Après avoir clamé leur volonté d’adhérer à l’euro le plus vite possible, les pays d’Europe centrale, qui s’apprêtent à entrer dans l’Union européenne, comprennent qu’ils ont intérêt à prendre leur temps.
Après les mises en garde répétées de la Banque centrale européenne et de nombreux économistes contre une adoption précipitée de la monnaie unique, les attaques spéculatives contre la devise hongroise fin 2003 ont achevé de convaincre les gouvernements de la région qu’il faudra être patient.
Les quatre plus grands pays, qui adhéreront à l’UE en mai – Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie – ne pourront sans doute pas entrer en zone euro avant 2009 ou 2010.
Il leur faudra d’ici là réduire notamment leurs déficits publics au-dessous du seuil fatidique des 3 % du produit intérieur brut (PIB) défini par le traité de Maastricht.
La Hongrie (avec un déficit prévu à 4,6 % du PIB pour 2004), la Pologne (5,5 %), la République tchèque (5,5 %) et la Slovaquie (3,9 %) ont encore du chemin à parcourir.
Budapest, qui claironnait encore il y a quelques mois viser une entrée en zone euro dès 2008, vient d’être sanctionnée par les marchés financiers pour avoir échoué à réduire suffisamment ses déficits.
En Slovaquie, le gouvernement, qui annonçait régulièrement une adoption de l’euro en 2008, se montre désormais plus prudent.
Lors d’une conférence à Vienne en janvier, le Premier ministre Ivan Miklos a évoqué une adhésion « dans tous les cas d’ici à 2010, mais d’abord quand nous respecterons durablement les critères de Maastricht ».
La République tchèque a été le premier pays de la région à reconnaître qu’une adoption de l’euro ne serait pas possible avant la fin de la décennie.
En Pologne, le gouvernement reste officiellement accroché à la date de 2007 ou 2008. Mais la Banque centrale polonaise tente de calmer ses ardeurs.
D’autres pays seront probablement plus rapides. La Slovénie et les pays baltes avaient ramené dès 2002 leur déficit public sous la barre des 3 %, l’Estonie enregistrant même un excédent.
Les premiers pays à intégrer l’euro seront les pays baltes et la Slovénie, affirme Konrad Reuss, de l’agence de notation Standard & Poor’s. « Les autres suivront plus tard. »
Pour les retardataires, une convergence précipitée vers les critères de Maastricht serait dangereuse, estime Ivan Fabijancic, de la Erste Bank, première banque d’Europe centrale.
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