleur », une température permettant aux potentiels prisonniers de survivre. « Il y a d’abord eu un genre de bruit, puis un grand fracas. Puis le silence. Tous ont ensuite commencé à fuir. Toute la portion de toit qui recouvrait la zone aquatique est tombée », a déclaré à la chaîne Pervy Kanal un employé du centre. Les raisons de l’accident faisaient dimanche l’objet de vives spéculations, alors que les médias russes n’arrivaient pas à identifier les actionnaires de la société ETS (Evropeïskie tekhnologuii i servis), propriétaire du complexe qui comprenait également des salons de beauté, une boîte de nuit et un restaurant. L’intérieur, décoré de plantes tropicales, devait créer l’ambiance d’une mer du Sud, tandis que les saunas étaient aménagés dans le style romain ou oriental. Survenue huit jours après l’attentat sanglant dans le métro de Moscou, la catastrophe a fait d’abord penser à une nouvelle action terroriste, mais cette version a été rapidement écartée par les enquêteurs du parquet de Moscou qui orientaient leurs recherches plutôt vers une défaillance technique, soit un défaut de construction, soit une erreur dans l’exploitation du centre aquatique, construit par une société turque. La coupole de verre et de béton qui s’est effondrée, haute de 20 mètres et large de 50 mètres à la base, pouvait être chargée de neige, tombée en abondance ces derniers jours. Elle était également soumise à une importante différence de températures, avec -20 à l’extérieur et plus de 25 à l’intérieur, ce qui risquait de conduire à une condensation de vapeur. La responsabilité potentielle des constructeurs a été indirectement évoquée par le ministre russe des Situations d’urgence. Sergueï Choïgou a observé devant la presse que « le temps était venu d’en finir avec ce bordel » et qu’il fallait « qu’il y ait un contrôle » (dans le bâtiment). De son côté, le procureur de Moscou, Anatoli Zouïev, a souligné que des experts allaient incessamment prélever des échantillons de béton et d’autres éléments de construction. « L’expertise permettra de déterminer les causes de l’accident et nous prendrons alors des mesures de contrôle appropriées dans les autres installations sportives », a-t-il dit. L’accident s’est produit samedi soir, autrement dit à l’heure de pointe pour Transvaal Park, ouvert en juin 2002. Plus de quatre cents personnes avaient acheté des tickets d’entrée pour la partie aquatique du complexe. La plupart ont pu s’enfuir par leurs propres moyens, souvent bravant la neige et la glace en maillot de bains, voire nus, pour être évacués sans retrouver leurs affaires et les clés de leurs véhicules laissés au parking. 49 personnes vivantes ont ensuite été dégagées par les sauveteurs. « Je suis sorti tout nu. Quelqu’un m’a lancé des vêtements », a dit un jeune homme encore sous le choc, interrogé par la chaîne de Moscou TVTs.